Rien ne suscite autant d'enthousiasme et d'euphorie chez eux que le football. Seul le football est capable de les rendre heureux de cette manière. Cette effervescence collective a commencé lors de la Coupe du Monde au Qatar et s'est poursuivie avec la victoire de prestige des Lions de l'Atlas sur le Brésil (2-1) lors d'un match amical.

Alors que les Marocains étaient plongés dans le découragement en raison d'une inflation persistante qui a considérablement réduit leur pouvoir d'achat, c'est le football qui nous a apporté du bonheur.

Cependant, le football peut aussi, malheureusement, être la source de drames. Nora, âgée de 29 ans, n'aurait jamais pu imaginer qu'elle perdrait la vie près d'un stade, piétinée lors d'un mouvement de foule. Cela s'est produit lors du match retour des quarts de finale de la Ligue des champions de la Coupe d'Afrique de football (CAF) opposant l'équipe marocaine du Raja à l'équipe égyptienne d'Al Ahly. Le 29 avril, tragiquement, Nora a perdu la vie sans avoir pu voir son équipe jouer, au nom du football.

Est-ce dû à des problèmes d'organisation lors de ce match ? Un manque de rigueur ? Des problèmes de sécurité ? Ou bien une intervention excessive des forces de l'ordre ? L'enquête est en cours pour déterminer les responsabilités dans ce drame et, en honneur à la mémoire de Nora, il est essentiel d'espérer que les responsabilités seront pleinement établies.

Néanmoins, aurait-il été possible d'éviter cette tragédie ? Il est tout à fait possible. Que ce soit dans le football amateur, la Botola Pro, les compétitions continentales ou les tournois internationaux organisés sur le sol marocain, tous doivent répondre aux mêmes normes d'organisation et de sécurité. C'est ainsi que l'on peut prévenir des événements tels que ceux survenus la semaine dernière aux abords du complexe sportif Mohammed V de Casablanca.

Indéniablement, le Maroc a acquis une expérience certaine dans l'organisation d'événements sportifs internationaux, presque sans rencontrer d'incidents majeurs. Le président de la Fédération royale marocaine de football se félicite régulièrement de ces réussites. Cela a été une nouvelle fois souligné le vendredi 5 mai, lors de sa déclaration à la presse à l'issue du tirage au sort de la CAN U23. Fouzi Lekjaa affirmait que la tenue de cette compétition continentale au Maroc «est une preuve supplémentaire de la capacité du Royaume à organiser des événements sportifs de grande ampleur». C’était le cas notamment avec la Coupe du monde des clubs 2023 accueillie par le Royaume, et qui était une parfaite réussite.

Cependant, les incidents survenus lors du match entre le Raja et Al Ahly, ainsi que les violences récurrentes dans les stades lors des matchs de la Botola Pro D1, remettent en question cette capacité à gérer certains événements footballistiques. Est-il acceptable que chaque fois que le complexe Mohammed V accueille un match de football, les riverains vivent dans la peur et soient contraints de se cloîtrer chez eux ? Est-il normal que les biens publics et les voitures des particuliers soient systématiquement endommagés à la fin des matchs par des supporters mécontents ?

La question de la violence dans les stades est actuellement une problématique réelle à laquelle le Maroc doit faire face de manière impérative. Il en va de l'image du Royaume à l'étranger.

N'oublions jamais une chose essentielle : nos ennemis nous observent, scrutent nos faiblesses et se délectent cyniquement de révéler nos défaillances. Ils seraient ravis de voir les ambitions du Maroc d'organiser d'autres compétitions internationales, telles que la CAN 2025 ou la Coupe du Monde 2030 aux côtés de l'Espagne et du Portugal, se solder par un échec. Ne leur offrons pas cette opportunité.


Salma LABTAR