Dr Anwar CHERKAOUI
En 2025, un savoir médical devient obsolète en seulement 73 jours.
En 2025, il y a des médecins au Maroc qui travaillent avec une connaissance médicale en retard d’au moins 25 ans
Ce chiffre vertigineux suffit à lui seul à rappeler l’impératif d’une mise à jour continue des connaissances médicales.
Pour garantir des soins de qualité, réduire les erreurs médicales et éviter des prescriptions inappropriées, les médecins doivent constamment se recycler.
Pourtant, au Maroc, cette exigence vitale est gravement négligée.
Un impératif ignoré
La formation médicale continue (FMC) n’est ni un luxe ni une formalité réglementaire.
C’est un devoir professionnel et un pilier de la sécurité des soins.
Elle permet aux praticiens de s’approprier les dernières avancées scientifiques, de maîtriser de nouvelles technologies et de s’aligner sur les meilleures pratiques.
Selon l’OMS, un patient sur dix subit un préjudice évitable lors de son parcours de soins : erreurs de médication, gestes inadaptés, protocoles dépassés… Des drames souvent évitables avec une FMC rigoureusement assurée, indique Dr Farid ISMAEL, membre de la Federation des enseignants médecins libéraux ( FEML).
Un vide réglementaire dramatique
Le Maroc dispose depuis plus d’un quart de siècle d’une loi sur la formation médicale continue. Mais cette loi est restée lettre morte, faute de décrets d’application.
C’est ce qui a été rappelé par tous les intervenants lors du débat organisé par la Fédération des enseignants médecins libéraux, samedi 16 avril 2025.
Aucun dispositif concret n’est venu encadrer sa mise en œuvre.
Pire, l'Ordre national des médecins, qui devait être un acteur clé dans ce chantier, traverse une crise de légitimité.
Son bureau actuel a dépassé son mandat et n’a toujours pas organisé de nouvelles élections, au mépris des règles et des attentes des médecins.
Pourquoi ce blocage ?
Pourquoi ce silence coupable qui nuit à l'ensemble de la profession ?
Une formation aux mains de l’industrie pharmaceutique
Ce vide juridique et institutionnel a laissé le champ libre à un acteur puissant : l’industrie pharmaceutique.
En l’absence de régulation, les laboratoires ont investi massivement le terrain de la FMC, organisant séminaires, congrès et formations.
Bien souvent, ces événements ne visent pas l’excellence médicale mais le positionnement commercial de produits coûteux, au détriment d’alternatives plus accessibles et tout aussi efficaces.
La formation devient alors un outil marketing, orientant les prescriptions vers le rentable, non vers le raisonnable.
Un appel à une refondation nationale
Il est temps que l’État marocain reprenne ses responsabilités.
Le ministère de la Santé, en coordination avec celui des Finances, doit initier une réforme structurelle de la FMC : une politique nationale claire, indépendante, équitable et encadrée.
Les universités, les centres hospitaliers universitaires, les sociétés savantes et les ordres professionnels doivent être associés à ce projet.
La formation doit devenir obligatoire, avec des sanctions pour les contrevenants, comme c’est le cas dans de nombreux pays avancés.
Moderniser les méthodes d’apprentissage
La révolution numérique offre une opportunité historique pour repenser la FMC. E-learning, simulation médicale, intelligence artificielle, classes virtuelles interactives : les outils existent.
Ce qui manque, c’est une vision stratégique pour les mobiliser au service de la formation médicale.
Il faut rompre avec les logiques archaïques et mettre en place une FMC continue, accessible, équitable et dépolluée de toute influence commerciale.
Former pour mieux soigner
En définitive, former les médecins, c’est soigner les citoyens.
C’est éviter l’erreur de trop, le geste mal maîtrisé, la prescription inappropriée.
C’est rehausser le niveau de notre médecine, redonner confiance aux patients, et faire honneur à une profession en quête de reconnaissance et d’excellence.
Former, c’est prévenir. C’est protéger.
