Voici les douze travaux de Walid Regragui


Rédigé par le Jeudi 1 Septembre 2022

Walid Regragui a officiellement succédé à Vahid Halilhodzic à la tête de la sélection nationale de football, ce mercredi, et la tâche s’annonce des plus ardues pour lui. Voici les 12 travaux qui attendent le nouveau boss des Lions de l’Atlas.



Une image à restaurer

Cela ne fait nul doute: il y a un profond désamour entre les Marocains et leur équipe nationale. Lassés par les éliminations précoces à la chaîne en Coupe d’Afrique des Nations et les maigres participations à la Coupe du Monde, les supporters nourrissent des doutes profonds sur ces Lions de l’Atlas, très loin de leur lustre d’antan. Walid Regragui devra redorer le blason en comblant les lacunes, en relevant globalement le niveau de l’équipe et en imposant un style marocain propre. Signer un premier exploit (survoler les matchs amicaux de septembre? Ou mieux encore, passer le premier tour de la Coupe du Monde 2022?) serait une manière idéale de jeter la première pierre de l’édifice et s’imposer comme le maître de la situation.

Consommer local

C’est une question existentielle au sein de la sélection. Le joueur local, c’est-à-dire issu de la Botola Pro Inwi, aura-t-il jamais entièrement sa place dans le onze national? Qui de mieux que Walid Regragui, dernier entraîneur du Wydad de Casablanca et champion en titre du Maroc et d’Afrique, pour entériner le retour en force des locaux? Les joueurs de la Botola, il les connaît bien pour les avoir affrontés. Il est pleinement conscient du niveau de notre championnat et ne se privera donc certainement pas de certaines têtes d’affiche de la Botola.

Se faire respecter par Ziyech

Depuis son choix pour le Maroc au détriment des Pays-Bas, son pays de naissance, Hakim Ziyech a constamment été en conflit avec le sélectionneur à la tête des Lions de l’Atlas. Hervé Renard, Vahid Halilhodzic... Tous ont eu à subir l’humeur changeante du milieu de terrain de Chelsea et ses états d’âme. Il a notamment tiré un trait sur deux éditions de la Coupe d’Afrique des Nations (2017 puis 2021) pour des questions d’égo et des brouilles. Walid Regragui, ancien de la tanière, binational, âgé de 46 ans, présente le profil idéal pour apprivoiser le caractère flamboyant de l’ancien de l’Ajax Amsterdam. Le nouveau sélectionneur national pourrait même faire de lui un cadre indéniable et, ainsi, lui permettre de faire avancer sa situation inquiétante en club.

Gérer la presse

Les deux derniers sélectionneurs nationaux se sont fortement plaints de la pression médiatique, des attentes jamais satisfaites des représentants des médias et leurs critiques pointilleuses. Walid Regragui devra communiquer malin, se montrer disponible, répondre aux questions (même les plus acerbes) avec la hargne et le parler si particulier qu’on lui connait. Il devra aussi se dresser contre les critiques hâtives et injustifiées, en plus de se montrer coriace... au cas où les résultats ne suivent pas.

A l’attaque!

Un des principaux reproches faits à Vahid Halilhodzic était que l’attaque des Lions de l’Atlas n’a rien de flamboyant. Peu inspirée et peu efficace, elle inquiète depuis bien trop longtemps. Changements constants, blessures à répétitions avant les grandes compétitions internationales, faible entente entre les joueurs... Le secteur offensif des Lions de l’Atlas n’a rien de rassurant. Walid Regragui devra exploiter pleinement ses ressources, ou peut-être dénicher la perle rare (Amine Salama?). Voilà un problème de taille, un vrai, auquel il faudra remédier au plus vite, pour démarrer sur les chapeaux de roue.

