Selon les analyses récentes du Haut-commissariat au plan (HCP), le paysage matrimonial marocain a subi des transformations notables au cours des quinze dernières années. Un rapport publié derniérement révèle que le nombre de mariages a chuté de 19 % entre 2008 et 2022, passant de 307 000 à 251 000. Cette tendance à la baisse des mariages est particulièrement visible depuis 2019, une année où 275 000 unions ont été célébrées, contre seulement 251 000 en 2022.

Parallèlement, le nombre de divorces a connu une augmentation alarmante, passant de 55 000 en 2008 à 88 000 en 2022. Ce phénomène suggère une transformation dans la durabilité des unions maritales et soulève des questions sur les causes sous-jacentes de cette instabilité croissante.

Des experts en sociologie attribuent cette évolution à plusieurs facteurs, dont l'augmentation de l'indépendance financière des femmes, des changements dans les attentes matrimoniales et un accès facilité aux procédures de divorce. Le professeur Nadia Bernoussi, sociologue, explique que "l'évolution des rôles sociaux a permis une plus grande autonomie dans les décisions de vie, y compris la décision de mettre fin à un mariage non satisfaisant."

En outre, le changement de perception sociale vis-à-vis du divorce peut également jouer un rôle. Le divorce, autrefois stigmatisé, est aujourd'hui perçu de manière plus neutre, voire positive, comme une opportunité de recommencement. Cette nouvelle acceptation sociale pourrait contribuer à la hausse des séparations.

Ces transformations ne sont pas uniques au Maroc mais s'inscrivent dans une tendance globale où les individus cherchent davantage à réaliser leur épanouissement personnel et à redéfinir le concept de mariage. Le Maroc, avec ses racines culturelles profondes et son ouverture croissante sur les influences globales, offre un terrain d'étude fascinant pour observer comment les traditions et la modernité se rencontrent et se transforment.

Le HCP souligne également l'impact potentiel de ces tendances sur les structures familiales et sociales. Une étude plus approfondie pourrait aider à comprendre les implications à long terme de ces changements pour la société marocaine.

Cette évolution des mariages et des divorces au Maroc nous rappelle que les structures sociales sont en perpétuel changement, influencées par les transformations économiques, sociales et culturelles. Il reste à voir comment ces tendances vont continuer à évoluer dans les années à venir et quelles nouvelles formes de relations familiales émergeront dans ce contexte en mutation.