Et aujourd’hui, au Maroc, c’est une urgence sanitaire, morale et politique.
En 2025, il y a des médecins au Maroc qui travaillent avec une connaissance médicale en retard d’au moins 25 ans
Ce chiffre vertigineux suffit à lui seul à rappeler l’impératif d’une mise à jour continue des connaissances médicales.
Pour garantir des soins de qualité, réduire les erreurs médicales et éviter des prescriptions inappropriées, les médecins doivent constamment se recycler.
Pourtant, au Maroc, cette exigence vitale est gravement négligée.
Un impératif ignoré
La formation médicale continue (FMC) n’est ni un luxe ni une formalité réglementaire.
C’est un devoir professionnel et un pilier de la sécurité des soins.
Elle permet aux praticiens de s’approprier les dernières avancées scientifiques, de maîtriser de nouvelles technologies et de s’aligner sur les meilleures pratiques.
Selon l’OMS, un patient sur dix subit un préjudice évitable lors de son parcours de soins : erreurs de médication, gestes inadaptés, protocoles dépassés… Des drames souvent évitables avec une FMC rigoureusement assurée, indique Dr Farid ISMAEL, membre de la Federation des enseignants médecins libéraux ( FEML).
Un vide réglementaire dramatique
Le Maroc dispose depuis plus d’un quart de siècle d’une loi sur la formation médicale continue. Mais cette loi est restée lettre morte, faute de décrets d’application.
C’est ce qui a été rappelé par tous les intervenants lors du débat organisé par la Fédération des enseignants médecins libéraux, samedi 16 avril 2025.
Aucun dispositif concret n’est venu encadrer sa mise en œuvre.
Pire, l'Ordre national des médecins, qui devait être un acteur clé dans ce chantier, traverse une crise de légitimité.
Son bureau actuel a dépassé son mandat et n’a toujours pas organisé de nouvelles élections, au mépris des règles et des attentes des médecins.
Pourquoi ce blocage ?
Pourquoi ce silence coupable qui nuit à l'ensemble de la profession ?
Une formation aux mains de l’industrie pharmaceutique
Ce vide juridique et institutionnel a laissé le champ libre à un acteur puissant : l’industrie pharmaceutique.
En l’absence de régulation, les laboratoires ont investi massivement le terrain de la FMC, organisant séminaires, congrès et formations.
Bien souvent, ces événements ne visent pas l’excellence médicale mais le positionnement commercial de produits coûteux, au détriment d’alternatives plus accessibles et tout aussi efficaces.
La formation devient alors un outil marketing, orientant les prescriptions vers le rentable, non vers le raisonnable.
Un appel à une refondation nationale
Il est temps que l’État marocain reprenne ses responsabilités.
Le ministère de la Santé, en coordination avec celui des Finances, doit initier une réforme structurelle de la FMC : une politique nationale claire, indépendante, équitable et encadrée.
Les universités, les centres hospitaliers universitaires, les sociétés savantes et les ordres professionnels doivent être associés à ce projet.
La formation doit devenir obligatoire, avec des sanctions pour les contrevenants, comme c’est le cas dans de nombreux pays avancés.
Moderniser les méthodes d’apprentissage
La révolution numérique offre une opportunité historique pour repenser la FMC. E-learning, simulation médicale, intelligence artificielle, classes virtuelles interactives : les outils existent.
Ce qui manque, c’est une vision stratégique pour les mobiliser au service de la formation médicale.
Il faut rompre avec les logiques archaïques et mettre en place une FMC continue, accessible, équitable et dépolluée de toute influence commerciale.
Former pour mieux soigner
En définitive, former les médecins, c’est soigner les citoyens.
C’est éviter l’erreur de trop, le geste mal maîtrisé, la prescription inappropriée.
C’est rehausser le niveau de notre médecine, redonner confiance aux patients, et faire honneur à une profession en quête de reconnaissance et d’excellence.
Former, c’est prévenir. C’est protéger.
Et aujourd’hui, au Maroc, c’est une urgence sanitaire, morale et politique.