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Par Naim Kamal
Un lourd alias
Rien que l’alias de celui par qui le scandale est arrivé, Escobar du Sahara, en dit long sur l’ampleur du réseau. Il renvoie au Colombien dont les péripéties criminelles ont mobilisé pas moins que les Etats Unis d’Amérique qui ont poussé le gouvernement colombien à sévir, fournissant formation, renseignements et soutien logistique, où des agences telles que la DEA (Drug Enforcement Administration) ont joué le rôle principal.
L’Escobar local, mi-malien mi-marocain, n’a certainement pas atteint ce gabarit, mais on peut imaginer que comme celui dont on lui a accolé le surnom, il inspirera, à l’échelle qui est la sienne, films, séries télévisées et documentaires. Il n’en reste pas moins un fait divers, de grande ampleur, mais un fait divers.
Il n’aurait pas pris cette dimension n’eut été que, parmi ses têtes d’affiche, on retrouve des figures des affaires, de la politique et du sport dans des associations qui ne sont pas des moindres : le PAM, deuxième parti du gouvernement, et le Wydad, équipe historique et l’un des grands emblèmes du football marocain.
Beaucoup, ici comme ailleurs, vont chevaucher cette triste relation pour alimenter la rengaine de ‘’tous pourris’’, ou, pour les autres, leur rabâchage du ‘’Maroc plaque tournante du trafic des drogues’’. A ceux-là, il leur importera peu que la justice et les services de sécurité marocains sévissent sans tenir compte de ce qu’en dira-t-on. Inlassablement, ils poursuivront leur cabale.
Une implication courante
Dans cette affaire, il est vraiment regrettable et dommageable qu’un grand club comme le Wydad se retrouve à son insu dans cette tourmente. Il y survivra pour ses supporters et, pourquoi pas, pour ses ultras. Il faut tout faire pour qu’il en soit ainsi.
Au volet politique, le PAM, dans un communiqué, a pris ses distances avec les prévenus qui ont cherché en lui une couverture et un certificat d’honorabilité. A ce stade, il ne pouvait faire plus sans nuire au sacro-saint principe de la présomption d’innocence.
Il n’est ni le premier, ni sans doute et malheureusement le dernier parti, dans lequel des êtres, pour ainsi dire peu recommandables, ont cherché la feuille de vigne pour dissimuler leur vertu variolée. Et dans ce registre, les chasseurs d’opportunités et de label de fréquentablité ne se limitent pas aux trafiquants de drogue.
Il y a comme ça des gens, toutes malversations confondues, doués pour salir tout ce qu’ils touchent.
Il faut juste espérer que cette affaire, de par ses dimensions et ses résonnances, sonnera le réveil pour un travail de fond en vue de rendre à la politique son honneur. Sans pour autant verser dans l’ingénuité. Car il y bel et bien un assainissement à mener en profondeur dans les comportements et le paysage politique.
Il est vrai qu’un parti politique n’a jamais été une assemblée de bons samaritains ou une association de philanthropes. C’est souvent un groupement de ‘’tueurs’’ où la sélection naturelle est sans pitié.
Mais un parti, reste dans son essence un regroupement d’intérêts divers qui trouvent sens dans l’action collective, une marche en formation qui promeut et légitime a priori l’ambition personnelle tant qu’elle se met, en principe, au service d’un projet de société. Il récuse, en théorie, non pas l’intérêt individuel, mais la rapacité, le contournement des règles, le détournement des missions constitutionnelles des formations politiques et la corruption des lois. Est-ce toujours et partout de rigueur ?
Rédigé par Naim Kamal sur Quid