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Par Ismael Sy journaliste, critique politique
Étant inscrit dans une course de fond, Moscou n' a pas de calendrier de résultat, comme le notifiait George kennan dans son télégramme, la force soviétique est résiliente et prête à faire un repli stratégique pour mieux atteindre son objectif.
Plus de trois décennies après sa capitulation face à l'Amérique, aujourd'hui le Kremlin au travers d'actions coordonnées est en train de construire le glacier soviétique.
En novembre 2019, l'on se rappelle du forum de Sotchi, qui a mobilisé bon nombre d'acteurs politiques du continent africain y compris un parterre d'agitateurs prêt à se mettre aux ordres de Moscou. Le pronunciamiento d'une des participantes qui a fait le tour des groupes numériques anti-français et américain en Afrique a été pour nous observateurs le point de démarrage du grand projet Russie-Afrique.
Pilotage automatique des activistes africains, financements de média de propagande russe, opérations militaires, prise de contrôle de l'opinion africaine, construction de l'alternative russe dans l'imaginaire social...le réseau Prigojine, bras armée de la diplomatie du kremlin en Afrique conduit un vaste programme dont l'objectif est claire et affirmé.
Cependant la lecture réelle est que la Russie dans cette opération de séduction-installation en Afrique, au lieu de miser sur la masse, a décidé de miser sur les populistes. Ce qui démontre clairement qu'elle n'est pas dans une logique de création de valeur mais juste dans une perspective de rente.
L’enjeu n’est pas de créer un partenariat équilibré avec l’Afrique mais juste une opération hold-up sur fond de guerre froide avec l’Occident.
En plus d’être une réserve de ressource à portée de main, le continent est pour la Russie une chaire à canon en cas de confrontation militaire. Riche de sa jeunesse, le pari sur cette dernière et surtout le gros travail de manipulation de masse axé sur cette frange démontre leur position non négligeable dans la diplomatie du Kremlin.
L’enjeu est clair : comme c'était le cas sous l’ère Staline, la Russie d’aujourd’hui est dans un vaste projet de mise en place d’un empire.
La création d’un ordre dominé par la pensée soviétique, notamment la gestion autocratique de la cité sans partage.
L’instauration des militaires à la tête de certains États démontre fatalement les enjeux de cette percée russe. Comme en Pologne ou à Cuba, le procédé est le même: faire parler la force et tracer sa vision du monde.
Cependant, la Russie comme dans le passé dispose d’une véritable faiblesse: La ressource financière. Avec des moyens limités, elle ne peut qu'alimenter certains réseaux mais ne peut changer au travers d’importants investissements les problématiques de développement du continent.
L’immigration clandestine, la pauvreté, le chômage, l’insécurité…
Plaçant des mots stériles devant ces problèmes, la Russie est aujourd’hui dans une dynamique de diversion. Détourner le continent sur sa construction en alimentant le narratif du sentiment anti/français ou du cancer occidental. Elle n’a pas les moyens de soutenir les économies africaines.
Nous pensons qu’il faut activer un plan pour sauver le partenariat Afrique/Europe.
Il faut investir dans la jeunesse africaine pour contrer les opérations russes.
Comme le président Truman avec son plan Marshall pour stopper la cooptation russe en Europe à l’époque, l’Europe doit prendre des décisions courageuses en direction de l’Afrique.
Dans cette vision mondiale binaire imposée par les relais du réseau Prigojine, nous pensons que le mal en la personne de l’Occident dessiné par Moscou est une poudre aux yeux. Cette stratégie simpliste de se positionner en héros ou en sauveur est un scénario qui ne doit plus fonctionner en Afrique. Bien vrai que dans ce contexte mondial nouveau, des corrections de sens s'imposent dans les rapports entre Etats, il nous incombe cependant d’éviter de tomber dans les démarches de passion et de mauvaise appréciation de la scène internationale.