Les agents loin de la tanière

Il faut crever l’abcès, remédier au mal. Un agent ou représentant de joueurs n’a rien à faire en sélection et n’a pas à imposer quoi que ce soit à qui que ce soit au sein de la tanière. Walid Regragui, maitre de ses décisions et chef ultime au sein de la sélection, ne devrait pas accorder un rôle autre aux agents. Il aurait d’ailleurs conseillé à Achraf Dari de rejoindre le Stade Brestois, alors que celui-ci disposait d’alléchantes offres émanant du Golfe, proposées par certains agents. Preuve que le volet sportif reste primordial pour lui, quant il s’agit de jeunes joueurs à fort potentiel. Il devra prendre ses décisions envers et contre tous.
Gérer les égos
Combien de fois, quelques minutes après l’annonce d’une liste, plusieurs joueurs ont crié au scandale et parlé d’injustice, dans des messages critiques sur les réseaux? Dorénavant, cela n’est plus acceptable. Walid Regragui devra expliquer aux absents les raisons de leur non-convocation. Baisse de forme, faible temps de jeu, choix technique... Il faudra se montrer clair et rappeler que personne n’est indispensable au sein de la tanière. L’Equipe nationale n’est pas une arène et une guerre d’égos n’est pas acceptable sous l’ère Regragui. Place à la droiture et au fair-play.

Main dans la main avec la DTN

Pas plus tard que le 29 juillet 2022, le Belge Chris Van Puyvelde a été désigné nouveau directeur technique national du Maroc. Une nomination qui arrive seulement un mois avant celle de Regragui. Les deux hommes devront ainsi travailler ensemble sur différents volets, comme la prospection dans les équipes de jeunes, la recherche d’internationaux, etc. Le Belge ayant exercé, auparavant, en tant que manager ou entraîneur assistant dans plusieurs clubs, et ce, depuis 1993, les deux hommes devraient s’entendre.

Une autorité à reconquérir

Walid Regragui est désormais le sélectionneur des Lions de l’Atlas, les grandes décisions ne reviennent qu’à lui. Lui seul peut écarter untel, en ramener un autre, convoquer ou pas un joueur. C’est lui et lui seul qui dresse ses listes. Ses adjoints doivent lui prêter main forte, l’épauler, le conseiller, mais sans plus. Walid Regragui doit demeurer maitre de la situation et ses adjoints doivent connaître leur place. La symbiose au sein du staff technique des Lions de l’Atlas est essentielle aux bons résultats et aux bonnes performances.

Une identité de jeu

En Afrique, on parle d’un style égyptien, ghanéen, ou sénégalais, mais jamais d’une identité de jeu à la marocaine. Il faudra poser des bases solides, créer une entente parfaite entre les éléments nationaux et avoir notre propre signature. Celle d’une sélection aux fortes individualités et au collectif fort. Walid Regragui a proposé une version séduisante du Wydad de Casablanca, cette saison, et pourrait en faire autant au niveau des Lions de l’Atlas. Une équipe imposante, bien ficelée et plaisante à regarder.

Trouver un latéral gauche

C’est le poste le plus problématique en sélection nationale depuis plusieurs années. Le Maroc ne dispose pas d’un latéral gauche digne de ce nom, et ce, depuis plus d’une décennie. Hamza Mendyl, Adam Masina, Yahia Attiyat Allah, Souffian El Karouani... Y a-t-il seulement un arrière gauche à même de se frayer une place au sein de la tanière, dans la durée, et d’équilibrer la défense des Lions tout en offrant des solutions offensives? Voilà un des grands chantiers de Walid Regragui à l’approche du Mondial 2022 et de la CAN 2023. Parviendra-t-il à conjurer le mauvais sort après des années de tracas?

Gagner un titre

Le dernier titre continental de la sélection nationale remonte à 1976 et sa dernière finale à 2004. Les Lions de l’Atlas, perpétuellement annoncés comme favoris des Coupes d’Afrique des nations, n’en ont pas vu une demi-finale depuis... 18 ans. Pendant longtemps, ils quittaient même les CAN dès le premier tour. Pour réconcilier définitivement les Marocains avec leur sélection, il faut soulever un trophée majeur, ou s’offrir une réalisation massive. Walid Regragui devra marquer les esprits, et rapidement, car le supporter est aussi exigeant qu’impatient. Et avant la CAN ivoirienne de janvier 2024, il y a la Coupe du monde (20 novembre-18 décembre 2022). Walid Regragui suscitera-t-il la surprise générale en accédant au second tour du tournoi mondial, comme ce fut le cas il y a 36 ans?


LODJ avec Le360.ma




Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 1 Septembre 2022
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