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Du Rififi chez les zoghbus…!


Mohamed El Fayed, ancien technicien à l’institut agronomique, devenu docteur ès-sciences de l’alimentation par des voies impénétrables, que seul Dieu connaît, viré de l’INRA par un Aziz ministre de l’agriculture, mécontent qu’on puisse dire que dans un institut qui relève de ses compétences de l’époque il y’avait des énergumènes qui donnaient des conseils en médecine du corps et de l’esprit, sans en avoir le diplôme, devint un temps promoteur de poudres de perlimpinpin et autres conseils de soins abracadabrantesques sur les réseaux.



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Par Rachid Boufous

Il était très suivi dans la « poilosphère » par celles et ceux qui doutent de la vraie science et qui préfèrent les élucubrations de pseudo imams/médecins/scientifiques du dimanche, qui leur disent que boire du pipi de dromadaire ça fait partir les rhumatismes et autres sciatiques, sans en apporter la moindre preuve tangible. Pas grave, Abou Horaira était là pour être cité comme caution et souvent inventer le Hadith imparable au dessus de tous soupçons…

Il faut dire que les anciens musulmans qui voyageaient beaucoup avaient vu qu’en Inde on idolâtrait les vaches jusqu’à en boire l’urine qui auraient des vertus insondables. Mais comme ils n’avaient pas de vaches sous la main, ils optèrent pour le dromadaire, animal quasi divin en Arabie tout en inventant le hadith qui le permet. Mais revenons à notre prédicateur du jour : Mister Fayed et Docteur Jeckyl local…

Mal lui en a prit quand, faute de mourides qui commençaient à douter de sa « science », Fayed se mit sur le terrain glissant et mouvant de la religion, en fustigeant les écrits de Boukhari and Co et de remettre en cause pas mal de préceptes de l’islam, qu’il estimait sans fondements historiques ou véridiques. 

Les poils de ses clients d’hier, ne firent qu’un tour et ils l’attaquèrent, bille en tête, le taxant de tous les noms faisant de lui le nouveau grand mécréant à abattre. C’est pas correct les mecs ! Le gars était l’un des vôtres, il y’a pas si longtemps vous lui permettiez même de prêcher sa « science » dans les mosquées sans rien trouver à y redire. Maintenant qu’il vient vous concurrencer sur votre gagne-pain quotidien de la fatwa à l’emporte-pièce, vous l’ostracisez ! C’est pas un comportement de poilus qui se respectent ! 

C’est vrai que Fayed porte une moustache et une barbe de trois jours, mais ce n’est pas une raison pour le traiter d’imam juvénile ! 

Un poil reste un poil, qu’il ait deux jours ou deux ans…!

Bref, le pauvre Fayed se fait rétamer à longueur de journée par tous les tenants du dogme immuable et figé dans le temps depuis 15 siècles. Il faut dire qu’à FatwaLand, on ne badine pas avec la religion. Le libéralisme religieux a des limites…! Trop de laxisme risque de casser le business !

Alors tous y passent, de Nahari, l’hurluberlu d’Oujda qui adore crier à chaque fois qu’il lance une Fatwa, à Kazabri le reciteur du Coran, devenu imam à force de bien réciter, sans la science coranique qui va avec, en passant par le polygame de Tanger, Fizazi, qui change de femmes comme on change de slip et te vend de la fatwa comme d’autres des bocadillos : « Tu la veux avec ou sans sauce Boukhari, ta Fatwa ? »…!

Ceci, sans oublier inénarrable Yassine El Omari, le moufti autoproclamé, originaire d’El Jadida, qui possède une simple licence en français et qui est devenu du jour au lendemain un grand « Alem » avec une barbe à nettoyer le sol. Ou encore Hammad Kabbaj de Marrakech, qui excommunie tout le monde, du haut de sa chaise roulante…

Tous ces énergumènes se disent offensés dans leurs croyances par les propos de Fayed et se donnent le droit de défendre la foi collective, sans que personne ne leur en ai donné le mandat pour le faire. Il faut dire qu’en ce moment la parole religieuse est malmenée à tort et à travers par des gens qui n’ont aucune légitimité pour en parler. 

Il existe un conseil supérieur des oulémas au Maroc, seule autorité religieuse habilitée à prononcer des Fatwas, mais il est désespérément muet, laissant libre court à tous les discours en rapport avec la religion…

Que reprochent-ils donc à El Fayed, tous ces zoghbus ?

Juste de se mêler de choses dont il ne serait pas capable de parler. Ils se proclament les seuls détenteurs de la parole autorisée en religion. Pourtant ils ne sont ni docteurs de la foi ou Alems. Ils ont compris quelques sourates du Coran, tout au plus et gagnent leur vie en écrivant des Talismans et autres grigris aux faibles âmes qui les croient. Ah j’oubliais, ils excellent dans la « Roqia Chariiya », cette incantation susceptible de faire dégager les djinns des âmes qui seraient « habitées ». 

