Une tranche de Sahara, M. De Mistura ?


Rédigé par le Samedi 19 Octobre 2024



La proposition farfelue de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara, Staffan De Mistura, de diviser les provinces du Sud du royaume en deux, la Sakia El Hamra pour le Maroc, le Rio De Oro (Oued Eddahab) pour le polisario, qu’il aurait discrètement formulé aux deux protagonistes, a été rejetée par les deux parties.

Mis à part le fait que ladite proposition n’est pas nouvelle, ayant été soufflée par l’ex-président algérien, Abdelaziz Bouteflika, à l’ancien envoyé personnel du SG de l’ONU, James Baker, en 2022, et déjà refusée à l’époque, c’est la manière dont De Mistura aborde le problème qui pose des questions.

Quelle vision se fait De Mistura de l’intégrité territoriale d’une entité étatique arabo-africaine ? 

Soit les provinces du Sud du royaume sont partie indivise du Maroc, soit il s’agit d’une entité à part, comme le prétend le polisario. Dans les deux cas, diviser le Sahara en deux ne relève pas d’un jugement de Salomon mais d’une stupidité qui expose le racisme qui se cache derrière.

Viendrait-il à l’idée de De Mistura de proposer aux Russes et aux Ukrainiens de se partager les républiques du Donbass, Donetsk pour l’un, Lougansk pour l’autre ? Non seulement il se ferait rire au nez, mais il ne manquerait pas de se faire vulgairement insulter par les deux parties en conflit. 

Un territoire n’est pas une tarte, que l’on divise en tranches pour satisfaire tout le monde.

Proposition de nettoyage ethnique

Le plus comique, et en même temps révélateur de la profonde ignorance de De Mistura de la sociologie des tribus « beidanes », est son idée de livrer Oued Eddahab, essentiellement peuplé de la tribu des Ouled Dlim, au polisario, dominé par les Rguibat.

Si De Mistura rêve d’une guerre fratricide entre tribus beidanes, avec un sanglant nettoyage ethnique à la clé, il n’aurait pu trouver une meilleure idée.

Imbibé de « valeurs occidentales », il n’est pas venu à l’esprit de De Mistura de demander leur avis aux habitants de Oued Eddahab. Ses oreilles auraient souffert d’entendre le sort réservé par les polisariens rguibat aux membres de la tribu Ouled Dlim qui ont eu le malheur de rejoindre les camps de la honte, à Tindouf, en Algérie.

Yanja El Khattat, ancien membre du polisario et actuel président de la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab, pourrait en dire long à De Mistura à ce sujet.

De Mistura semble, en réalité, chercher à cacher son échec dans la mission qui lui a été confié.

Echec acté, démission attendue

Où en sont les négociations pour la résolution politique de l’affaire du Sahara sous le format des tables rondes ? De Mistura n’est-il pas arrivé à convaincre les marionnettistes algériens qui tiennent les fils du polisario à s’assoir à table et discuter ?

Son prédécesseur, l’allemand Horst Köhler, y était parvenu, même si ces négociations n’ont abouti à aucun résultat. Du moins, l’ensemble des parties concernées par le conflit, Maroc, Algérie, polisario et Mauritanie ont tous été impliqués.

De Mistura aurait pu quand même essayer de pousser l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés à procéder au recensement des habitants des camps de Tindouf, en Algérie. Le pays voisin de l’Est et sa marionnette polisarienne s’y opposent farouchement. Mais là encore, De Mistura a brillé par son incompétence.

L’Irak, l’Afghanistan, le Liban, la Syrie, ce sont les pays où De Mistura a été envoyé par le SG de l’Onu pour trouver des solutions aux conflits qui déchirent ces pays. Peut-il en désigner un où il a pu réaliser un quelconque progrès ?

Nul besoin d’être un devin pour savoir quel sera le prochain acte de De Mistura : la démission.




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Samedi 19 Octobre 2024
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