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Par Khaled Hamadé
Un Pays Fragilisé et dépendant des développements Syriens La situation au Liban, déjà fragile, s'est aggravée après la chute d’Assad. Le pays, sortant d'une guerre dévastatrice avec Israël, fait face à une situation économique catastrophique, une instabilité politique persistante, et une absence de président depuis plus de trois ans. Le Hezbollah, principal acteur militaire et politique du pays, se retrouve confronté à une recomposition des relations régionales, notamment en raison de la nouvelle dynamique en Syrie. Certains acteurs libanais espèrent que le vide à Damas pourrait offrir une opportunité pour affaiblir le Hezbollah, en utilisant la reconstruction de la Syrie comme levier pour limiter l’influence iranienne dans la région. L'absence de lien direct entre l'Iran et le Liban, du fait de la chute du régime syrien, représente un défi majeur pour le groupe. Plus de 1,5 million de réfugiés syriens vivent actuellement au Liban, représentant environ 30 % de la population. Le taux de chômage au Liban a doublé, atteignant près de 25 % au cours de l’année dernière.
La Jordanie
Une Pression Démographique et une Crainte de Nouveaux Déplacements Un mois après la chute d'Assad, la Jordanie fait face à une pression démographique croissante. Avec l'accueil de plus d'un million de réfugiés syriens, le pays, déjà confronté à une situation économique difficile, voit ses ressources et infrastructures mises à rude épreuve. L'angoisse des autorités jordaniennes est désormais dirigée vers un éventuel exode des Palestiniens de Cisjordanie, ce qui pourrait exacerber les tensions internes et sociales. Dans le sud du pays, notamment à Deraa, Ahmad al-Awda, un ancien leader rebelle, a consolidé son influence grâce à son soutien des Émirats et de l'Arabie Saoudite. Cela marque un virage dans la politique jordanienne, qui cherche à maintenir la stabilité tout en naviguant entre les intérêts de ses alliés et la gestion des défis intérieurs. La Jordanie abrite environ 1,3 million de réfugiés syriens, soit près de 15 % de la population totale. La dette publique jordanienne a dépassé les 100 % du PIB en 2024, plaçant une pression énorme sur les finances de l'État.
L'Irak
Divisions Internes Renforcées et dépendance aux acteurs Régionaux La chute du régime d'Assad a exacerbé les divisions internes de l’Irak, déjà marqué par des fractures ethniques et sectaires profondes. Les chiites irakiens, qui avaient soutenu le régime syrien, se retrouvent désormais sous pression, avec l’influence iranienne qui cherche à combler le vide laissé par Damas. Les relations avec les États-Unis et leurs bases militaires en Irak deviennent de plus en plus complexes à mesure que l’Iran renforce sa présence. Les sunnites irakiens, divisés entre l’Arabie Saoudite et d’autres pays du Golfe, sont également affectés par les dynamiques changeantes en Syrie. De même, les Kurdes irakiens, toujours divisés, doivent gérer les implications de la politique turque en Syrie, qui représente une menace pour leur peuple. L’Irak compte environ 2,5 millions de réfugiés et de déplacés internes, dont une partie provient de Syrie. La croissance économique de l’Irak pour 2024 reste fragile, estimée à 2,5 %, en raison des tensions régionales.
L'Arabie Saoudite
Entre surveillance des développements américains et Réajustement des alliances L'Arabie Saoudite suit de près les évolutions en Syrie après la chute du régime d'Assad, se concentrant sur la manière dont les États-Unis réagiront aux changements dans la région. L'Arabie Saoudite cherche à maintenir son influence, tout en surveillant la montée des tensions entre les grandes puissances régionales, notamment l’Iran. Mohammed ben Salman, bien que mettant en œuvre des réformes internes avec la Vision 2030, se retrouve dans une situation géopolitique difficile où les choix politiques américains et les relations avec Israël joueront un rôle clé dans l’avenir du royaume. Le PIB saoudien a connu une croissance de 4,3 % en 2024, soutenue par la hausse des prix du pétrole. L'Arabie Saoudite a investi plus de 40 milliards de dollars en 2024 pour moderniser ses infrastructures militaires et diversifier son économie.
Un mois Après donc, des perspectives très incertaines pour la région Un mois après la chute du régime syrien, la région continue de naviguer dans une mer d'incertitudes. Si certains pays semblent chercher à tirer parti du vide laissé par la Syrie, d’autres se retrouvent pris au piège d’une géopolitique mouvante, avec des influences croisées entre puissances régionales et mondiales. Le Moyen-Orient, toujours aussi complexe, ne semble pas encore prêt pour une stabilité durable. Les mois à venir seront décisifs pour les relations entre ces nations et pour l’orientation géopolitique future de la région.
Rédigé par Khaled Hamadé