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4B et Tanaland : quand le féminisme radical redessine les frontières du genre


Rédigé par le Jeudi 21 Novembre 2024

Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les droits des femmes ont été remis en question, notamment avec la menace croissante de la suppression généralisée du droit à l’avortement dans tout le pays. Alors que les partisans du droit à l'avortement – les pro-choice – espéraient un retour à la légalisation uniforme, l’ascension de Trump à la Maison Blanche a mis fin à cet espoir. Mais au-delà de ce droit fondamental, la campagne électorale a également exacerbé une guerre des sexes, avec les féministes et masculinistes se confrontant sur fond de lutte pour le leadership du pays, un duel où la perspective d’une femme à la tête de l’administration a créé des frictions.



Depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les droits des femmes ont été remis en question, notamment avec la menace croissante de la suppression généralisée du droit à l’avortement dans tout le pays. Alors que les partisans du droit à l'avortement – les pro-choice – espéraient un retour à la légalisation uniforme, l’ascension de Trump à la Maison Blanche a mis fin à cet espoir. Mais au-delà de ce droit fondamental, la campagne électorale a également exacerbé une guerre des sexes, avec les féministes et masculinistes se confrontant sur fond de lutte pour le leadership du pays, un duel où la perspective d’une femme à la tête de l’administration a créé des frictions.

Cette défaite a laissé un goût amer chez de nombreuses partisanes de Kamala Harris, poussant un nombre croissant de femmes à adopter des positions radicales. Parmi elles, plusieurs ont rejoint le mouvement des 4B, né en Corée du Sud, un pays où les inégalités de genre sont profondément enracinées et où le sexisme reste omniprésent.

Ce mouvement féministe radical, dont le nom est une abréviation de quatre mots coréens, défend une vision de la vie sans hommes, avec des principes clairs : pas de couple hétéro, pas de mariage, pas de grossesse, pas de sexe.

Pour ces militantes, la clé du bonheur réside dans l’élimination des hommes de la vie des femmes. Cette position est de plus en plus partagée par des femmes américaines, qui l’expriment haut et fort sur les réseaux sociaux, parfois au détriment de la bienveillance envers le sexe opposé. Les conseils pour rejoindre ce mouvement incluent des pratiques comme prendre des cours de self-défense, se désinscrire des applications de rencontre, couper les ponts avec les hommes et investir dans des sex toys.

Un tweet devenu viral, vu plus de 17 millions de fois, conseille aux femmes de « fermer leurs utérus aux hommes », arguant que « cette élection prouve plus que jamais qu’ils nous détestent et le font fièrement ». Pour ces femmes, l'idée est de ne plus « récompenser » les hommes en leur permettant d’accéder à leur intimité, une forme de résistance symbolique contre un système patriarcal oppressant.

Pour rendre leur rejet des hommes encore plus concret, certaines militantes conseillent même de se raser la tête, afin de ne plus être perçues comme séduisantes. Une recommandation qui a suscité la colère de femmes souffrant de calvitie, souvent à cause de maladies comme le cancer ou l’alopécie. Elles ont dénoncé cette idée comme stigmatisante, refusant de lier perte de cheveux et féminité.

Quoi qu’il en soit, la popularité du 4B Movement ne cesse de croître, notamment dans des États conservateurs comme la Géorgie, où le droit à l’avortement a été aboli. Sur Google, les recherches liées à ce mouvement ont explosé depuis la victoire de Trump.

Le rejet des hommes et la recherche d’un monde parallèle, libre de toute domination masculine, a donné naissance à une utopie virtuelle : Tanaland. Ce « pays » imaginaire, accessible uniquement aux femmes, est un univers coloré et féministe où l'égalité et la liberté sont les piliers. Dans ce monde virtuel, les femmes règnent en maîtresses et disposent de leur propre identité, avec un drapeau, un hymne et une capitale – Tana City. Le pays est peuplé de "Tanas" – un terme dérivé du mot italien puttana, transformé ici en un symbole de résilience féminine, notamment en réponse aux insultes sexistes sur les réseaux sociaux.

Pour accéder à Tanaland, il suffit d’avoir été insultée par un homme, et de se reconnaître dans l’image de la bad bitch – une femme forte, confiante et indépendante. Des figures comme Cardi B, Megan Thee Stallion ou Nicki Minaj incarnent cette version modernisée du féminisme, symboles de la liberté de vivre sa féminité sans compromis.

Ainsi, le féminisme d’aujourd’hui semble entrer dans une phase radicale, où la guerre des sexes est désormais ouverte, chaque camp cherchant à affirmer ses principes avec force.

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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 21 Novembre 2024

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