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Question : Qui a dit que « l’introduction de la darija dans les manuels scolaires est une anomalie inacceptable, anticonstitutionnelle », phrase adressée en question au chef du gouvernement, qui n’y a jamais répondu ? Réponse : celui-là même qui a introduit, dans une anomalie tout aussi inacceptable, les mots de « Biliki », « yghamqou », « dibechkhi » en plein débat parlementaire, sensé se dérouler en arabe classique. Son nom ? Driss Azami el Idrissi.
Qui est Driss Azami el Idrissi ? L’ancien ministre du Budget (2012-2016), l’actuel maire de Fès, député de Fès et président du Conseil national du PJD. Chimiste de formation, il a fini alchimiste des cumuls de mandats et de l’accumulation des mandats y afférents. Jusque-là, M. Azami el Idrissi était connu pour être un homme effacé au visage émacié, mais il a mangé du lion (bien évidemment halal) et le voilà aujourd’hui qui brandit son bâton de pèlerin et fonce tel un don Quichotte des temps modernes sur les moulinfluenceurs.
Mal lui en a pris… En s’attaquant aux influenceurs, exercice périlleux s’il en est, il a voulu favoriser le parler vrai mais il est devenu la risée de tous. Lui, le défenseur de la pureté de la langue arabe et de son inexpugnabilité, nous a asséné des leçons en darija avec des mots tantôt familiers, tantôt grossiers, plutôt orduriers. Puis, en vrai père la rigueur, il défend, énervé, les équilibres de la caisse de retraite parlementaire, criant que si elle est aujourd’hui en faillite, c’est parce qu’hier parlement et gouvernement n’ont pas fait leur travail. Mais qui était ministre du Budget cinq longues années durant ? Un certain lui-même.
Et en parlant beaucoup d’argent et de liquide, il en a oublié le bougre que le village de son enfance et dont il porte le nom, Ouled Azam, étaient jusqu’en 2016 sans eau potable ; les habitants avaient manifesté pour cela en septembre de cette année, mais à la décharge de M. Azami el idrissi, il était occupé ailleurs à être maire de Fès et à battre campagne pour en être député aussi. Le vulgum pecus peut bien boire l’eau du puits, non ?...
L’homme, en plus donc d’être député et maire, voulait prendre l’ascendant sur ses pairs au PJD en devenant leur chef. Il a failli le devenir. Las…Saâdeddine Elotmani fut le plus fort, le coiffant au poteau, et M. Azami el Idrissi a dû se contenter de la présidence du Conseil national comme lot de désolation qui le maintient dans son rôle de méchant de Série B.
Aujourd’hui, pour battre le populisme qu’il attribue aux influenceurs, il fait plus fort qu’eux en versant dans un autre populisme, celui de l’usage au parlement d’une darija version volontairement vulgaire, s’interrogeant sur leurs revenus et leur provenance. Pour information, un youtubeur est rémunéré par Youtube, en fonction de son audience, dans le monde entier.
Puis, chevauchant toujours sa Rossinante, fougue en bandoulière, M. Azami el Idrissi fait le lendemain de sa saillie parlementaire surjouée une déclaration à la presse où il pourfend encore ceux qu’il appelle les « influenceurs » en toussant qu’ils « veulent s’immiscer parmi les citoyens et les Facebookiens »… Ne sont-ils donc pas citoyens, ces gens-là, à votre avis, M. Azami el Idrissi ?
Longtemps terne et materné par son mentor Abdelilah Benkirane, le maire de Fès se veut et se voit aujourd’hui aussi féroce qu’un crocodile, qu’un « timsah » pour reprendre le mot de l’ancien chef du PJD et du gouvernement. Mais il reste inaudible car, ayant voulu briller, il n’aura finalement réussi qu’à se griller.
Publié le15 OCTOBRE 2020 par Aziz Boucetta sur www.panorapost.com