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Et si le krach mondial était une manœuvre délibérée ?

Trump, les bons du Trésor et la nouvelle guerre de l’épargne


Rédigé par le Samedi 5 Avril 2025



Par Adnane Benchakroun

La panique boursière qui a suivi le « Jour de la libération » proclamé par Donald Trump – cette journée du 2 avril 2025 où il a brutalement imposé des droits de douane massifs – a-t-elle été un accident de politique économique ou, au contraire, une opération tactique mûrement réfléchie ? Certains analystes commencent à évoquer une stratégie plus sournoise : pousser les Américains à fuir la Bourse pour placer leur argent dans les bons du Trésor, allégeant ainsi la pression sur le financement de la dette fédérale. Une hypothèse qui mérite d’être creusée.

 

​Une dette colossale, un besoin de refinancement urgent

Au cœur du raisonnement : la dette publique américaine. En 2025, celle-ci atteint un sommet historique, flirtant avec les 37 000 milliards de dollars. Le Congrès a beau s’agiter autour des plafonds d’endettement, la réalité est implacable : pour financer son déficit et ses plans de relance massifs, l’État fédéral a besoin d’acheteurs pour ses titres de dette, notamment les fameux « T-bonds ».

Or, ces derniers peinent à séduire dans un environnement de taux réels négatifs, de déficit budgétaire chronique et de désintérêt croissant des grandes puissances étrangères (comme la Chine ou le Japon) qui diversifient leurs réserves.

​Un krach comme incitation indirecte à l’investissement public ?

C’est ici qu’intervient la thèse audacieuse : en provoquant un choc boursier massif – via une annonce spectaculaire et volontairement désorganisatrice comme les tarifs douaniers généralisés –, Trump aurait sciemment créé un climat d’aversion au risque sur les marchés. Objectif caché : déclencher une fuite des capitaux de la sphère boursière vers les valeurs refuges, au premier rang desquelles… les bons du Trésor américain. Car malgré leur faible rendement, ceux-ci bénéficient d’une image de sécurité absolue, surtout en période d’instabilité.

Cette stratégie, selon certains experts, serait même discutée au sein de cercles proches du Trésor américain. L’idée ? Transformer la peur en opportunité. Rassurer ensuite les marchés avec des messages contrôlés, tout en dirigeant discrètement l’épargne nationale vers le financement public, indispensable au maintien de l’appareil d’État américain.

​Les grands patrons de la Tech en embuscade

Autre élément troublant : la relative modération des géants de la tech. Apple, Amazon, Google, Meta… tous ont vu leur capitalisation chuter drastiquement après le krach, mais leurs dirigeants n’ont pas condamné frontalement Trump. Pire : selon des sources internes, certains d’entre eux auraient discuté avec les conseillers du président pour obtenir des exonérations tarifaires ciblées, en échange d’un soutien tacite à la nouvelle orientation économique.

Ces mastodontes disposent d’importantes réserves de cash logées à l’étranger ou dans des actifs liquides. En coulisses, ils pourraient donc eux aussi profiter d’un environnement où les rendements des bons du Trésor augmentent légèrement grâce à l’afflux de capitaux, tout en récupérant des conditions préférentielles pour leurs approvisionnements.

​Une vision « trumpienne » de la souveraineté financière

Trump ne l’a jamais caché : il rêve d’un retour au nationalisme économique, à la souveraineté budgétaire et à une forme d’indépendance financière des États-Unis vis-à-vis de l’Asie. Son obsession : réduire la dépendance au financement étranger. En forçant les Américains à recentrer leur épargne sur les bons du Trésor, il affaiblit Wall Street… mais renforce Washington. C’est une logique de puissance, brutale mais cohérente dans sa vision.

U​ne manœuvre à haut risque

S’il est avéré que cette manœuvre a été intentionnelle, elle pourrait s’apparenter à un coup de poker géopolitique : sacrifier à court terme la stabilité des marchés pour réorienter l’économie vers une forme de discipline budgétaire forcée. Mais le pari est risqué : la confiance des investisseurs internationaux pourrait s’éroder durablement, la consommation intérieure pourrait ralentir, et les effets sur l’emploi seraient ravageurs en cas de récession prolongée.

Trump a-t-il fait craquer l’ordre financier mondial pour sauver les finances publiques américaines ? Ce n’est plus de la science-fiction. C’est peut-être, déjà, le nouveau visage de l’économie politique en 2025.





Samedi 5 Avril 2025

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