Par Adnan Debbarh
Certaines vieilles habitudes collent à la peau du quotidien français Le Monde. Il a beau inviter l’Occident à se défaire de sa mentalité impérialiste, à prendre en compte les bouleversements majeurs que connaît le monde, à se mettre à l’écoute de l’autre, tout en dénonçant sa propension à conférer une valeur universelle à sa propre vision, à confondre ses règles de droit avec la Justice et à nier l’altérité. Il a fini par tomber dans les mêmes travers que cet Occident, refusant d’assumer ses scories coloniales, avec leur cortège de turpitudes, de peur de réveiller ses vieux démons.
Représentant d’une gauche bien-pensante et eurocentriste, Le Monde, pour ne pas trop se mouiller dans certains dossiers délicats à la charge historique lourde, semble avoir trouvé l’astuce pour demeurer dans son conservatisme sans en avoir l’air confier à une tierce personne, originaire d’une zone de conflit hérité du colonialisme, de préférence avec un titre ronflant, le soin de prononcer l’oracle et de défendre les vieux réflexes conservateurs. Ainsi, le journal fait d’une pierre deux coups: ne pas se dévoiler tout en crédibilisant le témoignage, puisque «le témoin est issu des rangs des concernés».
La mission de défendre le temple du vieux droit international et de prêcher la bonne parole a, une fois de plus, été confiée à une chercheuse, spécialiste du Maghreb et portant un nom bien maghrébin: Khadija Mohsen-Finan. Une fois de plus, car malgré l’échec de sa proposition, bien ringarde, formulée il y a quelques mois, d’organiser une «Conférence internationale sur le Sahara» et les critiques qu’elle a essuyées pour ses idées dépassées et ses références en décalage avec la dynamique actuelle du dossier du Sahara, elle revient à la charge et persiste à faire la leçon.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que Le Monde fasse à nouveau appel à sa «chercheuse» préférée pour traiter du dossier du Sahara?
Après des années d’hésitations feintes, la France a finalement quitté sa zone grise en reconnaissant les droits historiques du Maroc sur son Sahara, le maintien de sa position antérieure étant devenu manifestement contre-productif pour ses intérêts géostratégiques, politiques et économiques dans la région.
La clarification de la position officielle de la France semble avoir perturbé certains milieux dans ce pays. Ces milieux, bien que conscients des faiblesses structurelles de l’Algérie et des lourdes hypothèques qui pèsent sur son avenir, espéraient le maintien d’une position française moins tranchée. Non pas par incapacité à reconnaître les intérêts à long terme de la France -il ne faut pas être un aigle pour comprendre que ces intérêts se trouvent du côté du Maroc-, mais par manque de courage politique à assumer la fin d’une époque et le début d’une autre au sein du Maghreb.
La France a désormais, plus que jamais, besoin d’un Maroc fort dans un Maghreb instable. Un Maroc qui, en l’absence d’une rente pétrolière, a dû conquérir ses avancées à la sueur du front, se forgeant ainsi une solide carapace.
Que pouvait bien avancer «le quotidien du soir» pour exprimer son agacement face à l’abandon de ses amis algériens par une diplomatie française dont les positions s’écroulent comme un château de cartes en Afrique?
Il a été fait appel à Mohsen-Finan afin de faire la leçon et rappeler à la France comment elle se serait rendue coupable de contournement du bon vieux droit international dans sa nouvelle prise de position favorable au Maroc.
Tout d’abord, posons la question: de quel droit international parle Khadija Mohsen-Finan? Sans doute, le droit international déjà présent au congrès de Berlin de 1884, où l’Afrique fut dépecée -n’oublions pas qu’elle affectionne les conférences internationales. Ce droit international qui a été confectionné dans les officines coloniales pour justifier les plus abominables injustices contre des populations entières, soumises par le glaive et l’épée. Ce droit international confectionné sur mesure pour tracer des frontières factices, laissées ensuite telles quelles après le départ précipité des colonisateurs, au détriment des aspirations à l’unité des peuples.
Mme Mohsen-Finan n’hésite pas à défendre une vision du droit international anachronique et déconnectée des réalités actuelles. Elle oublie au passage d’autres écoles de droit international plus en phase avec les évolutions contemporaines, en particulier dans un contexte où les États cherchent à résoudre des conflits historiques par des moyens diplomatiques innovants. Elle refuse d’envisager une évolution du droit international permettant de mieux refléter les dynamiques actuelles, les nouvelles réalités géopolitiques, les droits des peuples à l’unité et les nouvelles formes de souveraineté.
