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Par Jamal Benaddou Idrissi : Silence on roule, et proprement s’il vous plait !
Il ne fait aucun doute aujourd’hui, que nous devons instamment repenser notre rapport avec la voiture et revoir à la base nos habitudes de déplacement, privilégier les transports en commun, adopter le covoiturage, ou simplement banaliser le travail à distance lorsque celui-ci ne requiert aucune présence physique. Désormais un changement de paradigme s’impose si l’on veut résolument préserver l’état de notre planète et toute la biodiversité qui la compose. Face à ce défi d’importance capitale, l’intégration de la mobilité électrique dans le microcosme de la vie quotidienne des usagers de la route, peut être une réponse radicale, salvatrice, et assurément plus économique.
Cependant, la voiture électrique n’est pas l’unique solution pour lutter contre le réchauffement climatique, mais elle contribue drastiquement à en limiter les effets dévastateurs. Les études d'analyse sur son cycle complet de vie sont formelles : l’impact écologique d’une voiture électrique est présentement un tiers plus faible que celui d'une voiture conventionnelle.
Insuffisant, estime l’Union Européenne qui prend d’emblée une décision majeure pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Objectif assigné: accélérer le passage à la voiture électrique en arrêtant la production des véhicules thermiques dès 2035.
Bien qu’il soit suffisamment louable sur le plan environnemental, cet ambitieux objectif passe en sourdine nombre d’aspects éminemment complexes d’ordres économiques et infrastructurels, qui plus est, dans un contexte de concurrence mondiale acharnée.
Hier encore, ce qui n’était qu’un concept futuriste pour les chercheurs les plus exaltés des nouvelles technologies, la voiture électrique est devenue aujourd’hui une réalité incontournable gagnant de plus en plus les cœurs et les esprits, avec des solutions particulièrement innovantes, à mêmes d’atténuer fortement les indéniables nuisances sur les écosystèmes, la dégradation de l'air, et la pollution sonore dont il n’est pas moins urgent d’endiguer les effets gênants et perturbateurs.
En substance, une réduction notoire et simultanée des émissions de CO2 et de décibels, jouera indubitablement le rôle de catalyseur qui propulsera l’adoption massive des véhicules électriques, lorsque de surcroît, ladite adoption est assortie de nouveautés aussi ingénieuses que pratiques.
Actuellement, le virage de plus en plus attractif vers l’électrique, n’est pas qu’une alternative à la dépendance thermique, il offre surtout l’opportunité de réinventer notre mobilité à tous, pour la rendre plus propre, plus efficace et plus accessible. Passé ce cap, la transition énergétique versera fatalement tout le paysage automobile dans l’ère d’une révolution inexorable silencieuse et puissante.
Depuis son avènement, la voiture électrique a déjà parcouru un long chemin dans la désormais inéluctable transition énergétique, se frayant même une place au soleil parmi les grandes marques de prestige et de luxe, avec une forte et remarquable présence notamment, dans les plus grands salons de l’auto qui se tiennent aux quatre coins du globe. Et pour cause, le Mondial de Paris tenu courant octobre dernier, s’est particulièrement illustré par le « Made in China », se plaçant en pole position avec des modèles haut de gamme, ultra-perfectionnés et entièrement digitalisés. Une offensive commerciale hors norme défiant toute concurrence, en dépit des lourdes taxes douanières récemment imposées par l’Union Européenne et les Etats-Unis d’Amérique (35-100%).
Gageons à ce titre, que des mesures protectionnistes d’une telle ampleur, ne conduisent pas toujours à stimuler la demande intérieure à la façon Keynésienne. Bien au contraire, elles condamnent le pays à l'isolement et la stagnation dans le domaine de la recherche et l’innovation, le mettant tout bonnement hors compétition, en le reléguant à l’arrière-plan de la scène internationale.
Selon une étude menée par la Benchmark Company Rho-Motion, le marché actuel des voitures électriques est en pleine effervescence à l’échelle planétaire, avec une tendance inscrite à la hausse pour cette fin d’année 2024. Pour le seul mois d’octobre dernier, plus de 1,7 million véhicules 100% électriques et hybrides rechargeables ont été vendus à travers le monde toutes marques et segments confondus, avec sans grande surprise, une prééminence écrasante des modèles issus de l’Empire du Milieu (1,2 million).
Face à la déferlante sino-américaine sur le marché de l’électrique et l’incontestable percée de leurs modèles phares, notamment ceux commercialisés par les deux mastodontes BYD et TESLA, les constructeurs européens continuent à naviguer en eau trouble, ne sachant trouver une stratégie suffisamment payante pour compenser tous les retards technologiques accumulés, et proposer des véhicules électriques et hybrides aussi compétitifs que ceux débarquant des autres continents.
