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Par Aziz Boucetta
Le terme remaniement tire son origine de la médecine, et plus spécialement du très petit monde chromosomique. Ainsi, tout remaniement du nombre ou de la structure des chromosomes est appelé anomalie chromosomique. Si on change le terme chromosome par ministre/ministère, on comprend alors qu’un remaniement ministériel est le fruit d’une anomalie dans le fonctionnement ou dans le rendu d’un gouvernement.
Si remaniement du gouvernement Akhannouch il y a, c’est que donc anomalie(s) il y a aussi. On s’y était fait, à la longue, ce qui est bien regrettable car cette équipe, dans sa très large majorité, est formée d'excellentes individualités.
Un remaniement est politique ou technique. Politique si la structure du gouvernement change, par exemple au niveau des grands portefeuilles ou des partis composant la majorité.
Dans notre cas, celui du gouvernement actuel, les grands portefeuilles ne relevant pas vraiment d’Aziz Akhannouch, si un ou plusieurs de leurs titulaires changent, la lecture sera faite en profondeur, sur le régalien, sur la conduite de la politique de l’Etat. Quant à la majorité tricéphale et tripartite, il n’y a pas de raison qu’elle change, bien que parfois, sous nos cieux, la politique a ses raisons que la raison ignore…
Il reste le changement technique, qui est bien plus probable puisque le gouvernement Akhannouch, hors ministères de souveraineté (Intérieur, Affaires étrangères, Affaires islamiques, Administration de la défense nationale…), est un gouvernement de technocrates.
Mais rien n’est simple avec cet exécutif finalement, car là où la lisibilité devient opaque est que certains ministres sont des régaliens « membres » de partis (cas de Chakib Benmoussa à l’Education nationale), d’autres sont des technos « indépendants » (comme Khalid Ait Taleb à la Santé), et d’autres encore sont plutôt régaliens, un peu technocrates, proches de partis politiques mais sans... en être membres (exemple de Fouzi Lekjaâ).
Alors un remaniement chromosomique pour changer la génétique, ou pas, d’un gouvernement qui n’en a pas trop, cela servirait à quoi ? Remplacer un ou deux ministres pour problème de santé ou grave problème d’efficacité n’est pas un remaniement, mais un ajustement ; cela ne changerait en rien le quotidien des populations.
Et remanier en profondeur est encore prématuré, sauf à reconnaître les préoccupantes erreurs de casting commises à la formation du gouvernement par Aziz Akhannouch. Un vrai remaniement, qui fasse vraiment sens, passerait par le départ de son chef, mais cela s’appelle une crise, voire un séisme, politique, ce qui est difficile dans un Maroc réputé pour sa stabilité institutionnelle.
Si remaniement du gouvernement Akhannouch il y a, c’est que donc anomalie(s) il y a aussi. On s’y était fait, à la longue, ce qui est bien regrettable car cette équipe, dans sa très large majorité, est formée d'excellentes individualités.
Un remaniement est politique ou technique. Politique si la structure du gouvernement change, par exemple au niveau des grands portefeuilles ou des partis composant la majorité.
Dans notre cas, celui du gouvernement actuel, les grands portefeuilles ne relevant pas vraiment d’Aziz Akhannouch, si un ou plusieurs de leurs titulaires changent, la lecture sera faite en profondeur, sur le régalien, sur la conduite de la politique de l’Etat. Quant à la majorité tricéphale et tripartite, il n’y a pas de raison qu’elle change, bien que parfois, sous nos cieux, la politique a ses raisons que la raison ignore…
Il reste le changement technique, qui est bien plus probable puisque le gouvernement Akhannouch, hors ministères de souveraineté (Intérieur, Affaires étrangères, Affaires islamiques, Administration de la défense nationale…), est un gouvernement de technocrates.
