​Tribune : Pourquoi je persiste en politique malgré le désenchantement général


Chaque année, à l’occasion de la célébration du 11 janvier, cette question me revient inévitablement : pourquoi continuer à faire de la politique ? Dans un monde où l’engagement semble se diluer, où la jeunesse se réfugie dans l’éphémère des réseaux sociaux et où les discours politiques peinent à convaincre, je m’interroge. Pourtant, cette date symbolique me rappelle l’importance de l’engagement pour des valeurs plus grandes que soi. Peut-être est-ce cette quête d’idéal, ce refus de l’abandon, qui me retient encore dans cet univers exigeant, mais porteur d’espoir.



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Par Adnane Benchakroun

Chaque jour, je m’interroge : pourquoi continuer à faire de la politique dans un contexte où l’espoir s’amenuise et où les voix critiques se multiplient ? Pourquoi persister dans un engagement que beaucoup jugent vain, dépassé ou même corrompu ? Peut-être parce que j’aime l’idée d’appartenir aux derniers des Mohicans, ces irréductibles qui refusent d’abandonner la lutte pour une société meilleure. Ou peut-être parce que je suis, au fond, irrémédiablement attaché à cet art de croire en l’impossible, de défendre des idéaux dans un monde de plus en plus cynique.

Il serait naïf de nier la gravité de la crise politique qui traverse notre pays. L’opinion publique s’est détournée des urnes, désabusée par des promesses électorales sans lendemain. La jeunesse marocaine, autrefois moteur du changement, se réfugie désormais dans l’instantanéité des réseaux sociaux, où l’apparence l’emporte souvent sur le fond. Quant à la classe politique, elle semble s’être enfermée dans une spirale où le discours se vide de sens, incapable de regagner la confiance d’une population lassée des illusions.

Pourtant, j’y suis. Et j’y reste. Pas par obstination aveugle, mais par conviction profonde. La politique, même dans ses heures les plus sombres, demeure le seul espace où le changement est encore possible. C’est l’arène où l’on peut porter la voix de ceux qui ne l’ont plus, où l’on peut encore rêver de justice sociale, de dignité, d’égalité. Abandonner cet espace, c’est laisser le champ libre à l’immobilisme ou, pire, au renoncement collectif et aux nihilistes

Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, ni détenir les clés d’un futur meilleur. Mais je crois en la force de la persévérance, en la puissance de l’idée, en la noblesse d’un engagement sincère. Je crois qu’il est encore possible de rallumer cette flamme d’espoir, à condition d’écouter, de dialoguer, de reconstruire un lien de confiance avec nos concitoyens.

À ceux qui doutent, je dis ceci : la politique n’est pas un refuge pour les désabusés ou les opportunistes. Elle est un combat, un acte de foi. Et tant qu’il y aura ne serait-ce qu’une personne pour croire en un avenir meilleur, alors ce combat vaudra la peine d’être mené.

Oui, la jeunesse marocaine mérite mieux. Oui, nos institutions doivent se réinventer. Oui, nous avons relativement échoué à bien des égards. Mais c’est précisément pour cela que nous devons continuer. Parce que, malgré tout, l’espoir demeure. Et tant qu’il demeure, nous devons nous battre légalement pour le préserver.

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Lundi 13 Janvier 2025

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