Pour l’heure, une menace existentielle de plus en plus persistante pèse lourd sur toute l’Europe, et de multiples annonces de restructurations voire de fermetures d’usines de production thermique, n’en finissent pas de tomber ici et là, mettant en péril des centaines de milliers d’emplois dans toute la filière automobile (constructeurs et équipementiers inclus). A ce jour, 46 000 travailleurs ont déjà perdu leur emploi chez Volkswagen, avec de conséquentes réductions de salaires pour les effectifs restants.
Sur ce registre, et afin de juguler cette vague frappant de plein fouet l’industrie automobile française, surtout minimiser les graves répercussions pouvant mettre à terre toute l’économique européenne, le patron du Groupe Renault Luca de Meo, a pris le contre-pied des autres géants français et allemands opérant dans le même secteur (Stellantis, Mercedes, BMW, Audi, Ford…), en les appelant à s’allier avec les constructeurs chinois dans une logique de coopération mutuelle, tout en fixant les modalités d’un partenariat gagnant-gagnant de longue durée.
Et loin de ces préoccupations d’ordre stratégique, bien confortés dans leur ambition d’atteindre l’excellence, les concepteurs de voitures électriques rivalisent d’ingéniosité pour repousser toutes les limites du possible en termes de performances techniques et d’efficacité énergétique.
Au rythme de leur inépuisable inspiration, ils s’attèlent à rendre totalement désuète la vieille et traditionnelle mécanique automobile, toujours aussi gourmande en hydrocarbures (diesel, essence, gaz), et responsable majeure de l’indélébile pollution atmosphérique qu’elle répand insidieusement sur toute la planète.
Par ailleurs, céder au charme et aux sirènes de la voiture électrique, relève bien d’une décision courageuse et murement réfléchie, qui au-delà de toute motivation écologique, invite tout acquéreur potentiel à expérimenter une technologie à la fois révolutionnaire et attractive, faisant fi de toutes les fausses craintes circulant à son encontre.
Des rumeurs au demeurant sans fondement, délibérément propagées par une farouche minorité de réfractaires en manque d’inspiration, toujours aussi attachés au rugissement de leur moteur à combustion et son incomparable capacité d’autonomie. Sur ce dernier point en particulier, il est utile de noter que les capacités d’autonomie actuellement proposées sur le marché, caracolent aux alentours de 600 km en cycle WLTP, correspondant à une charge complète de100 kWh de densité de batterie.
Raisonnablement, aurions-nous vraiement besoins de plus de stockage si la moyenne de nos déplacements urbains ne dépasse guerre les 100 km par jour. Elon Musk, pionnier en la matière, recommande d’adapter le chois des véhicules à la réalité des besoins propres en trajets à parcourir, et d’éviter ainsi les capacités excessives remettant en cause les gains de productivité escomptés.
Sur un autre front, cette fois purement technique, c’est sur l'asphalte qu’une confrontation directe peut rapidement faire la différence entre les deux modes de propulsion, électrique vs thermique.
Les principaux indicateurs de référence à mettre en concurrence sont : la puissance motrice exprimée en nombre de chevaux (Ch), et la vitesse de rotation donnée par le couple moteur en newton mètres (Nm). Les deux valeurs permettant une appréciation concluante sur le niveau d’efficacité et de performance de chaque type de motorisation. Et à ce sujet, le constat est sans appel : la puissance et le rendement d’un moteur électrique sont au minimum deux fois plus élevés que ceux d’un moteur thermique.
Au final, techniquement il n’y a pas photo, autant comparer un TGV à une locomotive à vapeur du siècle dernier.
Et quid de la question principale relative aux prix à l’achat des véhicules électriques jugés encore assez élevés par rapport à leurs homologues thermiques ? D’aucuns prédisent que les courbes de prix finiront par se croiser, voire même s’inverser au cours de la prochaine décennie, à l’approche du rendez-vous fatidique sifflant la fin de l’ère thermique.
Enfin, pour faire suite à l’allusion faite au début de l’article, tout n’est toujours pas dit sur la voiture électrique. Le sujet qui abonde en questionnements légitimes sur des enjeux aussi majeurs, demeurera certainement à l’affût d’autres avancées technologiques à avenir.
Une chose est sûre : entre idées reçues et réalités du terrain, l’univers de la voiture électrique n’a pas fini de nous surprendre. Restons tous confiants en un futur vert, durable et définitivement électrisant.
Alors, sommes-nous prêts à prendre le volant de la transition énergétique et relever tous les défis ?
Par Jamal Benaddou Idrissi
Débat - Podcast : les chroniqueurs de la Web Radio débattent des idées contenues dans cet article ci-dessus à travers ces questions :
Comment l'UE gère-t-elle la transition énergétique automobile ?
Quels défis technologiques et environnementaux restent à surmonter ?