Par Mustapha Sehimi
Voici un "Beau Livre" publié dans la collection éponyme des éditions La Croisée des Chemins, soutenu et parrainé par l'Académie du Royaume et signé par François Beaurain*. Cet auteur en a eu l'idée, un jour, alors qu'il a été comme il le dit "piqué au vif" par une première visite au cinéma Caméra de Meknès. Le projet murit, prend corps, lentement, sur la base d'un travail de recherche s'apparentant à celui d'un moine bénédictin : solliciter l'histoire, ses séquences et identifier la formation de ce patrimoine de salles tout au long du siècle dernier.
En gros, deux lots : celui des grandes salles dites "européennes", participant d'un mouvement architectural - "la salle de cinéma" comme temple du loisir au XX° siècle" ; celui des salles pour un public marocain, typiques, elles, d'un "mix" moderne et traditionnel. Un capital immatériel qui n'est pas sauvegardé aujourd'hui: tant s'en faut. Sur les 276 salles en 1980, combien en reste-t-il aujourd’hui ? Seulement 31 avec 69 écrans. Le public ? Il se réduit comme une peau de chagrin avec un total de 1.900.000 spectateurs en 2019 pour des recettes de 93 millions de DH. Amertume. Et désolation...
Nostalgie et lieux de mémoire
Cela dit, ce livre témoigne de ceci : la nostalgie d'un cinéma d'hier encore présent dans la mémoire individuelle et collective. Mais les nouvelles générations y sont-elles réceptives alors que tant de bouleversements les enserrent ailleurs avec les nouvelles technologies d'Internet.
Un tel processus a été accéléré par la pandémie Covid-19, le confinement poussant à "un monde sans salles de cinéma" comme le note dans sa préface Craig Buckley, professeur d'histoire de l'art de l'université américaine de Yale. D'où la fin d'une époque où le cinéma était de "montrer des images" à travers une histoire - sa fonction première – mais aussi et surtout un lieu et un cadre de rassemblement social. Par quartier, par ville aussi.
Le paramètre dominant aujourd'hui, structurel pourrait-on dire, dresse d'abord un diagnostic : la fragilité du cinéma. Quelle posologie alors? Sauver et conforter ce patrimoine culturel. Le nouveau ministre de la Culture, Mohamed Mehdi Bensaid ne manque sans doute ni de bonne foi ni d'allant. Il a ainsi annoncé l'ouverture de 150 salles de cinémas.
Arrivera-t-il à mobiliser les moyens et les ressources appropriés ? Ce secteur présente, par ailleurs, un certain paradoxe: autant le parc des salles de cinéma se contracte, autant l'industrie du septième art est en plein essor. A preuve, 20 longs métrages marocains en 2019, 115 courts métrages, 20 téléfilms et 125 spots publicitaires ; et, pour ce qui est de la production étrangère dans le Royaume, 22 longs métrages et des investissements de 265 millions de DH, ainsi que 16 séries télévisées totalisant 500 millions de DH.
Le cinéma au Maroc ? Un secteur attractif et où l'investissement est porteur. Mais les cinémas du Maroc ? Ils restent, eux, sur le bas -côté, alors que ce sont des "lieux de mémoire" d'un univers partagé qu'il faut protéger et raviver.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid
En gros, deux lots : celui des grandes salles dites "européennes", participant d'un mouvement architectural - "la salle de cinéma" comme temple du loisir au XX° siècle" ; celui des salles pour un public marocain, typiques, elles, d'un "mix" moderne et traditionnel. Un capital immatériel qui n'est pas sauvegardé aujourd'hui: tant s'en faut. Sur les 276 salles en 1980, combien en reste-t-il aujourd’hui ? Seulement 31 avec 69 écrans. Le public ? Il se réduit comme une peau de chagrin avec un total de 1.900.000 spectateurs en 2019 pour des recettes de 93 millions de DH. Amertume. Et désolation...
Nostalgie et lieux de mémoire
Cela dit, ce livre témoigne de ceci : la nostalgie d'un cinéma d'hier encore présent dans la mémoire individuelle et collective. Mais les nouvelles générations y sont-elles réceptives alors que tant de bouleversements les enserrent ailleurs avec les nouvelles technologies d'Internet.
Un tel processus a été accéléré par la pandémie Covid-19, le confinement poussant à "un monde sans salles de cinéma" comme le note dans sa préface Craig Buckley, professeur d'histoire de l'art de l'université américaine de Yale. D'où la fin d'une époque où le cinéma était de "montrer des images" à travers une histoire - sa fonction première – mais aussi et surtout un lieu et un cadre de rassemblement social. Par quartier, par ville aussi.
Le paramètre dominant aujourd'hui, structurel pourrait-on dire, dresse d'abord un diagnostic : la fragilité du cinéma. Quelle posologie alors? Sauver et conforter ce patrimoine culturel. Le nouveau ministre de la Culture, Mohamed Mehdi Bensaid ne manque sans doute ni de bonne foi ni d'allant. Il a ainsi annoncé l'ouverture de 150 salles de cinémas.
Arrivera-t-il à mobiliser les moyens et les ressources appropriés ? Ce secteur présente, par ailleurs, un certain paradoxe: autant le parc des salles de cinéma se contracte, autant l'industrie du septième art est en plein essor. A preuve, 20 longs métrages marocains en 2019, 115 courts métrages, 20 téléfilms et 125 spots publicitaires ; et, pour ce qui est de la production étrangère dans le Royaume, 22 longs métrages et des investissements de 265 millions de DH, ainsi que 16 séries télévisées totalisant 500 millions de DH.
Le cinéma au Maroc ? Un secteur attractif et où l'investissement est porteur. Mais les cinémas du Maroc ? Ils restent, eux, sur le bas -côté, alors que ce sont des "lieux de mémoire" d'un univers partagé qu'il faut protéger et raviver.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid