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Crise de l’autorité éducative au Maroc : une école en perte de repères


Au fil des années, le climat éducatif chez nous semble s’enliser dans une spirale inquiétante. Les actes de violence dirigés contre les femmes et les hommes de l’enseignement connaissent une recrudescence alarmante. Ce phénomène, bien loin d’être marginal, s’inscrit désormais comme une réalité persistante, témoignant d’une crise profonde des valeurs qui mine silencieusement les fondements de l’école et, au-delà, ceux de la société tout entière.



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Par Bouchikhi Marouane

Il ne s’agit plus, hélas, de cas isolés. De plus en plus nombreux sont les témoignages d’enseignants et d’enseignantes victimes d’agressions physiques ou verbales dans l’exercice de leurs fonctions. L’exemple tragique survenu à Arfoud en est une illustration dramatique : une formatrice au sein d’un institut de formation professionnelle a succombé à ses blessures après avoir été attaquée par un stagiaire, le dimanche 13 avril 2025. Ce crime odieux, perpétré dans un espace censé être dédié à l’apprentissage, a provoqué un véritable choc dans l’opinion publique. Il révèle, en creux, l’étendue d’un malaise systémique.


En effet, les établissements scolaires, autrefois perçus comme des sanctuaires du savoir et de l’éveil intellectuel, tendent de plus en plus à devenir des terrains d’affrontement. Cette transformation inquiétante nous contraint à interroger les racines du mal. À cet égard, quatre facteurs majeurs semblent interagir de manière étroite.


Tout d’abord, il convient de souligner l’effondrement progressif du statut symbolique de l’enseignant au sein de l’imaginaire collectif. Jadis figure respectée et incarnant l’autorité morale, l’éducateur est aujourd’hui relégué à une position fragile, minée par un déficit de reconnaissance. Cette perte d’aura s’explique, en partie, par l’érosion des valeurs éducatives transmiseses sein de la cellule familiale, désormais moins apte à jouer son rôle d’instance de socialisation morale.


Ensuite, force est de constater que certains discours institutionnels et médiatiques n’ont cessé de nourrir une perception négative du corps enseignant. En les tenant responsables des dysfonctionnements du système éducatif, ces narratifs biaisés ont contribué à délégitimer leur autorité, en fragilisant leur position dans l’espace public. D’autant plus que, ces derniers temps, la société dépouille l’enseignant de son pouvoir charismatique, ainsi que de son statut de modèle et de repère éclairant le chemin de nos enfants, en diffusant des anecdotes abjectes sur ceux qui gardent les clés d’un secteur noble, pourtant essentiel au bien-être de toute nation aspirant à devenir une puissance


Par ailleurs, le cadre juridique actuel se révèle inadapté face à la montée de cette violence. En l’absence de lois protectrices claires et de sanctions dissuasives, les agressions se multiplient, dans une impunité presque normalisée. Ce vide législatif envoie un message trouble, sinon permissif, encourageant la récidive.


Enfin, il serait vain de dissocier cette problématique de la crise globale que traverse l’école publique marocaine. Dévalorisée, fragilisée par des choix politiques souvent incohérents, l’institution scolaire est de plus en plus perçue comme une entité inefficace, incapable d’assurer son autorité ni de garantir la sécurité de ses acteurs.


Ainsi, la violence croissante envers les enseignants ne constitue pas seulement une série de faits divers. Elle est le symptôme d’un mal plus profond, celui d’un modèle éducatif en quête de sens, dans une société en mutation rapide. Face à cette urgence, une réflexion nationale s’impose pour réhabiliter la figure de l’enseignant, restaurer la mission éducative de la famille, responsabiliser les médias, et surtout, doter l’école d’un cadre protecteur digne de son rôle fondamental dans la construction du citoyen.
 

Rédigé par Bouchikhi Marouane
 




Lundi 14 Avril 2025

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