​Gaza , « mon amour »


Depuis le 7 octobre 2023, les jours et les nuits des Gazaouis se ressemblent. Désespérément. Ils sont victimes d’un indéniable génocide perpétré par Israël et ses alliés occidentaux. Tous les êtres vivants : humains, animaux et végétaux, qui ont la malchance de se trouver sur cette terre, sont les cibles expugnables du sionisme. Les constructions humaines, matérielles et immatérielles, le sont également. C’est un puissant séisme qui frappe Gaza. La seule différence est que ce phénomène est d’ordre naturel alors que le génocide est éminemment anthropique. Le premier finit par s’arrêter, le second poursuit sans relâche ses ravages depuis le 7 octobre.



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Par Fatima Hqiaq

Gaza, condamnée à perpétuité.

Les Gazaouis  vivent, ou plutôt survivent,  sous le feu des bombardements qui détruisent tout sur leur passage. Ils sèment le malheur, la désolation et le déchirement. Les bâtiments et les infrastructures explosent rendant la ville inhabitable et condamnée à perpétuité au cycle infernal de ville détruite, reconstruite pour être de nouveau détruite.

L’histoire de Gaza est jalonnée d’agressions sionistes. Elles ont lieu en 2000, en 2004, en 2008, en 2009, en 2014, entre 2015 et 2017, en 2019, en 2021, en 2022 et en mai 2023. « A chaque moment de la reconstruction, nous savions que les Assyriens allaient revenir. Nous savions qu’un jour il nous faudrait leur livrer notre cité et, avec elle, nos efforts, notre sueur, notre joie de la voir plus belle qu’avant ». Tirée du roman de l’écrivain, Paulo Coelho, intitulé « La cinquième montagne », cette sentence peut s’appliquer parfaitement à Gaza.

Il suffit de remplacer les Assyriens par les sionistes et Elie par les Gazaouis  et le tour est joué. 

Les familles éclatent à leur tour,  et voient leurs structures amputées.  Elles se transforment en cellules décomposées à jamais : des orphelins sans père, ou sans mère ou sans les deux à la fois ; des  mamanges*   et des paranges* éplorés et meurtris à vie,  ayant perdu  totalement ou partiellement leur progéniture ; une fratrie endeuillée par la mort d’un frère ou d’une sœur ou de plusieurs d’entre eux.  Tous les liens familiaux sont impactés par cette rage d’exterminer  du «  Palestinien ». Les  liens  relevant de la filiation, mais aussi ceux issus de l’alliance ou de la germanité se disloquent. Les grandes familles sont décimées avec la perte de centaines de leurs membres. 

Oncles, tantes, cousins et cousines ne sont plus qu’un triste souvenir dans la mémoire des survivants. Et la grande famille d’antan  est devenue petite car, elle se retrouve  réduite à peau de chagrin par la main d’Israël. Que de  rêves inachevés, que de vies brisées, que d’espoirs fracassés sur le mur du sionisme.

Comment survivre à ces drames ? Comment se reconstruire après ces tragédies ? Comment pouvoir se projeter dans l’avenir ? Il faut être armé de courage, avoir la rage de vivre et l’espoir chevillés au corps, en un mot faire preuve de résilience pour pouvoir se rétablir et aller de l’avant après la fin de ce terrible carnage. 

Guerre, errance et famine.

Au malheur d’une « guerre » aux rapports de forces foncièrement inégaux, s’ajoutent pour les Gazaouis  les affres de l’errance - parce qu’ils sont  devenus des sans domicile  fixe - de la soif et de la famine. Tuer, assoiffer et affamer des  civils  sont les crimes de guerre systémiques commis quotidiennement par les sionistes. Des photos et des reportages insupportables à voir sont largement diffusés dans les médias.

L’une des photos poignantes de ces crimes est celle d’un enfant et d’un adulte, fouillant les décombres d’un immeuble en ruines, pour en retirer, sauver des miches de pain qui, à leur tour,  les sauveront de la faim.

Ces crimes font partie intégrante de la volonté des génocidaires  d’infliger une punition collective aux Gazaouis, suite à l’attaque,  du 7 octobre 2023, contre Israël.  Ils sont tous, hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux, valides, malades,  responsables de cette attaque aux yeux d’Israël et de ses suppôts. En tant que tels, ils doivent tous payer et souffrir le martyr.   Pourtant , il existe une convention internationale des droits de l’enfant, des principes condamnant la violence à l’égard des femmes et  « Aux termes du droit international humanitaire, les punitions collectives sont interdites en toutes circonstances ».

Ce mépris des puissants pour les valeurs quand il s’agit des Palestiniens  laisse clairement penser que le droit, construction théorique, est une chose et que la réalité du terrain en est une autre. « La raison du plus fort est  toujours la meilleure », écrit Lafontaine en introduction à sa fameuse fable «  Le loup et l’agneau ». Étourdi par sa puissance et par le soutien inconditionnel de l’Occident, Israël fait fi de ce droit. Ceux qui font semblant de s’en émouvoir, le laissent faire et préfèrent regarder ailleurs. Les coalitions internationales contre des Etats prétendument détenteurs d’armes de destruction massive, ne peuvent pas se former contre Israël. Il est considéré comme étant au-dessus de toutes les règles, toutes les conventions et tous les principes de droit international. Le martyr des Palestiniens ? Circulez, il n’y a rien à voir !

