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​Inflation galopante en Algérie : quand un poulet devient un luxe


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 9 Avril 2025



Le quotidien des Algériens étranglé par la flambée des prix

Depuis plusieurs mois, les ménages algériens vivent une crise silencieuse mais profonde : la perte brutale de leur pouvoir d’achat. Symbole de cette dérive, le prix du poulet, denrée populaire par excellence, a atteint 2 000 dinars à Alger, soit près de 10 % du salaire minimum garanti (SMIG), estimé autour de 20 000 dinars. Converti au taux parallèle, cela représente à peine 80 dollars par mois, plaçant la population dans une situation d’asphyxie économique quotidienne.

Les données officielles confirment ce malaise. Si l’inflation est annoncée à 5,3 % en 2024, les hausses réelles des prix alimentaires dépassent souvent les 15 %, voire 20 % sur certains produits de base. Le décalage entre les chiffres macroéconomiques et la réalité vécue par les Algériens alimente une profonde défiance vis-à-vis des institutions.

Salaires stagnants, prix explosifs : une équation mortelle

Le principal problème réside dans l’inadéquation entre l’évolution des prix et celle des revenus. Selon l’Office national des statistiques, les salaires n’augmentent que de 1,5 % en moyenne par an, très en deçà du rythme de l’inflation. Cette déconnexion entraîne une paupérisation accélérée, y compris des classes moyennes qui peinent désormais à accéder aux produits de première nécessité.

Même les cadres supérieurs ressentent la crise. Les prestations hospitalières dans les cliniques privées sont devenues inaccessibles, tandis que les hôpitaux publics sont saturés, en particulier dans les villes de l’intérieur. Les files d’attente pour un rendez-vous médical peuvent durer plusieurs semaines, quand ce n’est pas plusieurs mois.

Une politique salariale incohérente

La stratégie de l’État face à cette crise suscite de nombreuses critiques. Trois millions de chômeurs perçoivent 70 % du SMIG sans contrepartie de travail, une politique qui, loin de lutter contre la précarité, renforce l’inactivité et encourage l’émigration, notamment des jeunes. Dans le même temps, 2,8 millions de fonctionnaires et 3 millions de retraités attendent une revalorisation de leurs salaires et pensions promise mais constamment repoussée.

Cette politique d’endiguement social par les transferts monétaires, alimentée par les recettes des hydrocarbures, peut sembler efficace à court terme. Mais elle s’apparente à une stratégie de survie budgétaire fondée sur une rente volatile, incapable de répondre aux besoins structurels d’une économie de production.

Le marché parallèle, arbitre de la vie quotidienne

Un autre facteur accentue la dégradation du pouvoir d’achat : la prolifération du marché noir et des taux de change parallèles. En février 2025, le dinar s’échangeait à 134,59 pour 1 USD officiellement, mais bien au-delà sur le marché informel. Cette dualité monétaire favorise la spéculation, pénalise les importations légales, et fausse tous les repères de prix.

Sans réforme de fond sur les prix, les salaires, la fiscalité et le système de subvention, l’Algérie risque de plonger dans une crise sociale de grande ampleur. Le citoyen algérien, qui réclame dignité et justice économique depuis le Hirak, ne pourra se satisfaire éternellement de discours officiels déconnectés du coût réel de la vie.

​Dossier spécial de "L'Eco Business" de ce week-end sur l'Algérie économiquement parlant :

​1-L’illusion de la diversification économique en Algérie : entre annonces présidentielles et réalités structurelles
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité





Mercredi 9 Avril 2025

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