Naturellement, les très nombreuses expressions de solidarité et d'amitiés dont font preuve beaucoup de citoyens français, à titre individuel ou collectif, à l'égard du Maroc et plus spécifiquement des victimes du terrible séisme qui a endeuillé notre pays, sont remarquables et témoignent de la force des liens qui les unissent au Royaume. Ces marques de soutien s'inscrivent dans un vaste élan de sympathie mondial à l'endroit du Maroc et de ses populations meurtris, martyrs de l'implacable loi de la nature. 

Cependant, si l'émotion sincère suscitée en France, comme ailleurs dans le Monde, est incontestablement forte, elle n'offre à ce pays ni sauf-conduit ni blanc-seing. Dans le même esprit, elle n'impose au Maroc aucune forme d'obligation morale, politique ou diplomatique vis-à-vis des autorités de ce pays, alors qu'il est, grâce à l'ensemble de ses forces vives, activement engagé à tous les niveaux pour faire face aux terribles conséquences de ce tremblement de terre. 

L'émotion, la solidarité, la sympathie ainsi que les liens unissant deux nations ne suffisent pas, même après une telle catastrophe, à s'arroger un quelconque droit immédiat d'agir et un droit immédiat d'intervenir, sans nullement prendre en considération la réalité des besoins identifiés par le Royaume sur le terrain à l'instant T, ou les risques de chaos engendrés par une aide étrangère non coordonnée, comme les expériences récentes dans pareille situation ont pu immanquablement l'illustrer. 

Penser le contraire, comme de nombreux médias français semblent implicitement ou plus directement le suggérer, est condescendant, insidieux et non respectueux ; d'abord du principe de souveraineté nationale, ensuite de la souffrance de l'ensemble d'un pays engendrée par un drame d'une telle ampleur, et enfin de sa propre capacité à agir. L'heure n'est pas aux polémiques stériles et contre-productives. L’heure n’est pas non plus au cynisme, à la caricature ou aux faux procès. Ceux, dans les médias français, qui voient dans ce drame humain, qui a touché notre pays en son cœur, l’occasion de régler leurs comptes avec le Maroc ne feront que susciter davantage le mépris d’une population, qui, comme ailleurs sur notre continent, s’éloigne inlassablement de la France. 

Plus grave encore, il serait indécent, voire immoral, au moment où beaucoup de Français, de France comme du Maroc, expriment leur solidarité avec notre pays, qui souffre dans sa chair alors même qu'il n'a pas fini d'extraire de nombreuses victimes des décombres, de tenter de faire du séisme d'Al Haouz un quelconque enjeu de politique intérieure française. Dans le même ordre d'idées, il serait parfaitement illusoire et totalement vain d'imaginer un seul instant que certains médias français auraient la capacité de faire pression sur le Royaume. Le Maroc fera appel à l'aide de la France, ou de tout autre pays, au moment où il jugera de l'utilité, de la pertinence, de la nécessité, mais surtout de l'efficacité d'une telle démarche. 

Le Maroc, plus encore alors qu'il est confronté aux graves conséquences d'un tel séisme, ne changera pas ses habitudes. Face à la surenchère, le Royaume fera toujours le choix de l'efficacité. On ne lui impose ni agenda relevant d'un impératif médiatique immédiat qui ne lui est pas propre ni devoir d'agir obéissant à un dessein politique qui n'est pas le sien. Que certains se le disent une bonne fois pour toutes, le Royaume, comme d'ailleurs de nombreux pays frères africains, ne souffre nullement du "syndrome de l'assisté", dont le supposé salut ne saurait être exclusivement tributaire que de l'action de "gentils missionnaires". 

Il va de soi qu'aucun pays au Monde ne saurait faire face seul à une catastrophe naturelle de cette ampleur. L'aide et la coopération internationale, qui doivent s'inscrire dans le temps long, sont primordiales. Comme par le passé, en temps de crise majeure et de difficultés, le Maroc, guidé par son Souverain, répond présent en faisant d'abord appel à ses propres institutions et à la solidarité nationale, dont les déterminants sont propres à ses citoyens et à la résilience qui les caractérise. Le concours vertueux de pays amis et d'organisations internationales viendra, en temps et en heure, se greffer naturellement selon l'évolution progressive, inscrite dans la durée, des besoins identifiés et exprimés par le Royaume. 

En attendant le soutien institutionnel et coordonné de tel ou tel pays, il est bien entendu possible pour toute personne à l'étranger d'accompagner les efforts du Maroc et d'aider ses populations sinistrées à travers des dons aux ONG internationales présentes au Maroc, aux associations nationales ou au fonds spécial créé par la Banque du Maroc. 

Brahim FASSI FIHRI