Poème en musique de Aziza Benkirane
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Aziza Benkirane
Qui fait de sa poubelle la cible du poète,
Je dédits cette éloge d’une pratique obsolète,
Qui pourrait inspirer ses mesures de politicien.
Tout ce que mes enfants, en douce, veulent jeter,
Pour remplir la poubelle de ce qu’il ne faut pas garder,
Moi, sous une bâche discrète, dans un coin du jardin,
J'entasse les cartons sans encre, et restes de calepins.
Papier kraft froissé, serviettes et mouchoirs usagées,
J'y mets aussi les peaux de fruits, épluchures de légumes,
Les bananes noircies, et les trognons abandonnés,
Filtres et sachets de thé, Marc de café bien tassé.
Les coquilles d’œufs broyées, et les épices périmés,
Restes de pain durci ou céréales infestées,
Les noyaux d'avocat, les épis de maïs flétris,
Fleurs fanées, brindilles, et feuilles mortes.
Herbe tondue, paille et excréments de poules,
Cheveux, poils, cendre de bois, et laines en boule,
Même les plumes légères ramassées en chemin,
Car là-dessous, dans l'ombre, la magie fait son œuvre.
Sous la bâche feutrée, les vers dansent leur ballet,
Petits laborieux qui remuent, aèrent, et compostent,
Séparant l’azote et le carbone, et ça sent si bon,
Car ils transforment tout cela en terre riche et fertile,
Qui nourrit les plantes, et nourrit l'avenir,
Et dans ce geste quotidien, humble mais certain,
Ce n'est plus de simples déchets, j’en perd la rime,
Mais bien une promesse de vie recyclée.
Ce poème interroge de manière ludique et décalée les sources d’inspiration du neveu du poète.
L’auteur se demande ce qui va capter son attention et alimenter ses réflexions ou ses chansons le lendemain. Ces objets, apparemment banals, deviennent des symboles de la créativité qui peut surgir de n’importe où, transformant l’ordinaire en matière poétique.
Le poème reflète à la fois une curiosité sur les mystères de l’inspiration et une prise de distance ironique vis-à-vis du processus artistique. Il invite le lecteur à réfléchir sur l’idée que tout peut être sujet à la création, sans hiérarchie entre ce qui est noble ou trivial.