Par Anass ERRADI Consultant en intelligence stratégique
A cet effet, il convient de revenir sur l’atelier d’examen de l’Accord des Etats hôtes par la CEDEAO en octobre dernier, un événement emblématique de l’implication de cette Communauté Economique Régionale dans cette affaire.
Cependant, il serait également crucial de s’interpeler sur les enjeux de la ZLECAf s’articulant autour de ce mégaprojet.
Désireux de fournir du gaz aux 13 pays traversés, y compris les États enclavés comme le Niger et le Mali, et faciliter l'intégration économique et l'accès à l'énergie pour 400 millions de personnes, le pipeline, étant d’une longueur de 6 000 kilomètres et d’une capacité de 30 milliards de mètres cubes par an. Ce mégaprojet se chiffrant à 25 milliards de dollars permettrait également une coopération eurafricaine dans le domaine de l’énergie.
Le projet du pipeline, lancé en 2016 par SM le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste, et l’ancien chef d’Etat nigérian, repris ipso-facto par son successeur, est une préoccupation majeure pour la CEDEAO. Ce dit atelier régional avait pour but de rassembler les représentants des pays hôtes du projet pour discuter et valider les termes de l'Accord des États Hôtes. Cet accord est crucial du fait qu’il définit les responsabilités des États traversés par le gazoduc, les conditions de transit, ainsi que les aspects financiers et réglementaires.
Valider cet accord est de-facto une étape essentielle pour garantir la coordination et la coopération entre les pays impliqués, et pour avancer vers la réalisation concrète du projet. La réalisation du gazoduc Nigéria-Maroc est perçue comme une initiative transformative pour l'intégration régionale et la coopération économique en Afrique de l'Ouest. En facilitant le transport du gaz naturel, le projet devrait renforcer la sécurité énergétique, attirer des investissements, et stimuler le développement des infrastructures.
L’intérêt suscité par la CEDEAO quant au pipeline s’articule autour de 3 grands axes à savoir en premier le renforcement des relations intra-régionales dans la mesure où ce projet de gazoduc représente une opportunité remarquable ayant pour portée stratégique le raffermissement des relations entre les pays membres. En facilitant le transit de gaz naturel à travers plusieurs nations ouest-africaines, le projet encourage une coopération étroite et mutuellement bénéfique. Cette infrastructure partagée nécessite une collaboration constante, permettant ainsi aux pays membres de tisser des liens plus solides et d'améliorer la stabilité régionale.
Un second axe se consacre à énumérer les principales opportunités économiques pour les pays membres notamment la création d'emplois directs et indirects, le développement d'infrastructures locales, et l'attraction d'investissements étrangers. En outre, l'accès à une source d'énergie fiable et abordable stimulera l'industrialisation, la production locale et la compétitivité économique des États membres, soit une mobilisation vouée à une croissance économique plus soutenue et une réduction des inégalités économiques au sein de la région.
Un troisième et dernier axe traite de la question de l’impact sur la coopération énergétique régionale dans la mesure où le gazoduc Nigéria-Maroc joue un rôle crucial dans la coopération énergétique régionale. Ainsi, en permettant la circulation du gaz naturel entre les pays ouest-africains, le projet contribue à la sécurité énergétique collective et à la diversification des sources d'approvisionnement en énergie. Les pays membres peuvent ainsi bénéficier d'une énergie plus stable et à moindre coût.
Alors que la CEDEAO joue un rôle central dans la facilitation de la coopération régionale et dans le développement d'infrastructures stratégiques telles que le gazoduc, La ZLECAf se veut une plateforme pour harmoniser les politiques commerciales et énergétiques à l'échelle continentale, renforçant ainsi la cohésion et la compétitivité globale de l'Afrique.
Le projet de gazoduc s'inscrit parfaitement dans les objectifs de la ZLECAf en facilitant les échanges énergétiques, en stimulant le développement industriel et en créant des opportunités économiques dans les pays traversés. Ainsi, un premier enjeu consiste à vanter l’ampleur de la contribution dudit projet à propulser l’intégration continentale en reliant plusieurs nations ouest-africaines à travers une infrastructure énergétique inédite et en encourageant la collaboration et la complémentarité entre les économies africaines.
Le fait de traiter la question du développement des infrastructures et la facilitation des échanges comme deuxième enjeu pour la ZLECAf renvoie directement à rappeler et évaluer l’importance des infrastructures (en l’occurrence logistiques) actuelles et le potentiel soutien qu’elles puissent apporter à l’accélération de la construction du gazoduc. Toutefois, l’avantage sous-jacent promis par l’installation de ce gazoduc est d’une grande importance pour la zone CEDEAO dans la mesure où l’on peut s’attendre avec toute légitimité à une amélioration et un perfectionnement des infrastructures en général et énergétiques en particulier.
Enfin, le gazoduc s'inscrit parfaitement dans les objectifs de la ZLECAf promettant ainsi la libre circulation de l'énergie, un élément clé pour le développement industriel et économique. En fournissant une source d'énergie stable et abordable, le pipeline permet aux industries locales de prospérer, réduisant ainsi la dépendance aux importations extérieures. De plus, en facilitant les investissements dans les infrastructures énergétiques, le projet contribue à renforcer les capacités de production et de distribution d'énergie à travers le continent, soutenant ainsi les initiatives de la ZLECAf pour une Afrique plus intégrée et autosuffisante.
Toutefois, ce mégaprojet n’est pas sans risque, Défis techniques et financiers
La construction du gazoduc Nigéria-Maroc présente des défis techniques majeurs, notamment la complexité de poser un gazoduc sous-marin sur une distance de 6 000 kilomètres. Cela nécessite une technologie avancée et des compétences spécialisées. En outre, les coûts élevés associés à un tel projet, estimés à environ 25 milliards de dollars, représentent un obstacle financier important. La mobilisation de ces fonds nécessite des investissements substantiels de la part des gouvernements, des institutions financières internationales et des investisseurs privés.
Problèmes politiques et sécuritaires
Le projet doit naviguer à travers un paysage politique complexe. La stabilité politique des pays traversés est essentielle pour la réalisation du gazoduc. En outre, des problèmes de sécurité, tels que les conflits régionaux et le terrorisme, peuvent poser des menaces supplémentaires. Les gouvernements des pays impliqués doivent coopérer étroitement pour garantir la sécurité du projet et surmonter les défis politiques.
Gestion des impacts environnementaux
La construction et l'exploitation du gazoduc doivent être menées de manière à minimiser les impacts environnementaux. Cela inclut la protection des écosystèmes marins et terrestres, la gestion des déchets et des émissions, et l'engagement des communautés locales pour assurer que leurs préoccupations environnementales soient prises en compte. Des études d'impact environnemental rigoureuses et des plans de gestion environnementale sont nécessaires pour atténuer ces impacts.
Débat - Podcast : les chroniqueurs de la Web Radio débattent des idées contenues dans cet article à travers ces questions :
Comment le projet affecte-t-il la coopération énergétique et économique ?
Quels défis politiques, économiques et environnementaux existent ?