Par Abdeslam Seddiki
On rappelle que les IDE ont connu une phase de repli à partir de 2015. Ainsi, ils ont dégringolé de 2000 MM$ en 2015 à 1540 en 2019. Et suite à la pandémie qui a mis en quasi-arrêt la machine économique, ces investissements ont de nouveau chuté mais cette fois-ci d’une manière spectaculaire puisque leur montant ne dépasse guère 859 MM$. Un niveau aussi bas a été observé pour la dernière fois dans les années 1990 et est inférieur de plus de 30 % au creux de l’investissement qui a suivi la crise financière mondiale de 2008-2009, précise la note publiée par la CNUCED.
La baisse de l’IED s’est concentrée dans les pays développés, où les flux ont chuté de 69 % pour atteindre environ 229 MM$. Les États-Unis ont enregistré une baisse de 49 % de l’IED, tombant à environ 134 MM$. La baisse a eu lieu dans le commerce de gros, les services financiers et le secteur manufacturier. Les flux vers l’UE à 27 ont diminué de 70 % à 110 MM$ contre 373 MM$ en 2019. Rares les pays qui s’en sont bien sortis tels la Suède, l’Espagne, le Japon.
Bien que les flux d’IED vers les économies en développement aient diminué de 12 % pour s’établir à environ 616 MM$, ils représentaient 72 % de l’IED mondial, la part la plus élevée jamais enregistrée. Cette baisse a été très inégale entre les régions en développement : -37% en Amérique latine et dans les Caraïbes, -18% en Afrique et -4% dans les pays en développement d’Asie.
Alors que les pays en développement d’Asie ont bien résisté à la tempête en tant que groupe, attirant environ 476 MM$ d’IED en 2020, les flux vers les membres de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE ou ASEAN) se sont contractés de 31 % pour atteindre 107 MM$.
Par ailleurs, la Chine a été le plus grand bénéficiaire d’IED au monde, avec des flux vers le géant asiatique en hausse de 4% à 163 MM$. Les industries de haute technologie ont connu une augmentation de 11 % en 2020, et les fusions et acquisitions transfrontalières ont augmenté de 54 %, principalement dans les industries des TIC et des produits pharmaceutiques.
L’Inde, autre grande économie émergente, a également enregistré une croissance positive (13%), dopée par les investissements dans le secteur numérique.
L’analyse croisée des flux d’investissements entrants et sortants confirme bien une réalité établie sur le déséquilibre des forces au niveau mondial. C’est ainsi que parmi les vingt premiers pays destinataires, on ne trouve aucun pays arabe ou africain alors que du côté des pays émetteurs, seuls les EAU y figurent. Ce sont les pays développés et les pays émergents qui sont pour l’essentiel destinataires et émetteurs. Qui plus est, l’Afrique dans son étendue géographique et avec 20% de la population mondiale, attire moins de 3% des IDE en moyenne! Pour l’année 2020, le Continent est à la peine. Les financements de projets à l’instar des montages financiers de plusieurs partenaires pour des projets d’infrastructure ont chuté de 40 %. C’est dans ce contexte qu’il faut lire et interpréter les données relatives à notre pays.
Ainsi, d’après les données fournies par l’Office des Changes à fin novembre 2020, le flux net des IDE au Maroc a atteint 13,83 MMDH, (environ 1,5MM$) soit une baisse de 20% par rapport à la même période de l’année précédente. Ce résultat s’explique par une diminution des recettes des IDE de 23% à 23,8 MMDH, atténuée par le repli des dépenses de 27%. Cette tendance baissière s’applique également au flux net des investissements directs marocains à l’étranger (IDME) qui a reculé de plus de 4,65 MMDH. Les IDME ont ainsi atteint près de 6,8 MMDH à fin novembre, en baisse de 31,8%.
Dans l’absolu, bien qu’ils placent le Maroc dans le peloton de tête des pays africains, les flux d’IDE peuvent être considérés comme insignifiants puisqu’ils ne représentent en moyenne que 0,2% des flux mondiaux. Mais en termes relatifs, ils sont loin d’être négligeables dans la mesure où ils représentent en moyenne 10% de l’investissement global du pays et autour de 3% du PIB. Année 2020 non comprise.
Il faut donc se préparer pour l’après- Covid même si les prévisions établies pour 2021 au niveau des IDE ne dénotent pas une reprise significative. Au contraire, on s’attend de nouveau, à une baisse de 5 à 10% de ces flux. C’est dire que la concurrence va être rude. Mais notre pays a toutes les chances et suffisamment de ressorts pour devenir à la fois plus attractif (pour attirer les IDE) et plus compétitif (pour investir à l’étranger) s’il arrive à fructifier comme il se doit les atouts dont il dispose. Sachant, on ne le dira jamais assez, que l’effort doit être essentiellement au niveau national. D’où la nécessité de poursuivre les réformes structurelles et sociétales à commencer par la réforme fiscale, la moralisation des affaires en mettant fin à l’économie de rente, la moralisation de la vie publique en combattant sans merci le fléau de la corruption…
Des signaux forts doivent être envoyés pour faire savoir que le Maroc est en train de changer. Dans le bon sens s’entend.
