Une équipe de chercheurs a récemment mis au jour une espèce rare de mosasaure au Maroc, enrichissant notre compréhension de la biodiversité marine à la fin du Crétacé. Ce reptile marin, identifié comme un Carinodens, se distingue par des dents uniques, adaptées au broyage de proies à carapace dure. Cette découverte, réalisée dans la mine de phosphate de Sidi Chennane, dans la région de Béni Mellal-Khénifra, éclaire l'évolution remarquable des mosasaures peu avant leur extinction massive.

Mesurant entre 2 et 3 mètres, le Carinodens appartenait à un groupe primitif de mosasaures, connus pour leur diversité anatomique. Contrairement aux dents coniques et recourbées typiques de ses proches cousins, celles du Carinodens présentent une forme basse, rectangulaire et comprimée. Cette particularité témoigne d’une évolution marquée chez les mosasaures, qui ont développé une large variété de formes dentaires pour répondre à des régimes alimentaires spécialisés.

Les recherches, dirigées par le paléontologue Nicholas Longrich de l’Université de Bath et publiées dans la revue Diversity, révèlent qu’au moins 16 espèces de mosasaures coexistaient dans la région marocaine durant le Maastrichtien supérieur, il y a environ 67 millions d’années. Cette diversité exceptionnelle reflète un modèle d’hyperadaptation et d’hyperdiversité des mosasaures dans les dernières étapes du Crétacé.

Les fossiles marocains témoignent d’une grande variété de morphologies dentaires parmi les mosasaures : des dents coniques pour saisir des proies, des dents en forme de couteau pour trancher, ou encore des dents émoussées pour broyer les invertébrés à carapace dure. Les caractéristiques uniques du Carinodens, avec ses mâchoires fines et ses dents spécialisées, confirment son rôle dans cet écosystème complexe.

Cette découverte s’inscrit dans une série d’études sur la riche faune fossile des gisements marocains. En 2021, la même équipe avait révélé une autre espèce fascinante, le Xenodens calminechari, caractérisée par des dents en forme de scie, renforçant l’idée que les mosasaures étaient parmi les prédateurs marins les plus adaptés de leur époque.

Ces recherches mettent en lumière le rôle central du Maroc comme l’un des sites paléontologiques les plus importants au monde pour comprendre l’évolution des écosystèmes marins du Crétacé. Le Carinodens, par sa singularité, confirme que les mosasaures représentaient un groupe incroyablement diversifié et spécialisé juste avant leur disparition.