Une étude met en lumière un tournant potentiel dans les tendances de fécondité au Maroc


Rédigé par AB & IA le Dimanche 7 Avril 2024

L'évolution récente des tendances de fécondité au Maroc, capturée par une étude approfondie du Policy Center For The New South (PCNS), offre une perspective unique sur les dynamiques démographiques au sein du Royaume. Sur la dernière décennie, le Maroc a témoigné d'une stagnation, voire d'une légère augmentation de ses taux de fécondité, une tendance qui tranche avec la baisse continue observée lors des décennies précédentes.



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Cette évolution soulève des questions sur les facteurs sous-jacents et leurs implications potentielles pour l'avenir démographique et économique du pays.

Depuis 2010, les statistiques révèlent une légère augmentation du nombre moyen d'enfants par femme, passant de 2,2 en 2009 à 2,4 en 2018, avant de réduire légèrement à 2,3 en 2019. Cette tendance est particulièrement marquée dans les zones urbaines, où le taux de fécondité a grimpé de 1,8 en 2010 à 2,2 en 2019. À l'opposé, les zones rurales ont vu une remontée plus modérée après une baisse constante, établissant le taux à 2,7 enfants par femme. Ces nuances entre zones urbaines et rurales sont indicatives des différents facteurs socio-économiques, culturels et éducatifs à l'œuvre.

Un facteur clé observé est le déclin de l'âge au premier mariage dans l'ensemble de la société marocaine, un phénomène qui semble avoir une influence notable sur les taux de fécondité malgré un taux élevé de prévalence contraceptive d'environ 70 %. L'accroissement de la scolarisation des filles accompagne ces tendances, bien que les femmes rencontrent toujours des difficultés pour accéder à l'activité économique hors du foyer. Ces éléments suggèrent une corrélation entre l'éducation, l'âge au mariage et la fécondité.

Il est cependant prématuré de conclure à une augmentation durable de la fécondité au Maroc. Les normes familiales actuelles et les conditions économiques et sociales semblent plutôt militer en faveur d'une fécondité modérée, avec un nombre idéal d'enfants par femme se stabilisant autour de 2,5. Cette tendance, qui n'est pas isolée au Maroc mais observée dans d'autres pays arabes, pose la question de la spécificité marocaine, notamment en comparaison avec l'Algérie et l'Égypte où la reprise de la fécondité est plus prononcée.

Les implications de ces évolutions sont multiples. D'une part, elles reflètent une transition vers des structures familiales privilégiant la qualité de vie sur la quantité, avec une préférence pour des familles moins nombreuses. D'autre part, elles posent des interrogations quant à la persistance de cette légère reprise de la fécondité et ses motivations. Les résultats du recensement de 2024 et les études qualitatives futures seront déterminants pour comprendre cette tendance et ses implications.

Dans une analyse comparative, on observe que ces tendances au Maroc s'inscrivent dans un contexte plus large de changements démographiques à l'échelle globale. Les pays développés et en développement font face à des défis similaires, avec des implications pour la planification urbaine, les politiques sociales et économiques, et la gestion des ressources. Le cas marocain illustre la complexité des dynamiques de fécondité, influencées par un éventail de facteurs socio-économiques et culturels.

Pour conclure, l'étude du PCNS met en lumière un tournant potentiel dans les tendances de fécondité au Maroc, marquant une période de transition démographique significative. Alors que le pays navigue entre tradition et modernité, les choix individuels et les contraintes économiques semblent orienter le Maroc vers une stabilisation future de sa fécondité. Cette évolution, révélatrice des transformations sociales en cours, continuera de susciter un vif intérêt parmi les démographes, économistes, et décideurs politiques, attentifs aux ramifications de ces changements sur le développement du Maroc.




Dimanche 7 Avril 2024
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