Par Dr Samir Belahsen
En fait, c’est cette envie de voyage qui me prend en ce mois sacré que j’essaie de comprendre. Entre le sacré et l’horrible actualité de la guerre économique, politique et surtout militaire, serait-ce une envie de fuite ?
Une envie de comprendre ?
Ou bien une fuite pour comprendre, un recul nécessaire… ?
Dans cette recherche, je me réfugie dans la littérature du voyage spirituel, intellectuel et du voyage tout court. Le voyage est un thème littéraire qui traverse le temps et l’espace. Il traverse aussi les genres littéraires : la fiction, les mémoires, la biographie, l’autobiographie, la poésie…
Les civilisations lointaines ont toujours été une source inspiratrice de récits, de contes, de poésie ou de romans.
Il y a d’abord les récits de voyage : Hérodote (au 5e siècle avant JC), « père de l’histoire » selon Cicéron, auteur d’un merveilleux récit de voyage en Egypte. Il y a aussi Stendhal et son voyage en Italie et notre Ibn batouta qui a traversé L’Égypte, la Syrie, l’Arabie, l’Irak et l’Inde... C'est le « Marco Polo » de l'Islam, il a parcouru 120 000 km en vingt-huit ans.
Je ne pourrais pas oublier Baudelaire et son chef d’œuvre « L’invitation au voyage » et plus récemment Gide, Kessel, Cendrars, Loti et Segalen.
Dans la littérature Chinoise, Le voyage vers l'occident, appelé aussi « La pérégrination vers l'ouest », reste le roman classique phare sur le thème du voyage. Ses adaptations à l'opéra de Pékin, au théâtre et à la télévision et ses diverses traductions lui ont assuré une grande popularité. L'histoire parle d'un moine bouddhiste, Xuan Zang parti vers l'occident à la recherche de saintes écritures bouddhistes. Il voyage pour devenir meilleur. L’histoire est également édifiante sur le syncrétisme religieux, mélange de bouddhisme, taoïsme et confucianisme.
Dans notre histoire religieuse, deux voyages du prophète ont fait l’objet d’abondants récits. Le premier L’ISRAA mena le prophète vers AL QODSS à travers un voyage spirituel, le second est la Hijra qui mena le prophète vers Médine dans une sorte d’exil qui aboutira à la fondation de l’Etat musulman puis de la civilisation musulmane.
Le voyage peut avoir des raisons multiples : agrément, affaires, médical, découvertes, exil, exode…. Il peut s’agir de la découverte d’un espace géographique ou d’une civilisation lointaine.
Il s’agit aussi du voyage en soi, du périple intérieur et de la recherche de soi-même qui peut justifier un voyage dans l’espace même si Baudelaire parle de l’« Amer savoir que celui que l’on tire du voyage »…
L’amertume viendrait, selon moi, de « la possible découverte de soi » alors que la quête était autre.
Selon Edmond Haraucourt dans Rondel de l’Adieu « Partir, c’est mourir un peu », la symbolique même du voyage, c’est le fait d’accepter qu’une partie de soi meurt en nous pour donner naissance à autre chose, à un nous « transformé » , « enrichi » et en tout cas un nous différent.
Toutes ces œuvres sont des invitations au voyage, un bon écrit doit assurer une sorte de voyage.
Alors voyageons !
Ne serait-ce que par les livres.
Rédigé par Dr Samir Belahsen