Normal, vu que selon une étude du conseil économique et social local, il y’aurait 48,9 % de la population âgée de 15 ans et plus, qui souffre ou qui a souffert de problèmes psychiques ou psychiatriques. Un pays de dingues que les psychiatres et psychologues peinent à soigner faute de moyens. Il n’y a que 2431 lits réservés aux patients concernés par ces maladies psychiatriques pour 454 médecins-psychiatres au Maroc. 

Les âmes torturées représentent donc un bon cheptel, qui échappe à la médecine moderne pour aller se réfugier dans les médecines occultes, avec l’aide bienveillante des Jnouns et autres diables qui finiront par faire grève un jour, vu le nombre de gens qui veulent les extirper de leurs corps grâce à ces « Raqis », grimés dans des combinaisons du type « SOS FANTÔMES »… !

Même quand un jeune imam comme Abdelwahab Rafiki, « Abou Hafs »  pour les intimes extrémistes, qui possède une science religieuse respectable, cherche à parler, on lui tombe dessus. Il faut dire qu’il faisait partie, naguère, de la Salafia Jihadiya, a fait de la prison et s’est repenti depuis, troquant la barbe et la gandoura afghane pour le costume cravate, pour faire plus « in » dans les salons rbatis où l’on surveille la « poilosphère » comme du lait sur le feu. 

On n’est jamais à l’abri d’une recrudescence de mouvements extrémistes ou de réveil de cellules terroristes, maintenues en hibernation par leurs donneurs d’ordre djihadistes…

À Rafiki, ses anciens potes ne lui ont pas pardonné d’avoir viré sa cuti et opté pour un islam moderne et ouvert sur le monde contemporain. A commencer par l’un des plus sectaire parmi eux, Hassan Kettani, pourtant originaire d’une lignée Idrisside très respectée au Maroc, qui, affublé d’un turban blanc de Mokhazni en faction sur la tête et muni de la barbe touffue de rigueur chez tous ceux qui veulent se donner un genre pieux en religion, tire quant à lui, sur tout ce qui bouge, même sur nous les Amazighs, à qui il reproche que l’on puisse parler notre dialecte sur la place publique, au détriment de la langue arabe… On était quand même là avant l’arrivée des frustes Arabes omeyyades… non ???

Kettani à lui aussi a fait de la prison après Mai 2003 et les attentats terroristes de Casablanca, car il haranguait les jeunes paumés des banlieues pauvres à cette époque, comme Rafiki d’ailleurs, mais cette case prison ne lui a apparement, servi à rien…. 

Depuis, il a repris ses diatribes anti-tout, mais tout en faisant attention à ne pas retourner en prison..!

Il y’a aussi les dingues de Tetouan, avec leur leader borgne, Omar Haddouchi, portant un turban noir d’obédience chiite sur la tête et la barbe de rigueur, savonnée au henné, adeptes de l’imam salafiste Boukhobza, aujourd’hui décédé et qui fut en son temps interdit de prêche dans les mosquées de la Jérusalem du nord du Maroc qu’est Tetouan…

Ces mecs constituent la quintessence de l’intolérance au bled, même s’ils sont tous en perte de vitesse, depuis que le printemps arabe a démontré la vacuité du discours religieux dans la gouvernance des affaires en société. 

La désillusion fut amèrement vécue avec les gouvernements d’obédience islamistes au Maroc autant qu’en Tunisie ou en Égypte, où il ne suffit pas d’être diplômé d’Al Azhar ou de maîtriser son Boukhari ou Abou Hourayra sur le bout des doigts de la main droite, pour diriger un pays moderne. 

Il faut avoir d’autres diplômes plus sérieux, de préférence d’Harvard, de Yale, du MIT ou de Polytechnique, pour y arriver et surtout maîtriser quelques langues vivantes pour pouvoir communiquer avec le monde, la maîtrise de l’arabe n’étant pas suffisante non plus. On l’a assez vu avec le gouvernement Benkirane et ses mourides du PJD et du MUR, diplômés en éjaculations précoces dans des Mercedes 240 diesel  …

Bref, le pauvre El Fayed, voulant sans doute la jouer au « Tanwiriste » ou éclaireur, ce mouvement né en Égypte avec Farag Foda et perpétué par Sayed Qimni, l’irakien Chahrour, le tunisien Talbi, l’algérien Arkoune ou plus proche de nous, Rachid Aylal, Ahmed Assid ou Hamed Abdessamad ; se prend un magistral râteau en pleine tronche et ne trouve personne pour le défendre…!

