A lire ou à écouter en podcast :
Rédigé par Allal Amraoui
Covid 19, épreuve sanitaire et économique
La pandémie de COVID-19 est sans aucun doute, la plus grande épreuve subie par notre monde depuis des décennies. Au fur et à mesure que la transmission interhumaine de la COVID-19 se démultipliait, les systèmes nationaux et internationaux de santé, de surveillance et de riposte se sont effondrés, aussi bien dans les pays riches que dans les pays pauvres. C’est très clair que pour plus ou moins combattre la pandémie de la Covid-19, il faut avoir une immunité soit naturelle, soit acquise. Reste donc l’immunité acquise et les espoirs d’une fin de pandémie et de retour à une vie normale qui reposent désormais plus sur un vaccin que sur la découverte de traitements qui seraient en mesure de soigner la Covid-19.
Réels espoirs et vigilance
Aujourd’hui plus de 200 projets de vaccins contre le Covid-19 sont en cours à travers le monde. Si le but recherché par les vaccins anti-Covid est le même, leurs modes de fabrication varient, leurs efficacités et leurs risques aussi. La production étant lancée en parallèle des essais , il va falloir passer par le tunnel de la certification administrative des autorités sanitaires d'éventuels pays acheteurs . En attendant, L’Organisation mondiale de la santé tente de freiner l’optimisme qui est en train de naître un peu trop rapidement à la suite des annonces sur les vaccins contre le Covid-19, elle conseille de rester vigilants et de ne pas relâcher les mesures sanitaires, il faudra « au moins quatre à six mois avant qu’il y ait des niveaux suffisants de vaccination où que ce soit ».
Notre pays s’est inscrit en pole position pour être l’un des premiers servis, et ceci est une grande chance dont nous pouvons être fiers. Signalons que pour les besoins jugés urgents, les deux vaccins expérimentaux anti-Covid de la firme chinoise Sinopharm ont déjà été administrés « en urgence » à près d’un million de personnes, sans retours faisant état de réactions indésirables graves et aucune de ces personnes inoculées n’a attrapé le Covid-19, même si elles se sont rendues « dans plus de 150 pays » selon la compagnie. L’OMS insiste sur l’objectif que chaque pays soit en mesure de vacciner 20% de sa population d'ici à la fin 2021. Le vaccin contre la Covid-19 ne devant pas être un bien commercial, mais un bien public mondial, accessible le plus rapidement au plus grand nombre.
Et pour contrer les intérêts égoïstes de chaque pays, l'OMS a donc lancé avec GAVI, la plateforme Covax, qui regroupe des gouvernements, des scientifiques, des membres de la société civile et du secteur privé, incluant les pays africains, et visant à s'assurer une répartition juste et équitable du vaccin. La plus part des pays se proposent de vacciner en premier les catégories les plus exposées, les personnels de première ligne comme les soignants, les autorités publiques et les forces de sécurité, ainsi que les personnes âgées ou vulnérables au virus, avant que la vaccination soit élargie à tous les adultes.
Nécessaire adhésion de tous les citoyens
Pour notre pays le Maroc, l’urgence est bel et bien là, on en est bien conscients. Urgence sanitaire d’abord car le pays est confronté à une recrudescence de la pandémie, accentuant la pression sur nos hôpitaux déjà rudement mis à l’épreuve. L’autre alternative est de tout miser et parier à l’instar des grandes nations sur la vaccination pour vaincre la Covid-19. L’annonce royale nous a tous rassurés quand à la capacité de notre pays à se positionner dans la course mondiale à l’acquisition des vaccins.
A l’inverse de beaucoup de pays dont la France, le Maroc a toujours estimé que l’obligation vaccinale est contre-productive. A grande envergure, elle s’avère le meilleur moyen d’atteindre une immunité de la population, et est nécessaire pour que le Covid-19 ne revienne pas. Reste, même avec un vaccin très efficace, sûr et pouvant être fabriqué, il n'a de valeur pour la santé publique que s'il parvient effectivement aux personnes qu'il doit protéger et s'il est largement utilisé par les populations. Les théories complotistes alléguant par exemple qu'un vaccin contre le Covid servira à implanter une puce électronique sont également particulièrement présentes sur les réseaux sociaux dans le monde.
Cette ambiance risque en effet d’encourager la réticence de la population au vaccin et pourrait freiner la couverture vaccinale.
Dilemme: protéger la santé publique et respecter le libre choix de l’individu
La question de rendre obligatoire le vaccin anti-Covid ou pas est d’actualité, il faudra en discuter en cas de nécessité. La pandémie Covid-19 a déjà conduit le gouvernement à décréter l'état d'urgence sanitaire qui investit l’Etat de larges prérogatives, afin de prendre des mesures exceptionnelles appropriées, pour empêcher l’aggravation de l’état épidémique de la maladie et de mobiliser toutes les ressources disponibles pour protéger la vie des personnes et assurer leur sécurité. Décréter l’obligation de vaccin pourrait aussi nourrir la théorie de « plan caché de vaccination » des antivax, et peut à l’instar de l’obligation du port du masque ne pas être suffisant, car il faudra pouvoir assurer le respect de cette obligation. L’adhésion donc de la population est incontournable, et il faut savoir que la communication est une chose essentielle avant toute campagne de vaccination de masse, afin de clarifier aux citoyens tous les aspects liés au processus de vaccination pour assurer leur implication et instaurer un climat de confiance, et contrer les voies réticentes loin de toute théorie de complot.