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31 mai, Journée Mondiale du Tabac , le Maroc est hors la loi ?


Rédigé par La rédaction le Mardi 1 Juin 2021

Lutte contre le tabagisme au Maroc: l’état est complice de non assistances à personnes en danger




Par Dr Anwar CHERKAOUI

31_mai,_journee_mondiale_du_tabac_,_le_maroc_est_hors_la_loi.mp3 A lire ou à écouter en podcast :  (3.75 Mo)

En matière de lutte contre le tabagisme, le ministère de la santé ne fait pas son travail. C’est bien de lancer des campagnes de sensibilisation contre les méfaits du tabac. Mais le plus important c’est de faire appliquer les lois qui protègent la santé des citoyens et réduisent les dépenses de santé
 
Le 31 mai 2021, Journée mondiale contre le tabac. Tout citoyen qui ne fume pas. Tout citoyen ou citoyenne qui ont perdu un membre de leur famille à cause du Tabac, doivent porter plainte contre l’état, pour non assistance à personnes en danger. Pourquoi ? Les dangers du tabac sur la santé sont universellement reconnus. Aucune instance médicale ne conteste cette donne scientifique. Plusieurs pays ont adopté des lois antitabac avec des sanctions en cas de non-respect. Ce n’est pas le cas du Maroc.
 
En 1991, le Maroc  adopte une  loi interdisant de fumer dans les lieux publics avec interdiction de faire de la publicité pour les clopes ( loi 15-91). Et cette loi ne sera promulguée qu’en août 1995. Soit quatre ans plus tard. Et jusqu’à aujourd’hui, impossible de l’appliquer, car absence de publication de décrets d’application.

Pourquoi ce laxisme ? Y a-t-il  des forces occultes derrière ce retard?
 
Que le ministère de la santé lance une campagne de sensibilisation contre les méfaits du tabac est une excellente initiative, mais c’est en deçà de ses prérogatives. Le département chargé de la santé dans le Royaume doit veiller à l’application des lois qui protègent les citoyens. Le ministère de la santé doit remuer ciel et terre pour faire sortir au jour ces décrets d’application.
 
Une lecture de l’histoire récente s’impose. A la fin du siècle dernier, l'État Marocain cherchait  à privatiser la Régie des Tabacs.

L’opération a eu lieu. Altadis met sur la table 14 milliards de dh pour devenir détentrice de 80% de la Régie des tabacs au Maroc. Le ministre des Finances de l’époque, Fathallah Oualalou, est heureux de cette aubaine.

 Ceci d’un côté. Mais de là à conclure que les autorités marocaines n’étaient pas conscientes de l’importance de l'application de cette loi, n’est pas tout à fait vrai. Pourquoi? Parce que les responsables statiques de l’époque ont cherché à désigner les administrations qui vont appliquer, verbaliser et percevoir les amendes. D’ailleurs, depuis, plusieurs établissements publics ou semi  publics ont décrété que leurs locaux étaient des zones non fumeurs. Mais la machine s’est vite grippée.

Pourtant une loi a été déposée qui prévoyait des amendes de 500 à 1000 dh. Elle est restée lettre morte dans les tiroirs du parlement

La loi antiTabac, après son adoption en 1991 et sa promulgation en 1995 et la non publication de décrets d’application jusqu’à aujourd’hui, a fais des tumultes en 2014. Des parlementaires ont été accusés d’avoir touché des pots de vins pour introduire des amendements allégeant la charge fiscale sur le secteur du tabac.

En 2019, le porte parole du gouvernement avait déclaré que le ministère de la santé était chargée de l’élaboration des décrets d’application

Nous sommes au lendemain de la journée mondiale antitabac 2021, 30 ans après l’adoption de la loi antitabac au Maroc, rien de concret, légalement parlant, n’a été entrepris pour l’application de cette loi sur le terrain. Quel est l’engagement du ministère de la santé pour l’application de cette loi qui permettra d’économiser les deniers de l’Etat, en rapport avec les dépenses de  santé sur les pathologies respiratoires, cardiaques et cancéreuses ?

Question qui s’impose alors que notre pays travaille pour la généralisation de l’assurance maladie.
 
 Par Dr Anwar CHERKAOUI 
 
 
 





Mardi 1 Juin 2021

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