Par Abdeslam Seddiki
La baisse de l’IED s’est concentrée dans les pays développés, où les flux ont chuté de 69 % pour atteindre environ 229 MM$. Les États-Unis ont enregistré une baisse de 49 % de l’IED, tombant à environ 134 MM$. La baisse a eu lieu dans le commerce de gros, les services financiers et le secteur manufacturier. Les flux vers l’UE à 27 ont diminué de 70 % à 110 MM$ contre 373 MM$ en 2019. Rares les pays qui s’en sont bien sortis tels la Suède, l’Espagne, le Japon.
Bien que les flux d’IED vers les économies en développement aient diminué de 12 % pour s’établir à environ 616 MM$, ils représentaient 72 % de l’IED mondial, la part la plus élevée jamais enregistrée. Cette baisse a été très inégale entre les régions en développement : -37% en Amérique latine et dans les Caraïbes, -18% en Afrique et -4% dans les pays en développement d’Asie.
Alors que les pays en développement d’Asie ont bien résisté à la tempête en tant que groupe, attirant environ 476 MM$ d’IED en 2020, les flux vers les membres de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE ou ASEAN) se sont contractés de 31 % pour atteindre 107 MM$.
Par ailleurs, la Chine a été le plus grand bénéficiaire d’IED au monde, avec des flux vers le géant asiatique en hausse de 4% à 163 MM$. Les industries de haute technologie ont connu une augmentation de 11 % en 2020, et les fusions et acquisitions transfrontalières ont augmenté de 54 %, principalement dans les industries des TIC et des produits pharmaceutiques.
L’Inde, autre grande économie émergente, a également enregistré une croissance positive (13%), dopée par les investissements dans le secteur numérique.
L’analyse croisée des flux d’investissements entrants et sortants confirme bien une réalité établie sur le déséquilibre des forces au niveau mondial. C’est ainsi que parmi les vingt premiers pays destinataires, on ne trouve aucun pays arabe ou africain alors que du côté des pays émetteurs, seuls les EAU y figurent. Ce sont les pays développés et les pays émergents qui sont pour l’essentiel destinataires et émetteurs. Qui plus est, l’Afrique dans son étendue géographique et avec 20% de la population mondiale, attire moins de 3% des IDE en moyenne! Pour l’année 2020, le Continent est à la peine. Les financements de projets à l’instar des montages financiers de plusieurs partenaires pour des projets d’infrastructure ont chuté de 40 %. C’est dans ce contexte qu’il faut lire et interpréter les données relatives à notre pays.
Ainsi, d’après les données fournies par l’Office des Changes à fin novembre 2020, le flux net des IDE au Maroc a atteint 13,83 MMDH, (environ 1,5MM$) soit une baisse de 20% par rapport à la même période de l’année précédente. Ce résultat s’explique par une diminution des recettes des IDE de 23% à 23,8 MMDH, atténuée par le repli des dépenses de 27%. Cette tendance baissière s’applique également au flux net des investissements directs marocains à l’étranger (IDME) qui a reculé de plus de 4,65 MMDH. Les IDME ont ainsi atteint près de 6,8 MMDH à fin novembre, en baisse de 31,8%.
Dans l’absolu, bien qu’ils placent le Maroc dans le peloton de tête des pays africains, les flux d’IDE peuvent être considérés comme insignifiants puisqu’ils ne représentent en moyenne que 0,2% des flux mondiaux. Mais en termes relatifs, ils sont loin d’être négligeables dans la mesure où ils représentent en moyenne 10% de l’investissement global du pays et autour de 3% du PIB. Année 2020 non comprise.
Il faut donc se préparer pour l’après- Covid même si les prévisions établies pour 2021 au niveau des IDE ne dénotent pas une reprise significative. Au contraire, on s’attend de nouveau, à une baisse de 5 à 10% de ces flux. C’est dire que la concurrence va être rude. Mais notre pays a toutes les chances et suffisamment de ressorts pour devenir à la fois plus attractif (pour attirer les IDE) et plus compétitif (pour investir à l’étranger) s’il arrive à fructifier comme il se doit les atouts dont il dispose. Sachant, on ne le dira jamais assez, que l’effort doit être essentiellement au niveau national. D’où la nécessité de poursuivre les réformes structurelles et sociétales à commencer par la réforme fiscale, la moralisation des affaires en mettant fin à l’économie de rente, la moralisation de la vie publique en combattant sans merci le fléau de la corruption…
Des signaux forts doivent être envoyés pour faire savoir que le Maroc est en train de changer. Dans le bon sens s’entend.
Par Abdeslam Seddiki