"Je n'ai pas pris ma retraite. J'avais besoin de me soigner physiquement et mentalement, je n'avais pas de projets, c'est juste que je ne savais pas quand j'allais faire mon retour et dans quel état je reviendrai", a confié samedi la joueuse qui avait quitté le Center Court sur un abandon au premier tour en 2021 en raison d'une blessure à la cuisse.
Si elle y a remporté sept de ses 23 titres du Grand Chelem, et y a joué quatre finales supplémentaires, l'ex-N.1 mondiale désormais 1.204e au classement WTA, a bénéficié d'une "wild card" pour participer au Majeur sur gazon cette année.
Après quasiment 12 mois loin des compétitions, Williams est revenue sur le circuit par la petite porte, par surprise même, mardi au tournoi WTA 250 d'Eastbourne, en double avec la Tunisienne Ons Jabeur (3e mondiale en simple). Même si leur parcours a été stoppé avant les demi-finales sur forfait de Jabeur, Williams a assuré avoir obtenu "exactement ce dont (elle avait) besoin en venant" à Eastbourne. A quatre reprises dans sa carrière débutée en 1995, elle avait dû faire une pause.
Opération du genou
En août 2003, une opération à un genou avait interrompu une phénoménale série: titres consécutifs à Roland-Garros, Wimbledon et US Open 2002, enchaînés avec le titre à l'Open d'Australie 2003, puis une demie à Roland-Garros et un nouveau titre à Wimbledon.
A son retour à Key Biscayne en avril 2004, elle s'était imposée d'entrée pour décrocher le 24e de ses 73 titres. Elle avait ensuite atteint la finale à Wimbledon en juillet, mais avait dû attendre l'Open d'Australie 2005 pour décrocher un nouveau Majeur, le septième.
En 2006, son genou gauche lui avait de nouveau fait manquer six mois. Elle avait alors dégringolé jusqu'au 140e rang mondial et terminé l'année sans le moindre titre en n'ayant joué que quatre tournois. En 2007, elle était remontée jusqu'au 5e rang mondial avec au passage un nouveau titre à l'Open d'Australie.
En 2010, les ennuis physiques avaient repris avec notamment un pied abîmé en marchant sur des éclats de verre, deux opérations et une hospitalisation d'urgence en mars 2011 à la suite d'une embolie pulmonaire.
Son retour pour la tournée estivale sur gazon ne lui avait pas permis d'endiguer une nouvelle chute au classement mondial, jusqu'au 175e rang en juillet. Mais elle avait de nouveau retrouvé une bonne carburation à l'occasion des tournois sur dur qui avaient suivi, jusqu'à atteindre la finale à l'US Open.
"Elle marche sur l'eau"
S'en étaient suivies des années fastes avec dix nouveaux Majeurs de Wimbledon 2012 à l'Open d'Australie 2017 sous la houlette de son nouveau coach Patrick Mouratoglou. "Elle gagne Wimbledon et la confiance que lui donne cette victoire fait qu'elle marche sur l'eau, s'est souvenu le coach dans un entretien avec l'AFP. C'est là où elle a joué le meilleur tennis de sa vie, elle était intouchable".
Nouvelle pause en avril 2017, après son 23e titre du Grand Chelem remporté à Melbourne, cette fois pour donner naissance en novembre à sa fille Olympia.
A son retour en 2018, elle s'est hissée en finale à Wimbledon puis à l'US Open et en a fait de même l'année suivante. Sans jamais toutefois parvenir à égaler le record absolu de 24 titres du Grand Chelem détenu par Margaret Court.
Sa nouvelle tentative à Wimbledon cette année part de très loin, d'autant qu'elle n'est plus accompagnée de Mouratoglou. "Est-ce que j'ai douté de pouvoir revenir ? Oui bien sûr", a reconnu l'intéressée en expliquant s'être toujours maintenue "à moitié en forme".
Alors, comme l'a souligné la finaliste 2021 Karolina Pliskova, le retour de Serena à Wimbledon sera compliqué parce qu'elle "n'est plus toute jeune" et que le corps a besoin de temps et le mental de matchs pour revenir à leur meilleur niveau.
Mais aussi rouillée soit Serena, "tout le monde veut l'éviter, surtout si elle gagne quelques matchs, a reconnu Maria Sakkari (5e mondiale) avant le tournoi. Elle commencera alors à prendre confiance... et elle est Serena Williams, la plus grande athlète féminine de tous les temps".
LODJ avec AFP