Ces derniers jours, l’arrêt de la centrale Noor 3 a suscité une avalanche de commentaires alarmistes, laissant entendre que cette mise à l’arrêt compromettrait la transition énergétique du Maroc, mettrait en péril les investissements liés à l’hydrogène vert et affecterait la sécurité énergétique du pays. Pourtant, une analyse rationnelle et factuelle de la situation s’impose : il n’y a pas lieu de dramatiser.

Noor 3, avec sa capacité de 150 MW en technologie de concentration solaire (CSP), représente environ 1,25 % de la puissance électrique installée du Maroc en 2023. Son arrêt, bien que regrettable, n’a pas de conséquence structurelle sur l’approvisionnement énergétique du pays. À titre de comparaison, en 2021, lorsque le Maroc a perdu plus de 800 MW suite à l’arrêt du gazoduc algérien — soit près de 11,5 % de la capacité installée à l’époque — aucune rupture d’approvisionnement n’a été constatée. L’ONEE a su gérer cette situation avec brio, sans délestage, garantissant la continuité des services industriels et des transports.

L’arrêt temporaire de Noor 3 s’inscrit donc dans un contexte où le réseau électrique marocain a prouvé sa résilience face à des défis bien plus complexes. La modernisation continue des infrastructures énergétiques du pays, couplée à une diversification croissante du mix énergétique, permet de compenser efficacement cette perte de capacité.

L’un des arguments les plus souvent avancés est que l’arrêt de Noor 3 mettrait en péril les ambitions du Maroc en matière d’hydrogène vert. Cet argument ne repose sur aucun fondement technique ni économique. En effet, les projets d’hydrogène vert ne dépendent pas de Noor 3, mais de sources d’énergie renouvelable dédiées, dont les capacités dépasseront largement celle de la centrale CSP.

D’ailleurs, la transition énergétique du Maroc repose sur une stratégie bien plus vaste, incluant un développement massif de l’éolien, du solaire photovoltaïque et de l’hydroélectricité. L’essor de l’hydrogène vert est lui-même conditionné par des projets à grande échelle, conçus spécifiquement pour alimenter ce secteur avec une production énergétique indépendante.

La manière dont cet arrêt a été présenté dans certains cercles médiatiques et politiques relève davantage d’une propagande exagérée que d’une analyse rationnelle. Extrapoler cet événement isolé pour prédire une crise énergétique relève d’un sensationnalisme déconnecté des réalités du secteur.

Le Maroc dispose d’un réseau électrique de plus en plus robuste et adaptable, capable d’intégrer de nouvelles capacités de production et d’absorber des variations conjoncturelles sans compromettre la stabilité du système. Les investissements dans les infrastructures électriques continuent d’augmenter, renforçant ainsi la sécurité énergétique du pays.

L’arrêt de Noor 3 ne constitue ni une crise nationale, ni un frein à la transition énergétique, encore moins une menace pour l’attractivité des investissements étrangers. Le Maroc a déjà géré des situations bien plus complexes avec succès et continue de renforcer son modèle énergétique. Plutôt que de céder à l’alarmisme, il est plus pertinent d’adopter une lecture lucide des faits : le Royaume poursuit son chemin vers un avenir énergétique durable, avec ou sans Noor 3.