L’élite occidentale doit saisir le vrai message de la jeunesse africaine dans ce contexte électrique alimenté par Moscou. Contexte d’ailleurs qui sert leurs intérêts peu catholiques. Il s’agit d’avoir le minimum vital. Une société qui peut répondre aux besoins élémentaires de dignité humaine. Ces milliers de jeunes qui risquent leur vie dans la méditerrané ne vont pas seulement pour le charme de Paris ou de Bruxelles.
Ils y vont pour la sécurité sociale. Depuis le 20e siècle, le matérialisme social a toujours guidé les mouvements humains. Le problème est connu : ce n’est ni une question de démocratie ou de France encore moins de FCFA, c’est une question de survie dans cette société africaine où la laideur sociale est une réalité.
Il est question d’investir dans l’humain au lieu de financer des barrières de plusieurs mètres de haut censées protéger les frontières. Cette crise de confiance entre l’Afrique et l’occident ne peut que se régler par des actions de cœur.
Le Covid a montré l’interdépendance des Etats. Dans ce leadership mondial, il faut avoir le courage d'affronter réellement les problèmes du monde dans leur ensemble.
L’Afrique et l’occident ne doivent pas seulement se retrouver sur le terrain de la coopération économique. Si tant est que nos matières premières sont importantes pour l’économie mondiale, nos réalités devraient également intéresser l'élite mondiale.
Au lendemain de la 2e guerre mondiale, le président Truman avait compris que l’Amérique ne pouvait demeurer le seul pôle de richesse. Il fallait donc soutenir l’Europe pour éviter que la richesse de l’Amérique ne soit décroissante.
Avec l’Afrique nous estimons qu’en soutenant le continent, l’occident par ricochet soutient l’économie mondiale. C’est ce déséquilibre qui à mon sens alimente la crise de l’immigration, la ruée vers le Djihadisme dans la région du Sahel et de surcroît cette facilité d'endoctrinement.
Il n’y a pas de système parfait mais le risque est que les dysfonctionnements sans alternative réelle peuvent ouvrir la voie à des risques dévastateurs.
Ismael Sy
Plus de trois décennies après sa capitulation face à l'Amérique, aujourd'hui le Kremlin au travers d'actions coordonnées est en train de construire le glacier soviétique.
En novembre 2019, l'on se rappelle du forum de Sotchi, qui a mobilisé bon nombre d'acteurs politiques du continent africain y compris un parterre d'agitateurs prêt à se mettre aux ordres de Moscou. Le pronunciamiento d'une des participantes qui a fait le tour des groupes numériques anti-français et américain en Afrique a été pour nous observateurs le point de démarrage du grand projet Russie-Afrique.
Pilotage automatique des activistes africains, financements de média de propagande russe, opérations militaires, prise de contrôle de l'opinion africaine, construction de l'alternative russe dans l'imaginaire social...le réseau Prigojine, bras armée de la diplomatie du kremlin en Afrique conduit un vaste programme dont l'objectif est claire et affirmé.
Cependant la lecture réelle est que la Russie dans cette opération de séduction-installation en Afrique, au lieu de miser sur la masse, a décidé de miser sur les populistes. Ce qui démontre clairement qu'elle n'est pas dans une logique de création de valeur mais juste dans une perspective de rente.
L’enjeu n’est pas de créer un partenariat équilibré avec l’Afrique mais juste une opération hold-up sur fond de guerre froide avec l’Occident.
En plus d’être une réserve de ressource à portée de main, le continent est pour la Russie une chaire à canon en cas de confrontation militaire. Riche de sa jeunesse, le pari sur cette dernière et surtout le gros travail de manipulation de masse axé sur cette frange démontre leur position non négligeable dans la diplomatie du Kremlin.
L’enjeu est clair : comme c'était le cas sous l’ère Staline, la Russie d’aujourd’hui est dans un vaste projet de mise en place d’un empire.
