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Crise algérienne après la CAN : Belmadi, bouc émissaire d'un État en déclin


Rédigé par le Lundi 29 Janvier 2024

Après la sortie prématurée et déshonorante des Fennecs dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations, la junte militaire au pouvoir en Algérie a désigné Djamel Belmadi comme nouveau bouc émissaire de la nation. Le non-respect des accords contractuels et l'utilisation de méthodes intimidantes dignes de gangsters envers un entraîneur de football sont des signes révélateurs d'un État en déclin.



L'Algérie traverse une crise profonde depuis la décevante élimination de son équipe nationale dès le premier tour de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN), marquant ainsi la deuxième édition consécutive de ce triste parcours.

Initialement considérés parmi les favoris pour remporter le titre, les Fennecs ont quitté la compétition de manière prématurée, prolongeant ainsi une série de six matchs sans victoire à la CAN (4 nuls et 2 défaites). Leur dernière victoire remonte à la finale remportée en Égypte en 2019 contre le Sénégal.

Cette nouvelle humiliation s'inscrit dans une série impressionnante d'échecs et de déceptions qui touchent le pays ces dernières années, que ce soit sur les plans politique, économique, sportif ou social. Plus particulièrement, elle contrecarre les plans de la junte au pouvoir, qui espérait une performance positive en Côte d'Ivoire pour calmer la colère du peuple algérien. Au lieu d'une introspection, une vendetta contre le sélectionneur Djamel Belmadi est actuellement en cours.

Belmadi, âgé de 47 ans, avait pris les rênes de l'équipe en août 2018 et avait été acclamé pour avoir conduit l'Algérie au sommet du football africain en remportant la CAN 2019, lui valant le surnom de «ministre du bonheur» de la part des Algériens.

Actuellement, une campagne de diffamation vise à ternir sa réputation et à le forcer à quitter son poste sans indemnités. Pour atteindre cet objectif, le régime a utilisé des méthodes inappropriées pour un État.

Tout a débuté avec une dépêche de l'agence de presse publique algérienne (APS), annonçant que Belmadi avait démissionné dans les vestiaires après la défaite contre la Mauritanie. Cette annonce a été faite malgré l'absence de confirmation de Belmadi lui-même lors de la conférence de presse post-match. Plus tard, un tweet du président de la Fédération algérienne de football (FAF), Walid Sadi, a prétendu officialiser la démission dans le cadre d'un prétendu accord amical entre les deux parties.


Un acte étrange de la part d'un dirigeant de fédération qui, s'il existe réellement un accord, aurait dû le rendre public par le biais des canaux officiels de l'instance tels que le site web et les comptes officiels sur les réseaux sociaux, plutôt que sur son compte personnel X.

Cela s'apparente à une tentative de faire pression sur l'entraîneur pour le pousser à démissionner.

Face à l'absence de réaction de l'intéressé, les alliés du régime, dont le commentateur Hafid Derradji, et les médias sous influence gouvernementale ont unanimement accusé le coach de chantage et de manque de patriotisme. On l'a présenté comme une personne intéressée uniquement par le gain, qualifié de "Français vivant au Qatar" qui viderait les précieuses devises du Trésor public. Des allégations ont circulé selon lesquelles il aurait exigé du président de la FAF le versement intégral de ses indemnités jusqu'en 2026 (fin de son contrat) en échange de son départ, soit 7 millions d'euros.


Une campagne visant à ternir l'image de Belmadi a été orchestrée par le régime algérien pour dissuader l'entraîneur de revendiquer ses droits légitimes.

Bien que la demande de Djamel Belmadi pour ses indemnités contractuelles soit tout à fait justifiée, le régime algérien ne l'entend pas de cette oreille. Il a mobilisé ses médias pour intimider l'entraîneur et le dissuader de réclamer ce qui lui est dû.

Les tactiques de gangsters utilisées par le régime algérien contre Belmadi ne font pas consensus au sein de la population. Des voix se sont élevées pour demander le respect d'un entraîneur qui compte une Coupe d'Afrique des Nations à son palmarès. Cette affaire a pris une dimension telle qu'elle est en passe de devenir un enjeu national divisant la société algérienne.

D'un côté, le régime cherche à échapper à ses obligations contractuelles par des méthodes douteuses, tandis que de l'autre, de larges portions de la population expriment leur dégoût face au lynchage d'un homme qui mérite le respect.

CAN 2023, Djamel Belmadi, Algérie, FAF, Hafid Derradji






Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Lundi 29 Janvier 2024

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