Selon le Rapport sur l’Indice de Pauvreté Multidimensionnelle 2024, publié par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en partenariat avec l’Université d’Oxford, environ 6,4 % de la population marocaine vit encore dans des conditions de pauvreté multidimensionnelle. Ce chiffre révèle que le développement du Maroc ne peut être pleinement apprécié sans prendre en compte les disparités profondes qui affectent la qualité de vie des populations les plus vulnérables.

La pauvreté multidimensionnelle est un concept qui dépasse largement les simples critères de revenu. Elle inclut des facteurs essentiels comme la santé, l’accès à l’éducation et le niveau de vie général. L’indice du Maroc est estimé à 0,027, un chiffre qui, à première vue, pourrait sembler modeste comparé aux situations d’extrême pauvreté dans d’autres pays. Cependant, ce taux masque une réalité plus inquiétante : environ 42 % des Marocains demeurent vulnérables et risquent de basculer dans la pauvreté, surtout en raison des carences dans les secteurs de l’éducation, des soins de santé et des besoins fondamentaux.

Le rapport s’appuie sur des données recueillies entre 2017 et 2018, et souligne que 2,3 millions de Marocains sont actuellement concernés par la pauvreté multidimensionnelle. Ce chiffre révèle une situation particulièrement critique dans les zones rurales, où les habitants ont un accès limité aux services de base, exacerbant ainsi leur vulnérabilité. L’éducation, en particulier, demeure un problème majeur : les infrastructures sont souvent inadéquates, et la qualité de l’enseignement, bien en deçà des standards nationaux. Les soins de santé, autre pilier du bien-être, sont eux aussi en crise, avec des services souvent inaccessibles ou insuffisants pour les communautés rurales.

Le Maroc, malgré sa stabilité relative, fait également face à des disparités régionales considérables. Cette fracture entre les zones urbaines et rurales freine la croissance équitable et compromet les efforts pour réduire la pauvreté de manière durable. Contrairement à des pays en proie à des conflits violents, tels que l’Afghanistan où la pauvreté est exacerbée par l’instabilité, le Maroc bénéficie d’un contexte globalement paisible, mais doit encore relever le défi de l’équité dans le développement.

En comparaison avec d’autres pays d’Afrique subsaharienne, où les taux de pauvreté peuvent atteindre des sommets de 60 à 80 % comme au Tchad ou en République centrafricaine, le Maroc semble avoir pris de l’avance. Pourtant, cette position plus favorable cache des défis internes de taille. Le niveau de vie des Marocains les plus défavorisés reste encore loin des attentes, avec une incapacité croissante à répondre aux besoins de base tels que l’alimentation, l’eau potable et l’électricité.

L’analyse du rapport montre clairement que des réformes profondes sont nécessaires dans des secteurs clés comme la santé et l’éducation. La mise en place de politiques publiques ambitieuses et inclusives est essentielle pour briser ce cycle de la pauvreté. Le gouvernement marocain se doit d’adopter une approche proactive en s’assurant que les ressources publiques soient équitablement redistribuées, afin que les populations les plus vulnérables puissent également profiter des progrès économiques réalisés par le pays.

Le rapport recommande que des réformes urgentes soient mises en œuvre pour améliorer les conditions de vie des Marocains, en particulier ceux vivant dans les zones les plus reculées. L'amélioration de l'accès aux services de santé et à une éducation de qualité est une priorité. De plus, des politiques publiques visant à renforcer les filets de sécurité sociale, à soutenir les plus vulnérables et à réduire les inégalités devraient être adoptées de manière systématique.

Le Maroc se trouve à un carrefour décisif : les efforts pour combattre la pauvreté multidimensionnelle ne peuvent être temporaires ou fragmentés. Ils doivent au contraire être intégrés dans une vision de développement durable, à long terme, où chaque citoyen, quelle que soit sa région d’origine ou sa classe sociale, puisse bénéficier des fruits de la croissance économique.