La création d’un ordre dominé par la pensée soviétique, notamment la gestion autocratique de la cité sans partage.
L’instauration des militaires à la tête de certains États démontre fatalement les enjeux de cette percée russe. Comme en Pologne ou à Cuba, le procédé est le même: faire parler la force et tracer sa vision du monde.
Cependant, la Russie comme dans le passé dispose d’une véritable faiblesse: La ressource financière. Avec des moyens limités, elle ne peut qu'alimenter certains réseaux mais ne peut changer au travers d’importants investissements les problématiques de développement du continent.
L’immigration clandestine, la pauvreté, le chômage, l’insécurité…
Plaçant des mots stériles devant ces problèmes, la Russie est aujourd’hui dans une dynamique de diversion. Détourner le continent sur sa construction en alimentant le narratif du sentiment anti/français ou du cancer occidental. Elle n’a pas les moyens de soutenir les économies africaines.
Nous pensons qu’il faut activer un plan pour sauver le partenariat Afrique/Europe.
Il faut investir dans la jeunesse africaine pour contrer les opérations russes.
Comme le président Truman avec son plan Marshall pour stopper la cooptation russe en Europe à l’époque, l’Europe doit prendre des décisions courageuses en direction de l’Afrique.
Dans cette vision mondiale binaire imposée par les relais du réseau Prigojine, nous pensons que le mal en la personne de l’Occident dessiné par Moscou est une poudre aux yeux. Cette stratégie simpliste de se positionner en héros ou en sauveur est un scénario qui ne doit plus fonctionner en Afrique. Bien vrai que dans ce contexte mondial nouveau, des corrections de sens s'imposent dans les rapports entre Etats, il nous incombe cependant d’éviter de tomber dans les démarches de passion et de mauvaise appréciation de la scène internationale.
L’élite occidentale doit saisir le vrai message de la jeunesse africaine dans ce contexte électrique alimenté par Moscou. Contexte d’ailleurs qui sert leurs intérêts peu catholiques. Il s’agit d’avoir le minimum vital. Une société qui peut répondre aux besoins élémentaires de dignité humaine. Ces milliers de jeunes qui risquent leur vie dans la méditerrané ne vont pas seulement pour le charme de Paris ou de Bruxelles.
Ils y vont pour la sécurité sociale. Depuis le 20e siècle, le matérialisme social a toujours guidé les mouvements humains. Le problème est connu : ce n’est ni une question de démocratie ou de France encore moins de FCFA, c’est une question de survie dans cette société africaine où la laideur sociale est une réalité.
Il est question d’investir dans l’humain au lieu de financer des barrières de plusieurs mètres de haut censées protéger les frontières. Cette crise de confiance entre l’Afrique et l’occident ne peut que se régler par des actions de cœur.
Le Covid a montré l’interdépendance des Etats. Dans ce leadership mondial, il faut avoir le courage d'affronter réellement les problèmes du monde dans leur ensemble.
L’Afrique et l’occident ne doivent pas seulement se retrouver sur le terrain de la coopération économique. Si tant est que nos matières premières sont importantes pour l’économie mondiale, nos réalités devraient également intéresser l'élite mondiale.
Au lendemain de la 2e guerre mondiale, le président Truman avait compris que l’Amérique ne pouvait demeurer le seul pôle de richesse. Il fallait donc soutenir l’Europe pour éviter que la richesse de l’Amérique ne soit décroissante.
Avec l’Afrique nous estimons qu’en soutenant le continent, l’occident par ricochet soutient l’économie mondiale. C’est ce déséquilibre qui à mon sens alimente la crise de l’immigration, la ruée vers le Djihadisme dans la région du Sahel et de surcroît cette facilité d'endoctrinement.
Il n’y a pas de système parfait mais le risque est que les dysfonctionnements sans alternative réelle peuvent ouvrir la voie à des risques dévastateurs.
Ismael Sy