Poème en vers en en musique de Adnane Benchakroun
Pour ceux qui aiment encore lire : Poème de Adnane Benchakroun
Je flânais dans ce temple de la consommation,
Le Plaza Mayor, royaume des biens vantés,
Où l’or du marché brille de mille tentations.
Ma femme, absorbée par les vitrines sans fin,
Se perdait dans un océan de désirs en fête,
Moi, cherchant un instant de calme et de vin,
Je m’assis à un café, sous l’ombre discrète.
Là, je vis, à ma grande et vive surprise,
Un homme vêtu d’un habit d’un autre temps,
Il feuilletait un journal, la mine exquise,
Tel un penseur égaré dans ce siècle mouvant.
« Adam Smith ? » murmurai-je, l’âme troublée,
Il leva les yeux, un sourire en partage,
« C’est bien moi, ami, à travers les âges projeté,
Observant ici les fruits de mon héritage. »
Je m’assis à ses côtés, intrigué par ce sort,
« Que fais-tu ici, dans ce lieu de commerce ? »
Il sourit, désignant le marché qui dévore,
« Voilà l’âme de mes écrits, une scène à l’inverse. »
« La main invisible danse ici sans relâche,
Chaque consommateur cherche à satisfaire ses envies,
Créant une économie qui jamais ne se fâche,
Un flux incessant de demandes infinies. »
Je hochai la tête, pensant aux maux du présent,
« Mais ce modèle, Smith, est-il toujours juste ?
La surconsommation, l’inégalité, sont des vents,
Qui soufflent sur ce monde, jusqu’à le rendre injuste. »
Il réfléchit, son regard sur les foules,
« En vérité, j’ai peut-être sous-estimé le poids,
Des externalités que le marché seul déroule,
L’impact sur la terre, sur l’homme, sur sa foi. »
« Si je devais réviser mes théories passées,
J’introduirais la responsabilité partagée,
Une régulation qui saurait tempérer,
Les ardeurs d’un marché qui peut tout emporter. »
Entre deux gorgées de café, nous vîmes,
Les serveurs, ces acteurs discrets mais cruciaux,
« Voyez », dit-il, « comme ils animent le fil,
De cette chaîne invisible, ce lien si précieux. »
Je souris, admirant sa sagacité,
« Vous les voyez comme des rouages vitaux ? »
« En effet », dit-il, « chaque geste est une clé,
Dans le grand mécanisme qui fait tourner le monde haut. »
Ainsi, nous passâmes l’après-midi à parler,
À explorer les recoins du capitalisme,
Et tandis que nos femmes revenaient, sourire épuisé,
Je compris que Smith avait vu au-delà de son temps, l’altruisme.
Dans ce poème, le narrateur rencontre Adam Smith dans un café moderne, où ils discutent des théories économiques du penseur écossais.
Les serveurs, symboles des rouages invisibles mais essentiels de l’économie, illustrent l’importance des contributions individuelles dans le système global. Cette rencontre imaginaire se termine par une réflexion sur l’évolution des idées de Smith, qui perçoit désormais la nécessité d'une dimension altruiste dans l’économie moderne, au-delà de la simple poursuite de l’intérêt personnel.