Tout ce climat délétère, prouve que la religion musulmane passe par un de ces moments où la raison se cherche une place dans un univers figé, depuis le 12eme siècle et la fin tragique de tous ceux qui osèrent l’ijtihad, le vrai, qui furent empalés par l’intolérance ambiante : Averroes, Al Hallaj, Avicennes, Al Farabi, Omar Khayyam, les Mouatazilites et tant d’autres savants musulmans, bien avant Copernic, Galilée ou l’inquisition…

La religion n’aime pas la raison, car elle pousse au doute et à la question. Elle préfère fermer leur gueule à tous les éclaireurs, quitte à les crucifier et à brûler leurs écrits, plutôt que d’écouter la contradiction et l’avis non conformiste. 
El Fayed n’a fait, après tout, qu’exprimer son point de vue. Que l’on soit d’accord ou pas avec lui, là n’est pas la question. Il faut respecter son avis et non l’invectiver de manière stérile, sans lui apporter une contradiction raisonnée et raisonnable, par des gens qualifiés pour le faire.

L’islam est une religion comme les autres et elle a besoin de débats et de discussions comme les autres religions. Décréter que notre religion est au dessus des autres et qu’elle n’a pas besoin d’être discutée est une erreur fondamentale. Sinon, on ne serait pas entrain de discuter aujourd’hui du statut de la femme et des libertés individuelles en cette terre d’Islam qu’est le Maroc.

D’ailleurs si on suivait la Chariaa à la lettre au Maroc, on devrait couper la main des voleurs et lapider les accusés d’adultère. Pourtant on ne le fait pas, et nous ne sommes pas moins musulmans pour autant !

Nous appartenons à un pays qui a fait le choix au 10eme siècle, de suivre le rite Malekite, un des plus orthodoxes en islam, et pourtant le Maroc est peut-être le pays le plus tolérant de tout le monde musulman et ses habitants s’insèrent avec intelligence et sans excès dans la modernité occidentale…

De la discussion jaillit la vérité et dans la liberté de parole émerge la grandeur des nations. 

En l’an 1145 de grands débats traversèrent les terres d’islam à propos de la religion. Une des célèbres controverses se déroula à Marrakech entre Ibn Toumert qui se disait « Mahdi » et les faquihs Almoravides. Ces derniers voulurent le crucifier après qu’il ait fait tomber la sœur du Sultan et cassé les instruments de Musique dans les souks de la medina de Marrakech, mais le Sultan Ali Ibn Youssef ben Tachafine, lui donna le droit de répondre de ses méfaits.

C’est cela la liberté de parole, garantie par les gouvernants. Et en ces temps médiévaux, le savoir religieux était vrai et sérieux, pas comme maintenant où le premier pèquenot qui se drape dans une djellaba rapiécée et multicolore, en se disant détenteur de la baraka, comme ce mec de Nador, chef de la confrérie Karkaria, se fait livrer des liasses d’argent par ses mourides, tout en leur racontant qu’il faut se défaire à son profit des biens matériels acquis sur terre, à coups d’incantations qu’il est le seul à comprendre. Et même ce gars, il faut lui permettre de s’exprimer, même s’il raconte n’importe quoi…

Nous vivons une époque magnifique où nous sommes, malgré nous, les spectateurs d’un grand Barnum où seuls les clowns de la religion se produisent. Quant aux vrais savants du texte sacré, cela fait belle lurette qu’ils ont quitté ce bas monde avec le Fquih Abdallah Guennoun, le Fquih Mekki Naciri, le Fquih Maaninou ou le plus emblématique parmi eux le Fquih Mokhtar Soussi… paix à leurs âmes sacrées…!

Quant à moi, je vais réécouter la magnifique mélopée souffie issue du poème du 11e me siècle d’« Al Mounfarija » d’Abou Al Fadl Ibn Nahoui, que Feu Hassan II adorait faire réciter lors des veillées religieuses, dont il avait le secret, et que chante merveilleusement bien notre Sinatra national, Abdelhadi Belkhayat, lui aussi tombé entre les mains d’une secte religieuse d’origine pakistanaise, le Tabligh, dont il est devenu le Tom Cruise local. À chacun sa Tariqa et à chacun sa croyance, tant qu’on ne touche pas à la liberté d’autrui…

Quant à la controverse d’El Fayed et de ses anciens potes, ce n’est qu’un inutile Rififi chez les zoghbus… 

Quelqu’un a dit un jour : « La théologie c’est l’intelligence de la foi mise à l’épreuve du temps… »
À méditer par tous …!

PS : le Zoghbu est un bipède doté d’une longue barbe et de très peu d’octets dans la cervelle… 

Rachid Boufous



Samedi 19 Août 2023


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