Par Dr Anwar CHERKAOUI
Le Professeur Abdellatif BENABDELJALUL, maître en Pharmacie, membre éminent de l'Académie du Royaume, vient de nous quitter, laissant derrière lui un héritage lumineux, une constellation d'œuvres, d'idées et d'engagements gravés dans la chair vive de notre Nation.
Dans les amphithéâtres anciens où résonnaient ses leçons, dans les laboratoires où il forgeait, patiemment, les fondations de la science pharmaceutique marocaine, flotte aujourd'hui un parfum de respect, mêlé à une indicible nostalgie.
Il était de ces maîtres rares qui enseignaient non seulement le savoir, mais l'amour du savoir — cette rigueur exigeante, ce respect de la vérité, cette main tendue vers l'avenir.
Le Maroc scientifique qu’il a contribué à édifier est fait de pierre, certes, mais aussi de rêves, de valeurs profondes, de fidélité à l’idéal de transmission.
La médecine, la pharmacie, la science dans leur plus noble expression étaient pour lui non de simples disciplines, mais des temples de la dignité humaine, des chemins sacrés vers la connaissance et le soin.
À travers ses écrits, ses conférences, ses combats discrets mais tenaces, il nous a appris que l’acte médical et pharmaceutique n’était pas seulement un geste technique, mais un acte de civilisation.
Que chercher à comprendre la matière vivante, c’était honorer la vie elle-même.
Son départ nous rappelle que nous sommes les héritiers d’une génération de géants, de bâtisseurs silencieux qui, dans l’humilité et la ferveur, ont fait jaillir des graines de savoir sur une terre encore vierge.
Ils ont offert à notre jeunesse les clefs d’un avenir possible, et à notre Nation la promesse d’un destin rayonnant.
Aujourd’hui, alors que ses pas se sont tus, que sa voix s’est fondue dans l’éternité, il nous appartient, à nous qui restons, de faire vivre son enseignement.
De porter haut l’étendard de l'excellence qu’il a si noblement dressé.
De ne pas laisser s’éteindre la flamme patiemment allumée par des hommes de son étoffe.
Que son âme trouve la paix dans ce Royaume céleste auquel il a tant donné sur terre.
Et que son nom reste à jamais gravé dans la mémoire de la médecine et de la pharmacie marocaines, comme une étoile tutélaire au-dessus de nos chemins.
Mes sincères condoléances à mon professeur, la veuve du defunt, Madame Claude Benabdeljali (biochimie) et à sa fille, ma collègue, Pr de neurologue, Dr Maria Benabdejlil.