Mais rien n’est simple avec cet exécutif finalement, car là où la lisibilité devient opaque est que certains ministres sont des régaliens « membres » de partis (cas de Chakib Benmoussa à l’Education nationale), d’autres sont des technos « indépendants » (comme Khalid Ait Taleb à la Santé), et d’autres encore sont plutôt régaliens, un peu technocrates, proches de partis politiques mais sans... en être membres (exemple de Fouzi Lekjaâ).
Alors un remaniement chromosomique pour changer la génétique, ou pas, d’un gouvernement qui n’en a pas trop, cela servirait à quoi ? Remplacer un ou deux ministres pour problème de santé ou grave problème d’efficacité n’est pas un remaniement, mais un ajustement ; cela ne changerait en rien le quotidien des populations.
Et remanier en profondeur est encore prématuré, sauf à reconnaître les préoccupantes erreurs de casting commises à la formation du gouvernement par Aziz Akhannouch. Un vrai remaniement, qui fasse vraiment sens, passerait par le départ de son chef, mais cela s’appelle une crise, voire un séisme, politique, ce qui est difficile dans un Maroc réputé pour sa stabilité institutionnelle.
Plus importantes, bien plus significatives seraient des nominations à la haute fonction publique, cette fonction d’encadrement – étroit – de l’action gouvernementale. Les gouvernements passent et trépassent, les institutions demeurent, pourrait-on dire.
Bank al-Maghrib, le Haut-commissariat au Plan, la Cour des comptes, le Conseil de la Concurrence, le Conseil économique, social et environnemental, la Haute Autorité de la communication audiovisuel ou encore la Société nationale de radiodiffusion et de télévision, les différents Fonds et Fondations ou autres organismes stratégiques, Maghreb Arabe Presse… Autant d’institutions et d’établissements qui incarnent la continuité de l’Etat et de la politique de l’Etat, la politique générale, à ne pas confondre avec les politiques publiques.
Les salons et les sachants bruissent et frémissent, discutent et se disputent, débattent et s’ébrouent à chaque nomination à la tête de ces organismes, les médias les commentent, les réseaux persiflent et la société civile observe et opine, ou non, à ces changements.
Pour les nominations de ministres ou, un cran plus bas, de secrétaires d’Etat, un entrefilet paraît dans les médias, un ou deux coups de téléphone passés entre gens intéressés et c’est tout. Leur intérêt vient grandement, et peut-être uniquement, du fait qu’ils ont été nommés par le roi.
Les hauts cadres de la non moins haute fonction publique sont les premiers de cordée, les membres (non régaliens) du gouvernement les seconds couteaux ; quant aux troisièmes larrons, ils n’ont d’autre importance que celle, exagérée et déraisonnable, qu’ils s’accordent à eux-mêmes.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost Bank al-Maghrib, le Haut-commissariat au Plan, la Cour des comptes, le Conseil de la Concurrence, le Conseil économique, social et environnemental, la Haute Autorité de la communication audiovisuel ou encore la Société nationale de radiodiffusion et de télévision, les différents Fonds et Fondations ou autres organismes stratégiques, Maghreb Arabe Presse… Autant d’institutions et d’établissements qui incarnent la continuité de l’Etat et de la politique de l’Etat, la politique générale, à ne pas confondre avec les politiques publiques.
Les salons et les sachants bruissent et frémissent, discutent et se disputent, débattent et s’ébrouent à chaque nomination à la tête de ces organismes, les médias les commentent, les réseaux persiflent et la société civile observe et opine, ou non, à ces changements.
Pour les nominations de ministres ou, un cran plus bas, de secrétaires d’Etat, un entrefilet paraît dans les médias, un ou deux coups de téléphone passés entre gens intéressés et c’est tout. Leur intérêt vient grandement, et peut-être uniquement, du fait qu’ils ont été nommés par le roi.
Les hauts cadres de la non moins haute fonction publique sont les premiers de cordée, les membres (non régaliens) du gouvernement les seconds couteaux ; quant aux troisièmes larrons, ils n’ont d’autre importance que celle, exagérée et déraisonnable, qu’ils s’accordent à eux-mêmes.