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La France reconfine, le Royaume-Uni reconfine, la Belgique a reconfiné, Allemagne et Espagne sont sous couvre-feu et l’Amérique se meurt pour n’avoir rien fait… Le virus est revenu, plus virulent qu’au printemps, et les chiffres des contaminations explosent. Face à cela, les gouvernements ont hésité, procrastiné, puis prennent finalement et successivement l’inévitable décision de limiter les déplacements des populations. Et chez nous ?
Chez nous, comme d’habitude, rien, pas un mot, en dehors de luttes intestines au gouvernement et au sein de la majorité. Le Covid-19, c’est une maladie, mais nos responsables politiques n’en font pas pour autant une maladie, ils sont politiques. Alors entre danger viral et quotient électoral, le choix est vite fait. Et puisque personne ne veut nous causer, il ne nous reste plus qu’à poser les arguments des autres, qui s’appliquent à nous.
D’abord, et en premier lieu, qui croit encore à la litanie des chiffres de 18 heures du ministère de la Santé ? Avec une vingtaine de milliers de tests par jour, nous restons bien en deçà du volume quotidien requis pour avoir une idée un tant soit peu parlante de l’avancée de la pandémie. Emmanuel Macron dit que les tests en France montrent 50.000 nouvelles contaminations par jour, « sans doute en réalité le double ». Alors, si on augmente le nombre de tests quotidiens et qu’on double le chiffre obtenu, on peut imaginer l’étendue de la catastrophe qui nous guette, car les 35% d’occupation de nos lits Covid est un chiffre dont même un enfant douterait ! Aujourd’hui, chacun d’entre nous sent le fléau se rapprocher, car chacun d’entre nous connaît des malades, proches, parents, amis, collègues…
Si tous ces pays ont re-confiné, leurs dirigeants doivent avoir de bonnes raisons. Et comme les nôtres dirigeants ne sont pas très portés sur le verbe, nous pouvons penser, nous, simples citoyens, que ce qui s’applique chez les autres peut être transposé chez nous. L’équilibre entre économie et santé retrouve sa logique première du printemps : il faut sauver les gens car l’économie, on l’oublie parfois, ce sont d’abord les individus et quand la mort rôde, l’action humaine et économique s’érode.
Alors, et puisqu’une société, c’est un peu la Nature et que ça a donc horreur du vide, on meuble le bide désormais proverbial de nos dirigeants par la rumeur. « On confinera lundi », dit-on ici, là, ailleurs, partout. Puis, dimanche 1er novembre, le texte d’un communiqué paraissant on ne peut plus officiel de M. Elotmani est publié*, obligeant ce dernier à démentir en catastrophe, mettant en ligne un communiqué, très officiel celui-là, mais non signé. En plus de la mutité, la fébrilité.
Il faut le dire clairement. Messieurs nos gouvernants, quand daignerez-vous enfin nous parler ? Vous pataugez, cela infuse, se voit, se ressent et se sent, mais essayez quand même de montrer le contraire, de faire semblant ! Il y va de notre santé avec le Covid, de notre vie avec votre système de santé, de nos revenus avec vos décisions, de notre liberté avec votre dérision !
N’avoir rien fait de tangible ces décennies entières, hier, pour ne rien dire de crédible et d’audible des semaines durant, aujourd’hui, voilà où on en est daba avec nos gouvernants. Et ce n’est pas agréable. Ce n’est plus l’indifférence qui tue à petits coups aujourd’hui, mais l’incertitude. Pourquoi ne teste-t-on pas plus ? Quelle est l’exacte situation d’occupation des lits Covid ? Que prévoit-on dans les jours à venir ? La situation est-elle réellement maîtrisée ? Pourquoi la communication est-elle si méprisée ?
La crise Covid est d’abord sanitaire, ensuite économique, et donc sociale, et, enfin, elle est de nature lourdement psychologique. Ainsi, le ressenti est-il aussi important, sinon plus, que les actions menées, car on ne peut imposer davantage de stress à une population déjà en détresse, qui s’inquiète pour ses enfants, qui angoisse pour ses revenus, qui déprime face à un avenir en berne.
Parlez-nous, dites quelque chose, faites réagir quelqu’un. Les Marocains ont un potentiel de patience renouvelable, mais il lui faut de l’énergie pour l’activer. Et cette énergie porte un nom : l’espoir. Il appartient à nos dirigeants de nous l’imprimer, car étant dans un monde ouvert, nous voyons bien ce qui se produit sous d’autres cieux, pendant que notre gouvernement reste dramatiquement silencieux.
Publié par Aziz Boucetta le 02 NOVEMBRE 2020 sur www.Panorapost.com