En proposant le projet d’autonomie pour le Sahara, le Maroc a fait preuve d’imagination et d’innovation dans la résolution des conflits de manière pacifique. En ce sens, il a posé les bases d’une adaptation du vieux droit international aux réalités nouvelles -réalités qui ne semblent pas convenir au «grand quotidien du soir» et à sa nostalgique chercheuse, spécialisée dans le Maghreb d’antan.
Par Adnan Debbarh initialement sur https://fr.le360.ma/
Représentant d’une gauche bien-pensante et eurocentriste, Le Monde, pour ne pas trop se mouiller dans certains dossiers délicats à la charge historique lourde, semble avoir trouvé l’astuce pour demeurer dans son conservatisme sans en avoir l’air confier à une tierce personne, originaire d’une zone de conflit hérité du colonialisme, de préférence avec un titre ronflant, le soin de prononcer l’oracle et de défendre les vieux réflexes conservateurs. Ainsi, le journal fait d’une pierre deux coups: ne pas se dévoiler tout en crédibilisant le témoignage, puisque «le témoin est issu des rangs des concernés».
La mission de défendre le temple du vieux droit international et de prêcher la bonne parole a, une fois de plus, été confiée à une chercheuse, spécialiste du Maghreb et portant un nom bien maghrébin: Khadija Mohsen-Finan. Une fois de plus, car malgré l’échec de sa proposition, bien ringarde, formulée il y a quelques mois, d’organiser une «Conférence internationale sur le Sahara» et les critiques qu’elle a essuyées pour ses idées dépassées et ses références en décalage avec la dynamique actuelle du dossier du Sahara, elle revient à la charge et persiste à faire la leçon.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que Le Monde fasse à nouveau appel à sa «chercheuse» préférée pour traiter du dossier du Sahara?
Après des années d’hésitations feintes, la France a finalement quitté sa zone grise en reconnaissant les droits historiques du Maroc sur son Sahara, le maintien de sa position antérieure étant devenu manifestement contre-productif pour ses intérêts géostratégiques, politiques et économiques dans la région.
La clarification de la position officielle de la France semble avoir perturbé certains milieux dans ce pays. Ces milieux, bien que conscients des faiblesses structurelles de l’Algérie et des lourdes hypothèques qui pèsent sur son avenir, espéraient le maintien d’une position française moins tranchée. Non pas par incapacité à reconnaître les intérêts à long terme de la France -il ne faut pas être un aigle pour comprendre que ces intérêts se trouvent du côté du Maroc-, mais par manque de courage politique à assumer la fin d’une époque et le début d’une autre au sein du Maghreb.
La France a désormais, plus que jamais, besoin d’un Maroc fort dans un Maghreb instable. Un Maroc qui, en l’absence d’une rente pétrolière, a dû conquérir ses avancées à la sueur du front, se forgeant ainsi une solide carapace.
Que pouvait bien avancer «le quotidien du soir» pour exprimer son agacement face à l’abandon de ses amis algériens par une diplomatie française dont les positions s’écroulent comme un château de cartes en Afrique?
Il a été fait appel à Mohsen-Finan afin de faire la leçon et rappeler à la France comment elle se serait rendue coupable de contournement du bon vieux droit international dans sa nouvelle prise de position favorable au Maroc.
Tout d’abord, posons la question: de quel droit international parle Khadija Mohsen-Finan? Sans doute, le droit international déjà présent au congrès de Berlin de 1884, où l’Afrique fut dépecée -n’oublions pas qu’elle affectionne les conférences internationales. Ce droit international qui a été confectionné dans les officines coloniales pour justifier les plus abominables injustices contre des populations entières, soumises par le glaive et l’épée. Ce droit international confectionné sur mesure pour tracer des frontières factices, laissées ensuite telles quelles après le départ précipité des colonisateurs, au détriment des aspirations à l’unité des peuples.
Mme Mohsen-Finan n’hésite pas à défendre une vision du droit international anachronique et déconnectée des réalités actuelles. Elle oublie au passage d’autres écoles de droit international plus en phase avec les évolutions contemporaines, en particulier dans un contexte où les États cherchent à résoudre des conflits historiques par des moyens diplomatiques innovants. Elle refuse d’envisager une évolution du droit international permettant de mieux refléter les dynamiques actuelles, les nouvelles réalités géopolitiques, les droits des peuples à l’unité et les nouvelles formes de souveraineté.
En proposant le projet d’autonomie pour le Sahara, le Maroc a fait preuve d’imagination et d’innovation dans la résolution des conflits de manière pacifique. En ce sens, il a posé les bases d’une adaptation du vieux droit international aux réalités nouvelles -réalités qui ne semblent pas convenir au «grand quotidien du soir» et à sa nostalgique chercheuse, spécialisée dans le Maghreb d’antan.
Par Adnan Debbarh initialement sur https://fr.le360.ma/