Silence, on tue.

L’Occident, et à sa tête les USA,  qui détient la solution et est le seul capable de faire cesser ce carnage, se tait. Il fait pire que de se taire. Il l’encourage activement en fournissant à Israël armes, munitions , aide financière et même des réservistes qui combattent aux côtés   de son armée régulière.

Dans une chronique publiée , le 26 novembre 2023, dans le quotidien du soir, Le Monde, l’historien  français Jean Pierre Filiu, a soutenu, preuve à l’appui, que le génocide actuel est le plus meurtrier de l’histoire de la Palestine : « La répression du soulèvement arabe de 1936-1939 contre le mandat britannique sur la Palestine a fait plus de 5 000 morts, avant que la Nakba, la « catastrophe » de l’exode palestinien de 1948, n’inflige des pertes bien supérieures, avec environ 13 000 morts, majoritairement civils, soit 1 % de la population arabe d’une Palestine désormais disparue »….

Et l’auteur de continuer :  « … Le bilan des plus sanglantes d’entre elles s’est élevé à un millier de morts lors de la première occupation israélienne de Gaza, en 1956-1957 ; à quelques milliers de morts en 1970 lors du « Septembre noir » en Jordanie ; à quelques milliers de morts lors des massacres de 1976 au Liban dans le bidonville de la Quarantaine et le camp de Tal Al-Zaatar ; de 800 à 3 000 morts lors du massacre de 1982 dans les camps de Sabra et de Chatila ; à 1 200 morts lors de la répression israélienne de la première Intifada, de 1987 à 1993 ; à 3 000 morts lors de la répression israélienne de la seconde Intifada, de 2000 à 2005 ; à plus de 4 000 morts au bout des différentes offensives israéliennes contre Gaza, de 2008 à 2022. Le bilan de la guerre en cours est d’ores et déjà de 14 854 morts à Gaza au 22 novembre». Il a pulvérisé ce record macabre depuis lors, pour atteindre, à l’heure acuelle,  plus de 31 000 victimes.

Dans son intervention du 10 février 2024, au Festival  du livre africain de Marrakech, Edgar Morin dénonce avec virulence  « le silence du monde, le silence des États-Unis protecteurs d’Israël, le silence des États arabes, le silence des États européens qui se prétendent défenseurs de la culture, de l’humanité, des droits de l’homme ». Avant de conclure : « La seule chose qui reste, si on ne peut pas résister de façon concrète, c’est de témoigner ». Le témoignage de cet éminent intellectuel est d’autant plus précieux qu’il est fils d’immigrés juifs.

Une autre sommité juive apporte son eau au moulin de Gaza. Il s’agit de la philosophe américaine, Judith Butler, professeure à l'université de Berkeley et pionnière des « gender studies ».  Invitée, le 3 mars 2024 , à Pantin,  à donner son point de vue sur l’attaque du 7 octobre 2023, elle répond : «Nous pouvons avoir des positions différentes sur le Hamas comme organisation politique ainsi que sur la résistance armée» et conclut «mais je pense qu’il est plus honnête, et plus correct historiquement, de dire que le soulèvement du 7 octobre était un acte de résistance armée. […].

Ce n’est pas une attaque terroriste, et ce n’est pas une attaque antisémite. C’était une attaque contre les Israéliens ». Il faut avoir   beaucoup de courage politique, de sens du sacrifice  et d’honnêteté intellectuelle pour dénoncer publiquement Israël et ses exactions. Les auteurs de ces dénonciations payent le prix fort. Ils sont cloués au pilori, excommuniés et condamnés par les sionistes de tous bords pour antisémitisme.

La fracture entre le positionnement de ces Etats «silencieux » sur le génocide de Gaza et celui de leur peuple  et de leurs élites, notamment de gauche n’a jamais été aussi grande. Les peuples  manifestent inlassablement aux quatre coins du monde. Les élites constituées de leaders politiques, d’écrivains, de poètes, de cinéastes, de sportifs, de médecins, d’artistes etc. ne cessent de multiplier les condamnations d’Israël et de ses protecteurs. 

Leurs indignations demeurent inaudibles pour le moment, mais elles ne traduisent pas moins la justesse de la cause du peuple palestinien.  

Aujourd’hui ,Gaza est offre un tableau d’une noirceur macabre. Cependant, le peuple palestinien saura changer le pire en force de propulsion pour l’avenir. Il a déjà fait preuve de courage en se relevant  au lendemain des multiples tragédies qui ont marqué son histoire. Parce que sa lutte est juste et s’inscrit dans le sens de l’histoire, il se relèvera, cette fois-ci, aussi. 
Le soleil de la libération finira par  briller, un jour ou l’autre, sur Gaza et le reste de la Palestine. 

Fatima Hqiaq
 
 

 


Mardi 19 Mars 2024

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