Un café bien italien, au goût marocain uniquement dans le nom
Ce n’est ni un plat fusion, ni une création conjointe : c’est un café italien… baptisé “marocchino”. Et non, il n’a rien à voir avec un riad à Marrakech. L’histoire derrière ce nom est aussi inattendue que la première gorgée de cette boisson onctueuse.
Dans les bars feutrés de Milan, les ruelles animées de Turin ou les comptoirs soignés de Bologne, il est de plus en plus commun d’entendre un client commander un “marocchino”. Il s’agit d’un petit verre élégant, miroitant trois strates : le noir profond de l’espresso, le nuage ivoire de mousse de lait, et un saupoudrage chocolaté final. Ce café, aussi esthétique que savoureux, est devenu un symbole de raffinement pour les amateurs du genre. Mais alors, pourquoi ce nom ? Et que vient faire le Maroc dans cette affaire ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le “marocchino” n’est pas né dans un café de Casablanca ni d’un croisement entre l’orientalisme et l’espresso. C’est une création 100 % italienne, conçue dans les années 1930 à Alessandria, au nord de la péninsule. Là, dans les salons de coiffure chics, un accessoire était à la mode : une bande de cuir souple et élégant, importé du Maroc et connu sous le nom de “cuir maroquin”.
Ce cuir, fait de peau de chèvre ou de mouton, se distinguait par sa teinte brun clair chaude et luxueuse. Il servait autant dans la mode que dans l’artisanat. Les baristas italiens, inspirés par cette couleur typique, ont fini par la retrouver dans le camaïeu de bruns qui se forme dans le petit verre du fameux café. Et voilà : le “marocchino” était né, non comme un hommage au pays, mais comme un clin d’œil chromatique à un matériau d’exception.
Ce qui surprend encore aujourd’hui, c’est que cette boisson n’a jamais revendiqué de lien culturel avec le Maroc. Elle est italienne dans sa recette, son usage, son moment de consommation. Mais son nom persiste comme une énigme douce-amère, entre écho exotique et souvenir de cuir. Ce n’est pas une simple étiquette : c’est un récit encapsulé dans un verre. Et il y a fort à parier que la majorité des clients italiens n’ont jamais fait le rapprochement.
Le marocchino est ainsi devenu un petit luxe quotidien, prisé pour sa finesse. Moins crémeux qu’un cappuccino, plus esthétique qu’un espresso, il se positionne comme la boisson “instagrammable” par excellence. Surtout lorsqu’il est servi dans un petit verre transparent, révélant avec soin ses couches soigneusement versées.
Ce qui rend cette histoire d’autant plus fascinante, c’est qu’il s’agit d’un cas d’école pour les spécialistes des marques : un produit purement local qui emprunte un nom exotique, non pas pour vendre du rêve, mais simplement pour traduire une ressemblance visuelle. Et pourtant, ce choix a créé une identité unique, qui intrigue, interroge, et amuse.
“C’est un branding involontairement génial”, commente un consultant en identité de marque basé à Rome. “Le marocchino est un café, une couleur, un mot doux… et un mystère en bouche.”
Peut-on imaginer un retour de la balle ? Un jour, verra-t-on au Maroc des cafés proposer leur propre “italien” ? Peut-être un “romano” — un espresso allongé à la menthe fraîche ? La boucle serait alors bouclée.
Dans les bars feutrés de Milan, les ruelles animées de Turin ou les comptoirs soignés de Bologne, il est de plus en plus commun d’entendre un client commander un “marocchino”. Il s’agit d’un petit verre élégant, miroitant trois strates : le noir profond de l’espresso, le nuage ivoire de mousse de lait, et un saupoudrage chocolaté final. Ce café, aussi esthétique que savoureux, est devenu un symbole de raffinement pour les amateurs du genre. Mais alors, pourquoi ce nom ? Et que vient faire le Maroc dans cette affaire ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le “marocchino” n’est pas né dans un café de Casablanca ni d’un croisement entre l’orientalisme et l’espresso. C’est une création 100 % italienne, conçue dans les années 1930 à Alessandria, au nord de la péninsule. Là, dans les salons de coiffure chics, un accessoire était à la mode : une bande de cuir souple et élégant, importé du Maroc et connu sous le nom de “cuir maroquin”.
Ce cuir, fait de peau de chèvre ou de mouton, se distinguait par sa teinte brun clair chaude et luxueuse. Il servait autant dans la mode que dans l’artisanat. Les baristas italiens, inspirés par cette couleur typique, ont fini par la retrouver dans le camaïeu de bruns qui se forme dans le petit verre du fameux café. Et voilà : le “marocchino” était né, non comme un hommage au pays, mais comme un clin d’œil chromatique à un matériau d’exception.
Ce qui surprend encore aujourd’hui, c’est que cette boisson n’a jamais revendiqué de lien culturel avec le Maroc. Elle est italienne dans sa recette, son usage, son moment de consommation. Mais son nom persiste comme une énigme douce-amère, entre écho exotique et souvenir de cuir. Ce n’est pas une simple étiquette : c’est un récit encapsulé dans un verre. Et il y a fort à parier que la majorité des clients italiens n’ont jamais fait le rapprochement.
Le marocchino est ainsi devenu un petit luxe quotidien, prisé pour sa finesse. Moins crémeux qu’un cappuccino, plus esthétique qu’un espresso, il se positionne comme la boisson “instagrammable” par excellence. Surtout lorsqu’il est servi dans un petit verre transparent, révélant avec soin ses couches soigneusement versées.
Ce qui rend cette histoire d’autant plus fascinante, c’est qu’il s’agit d’un cas d’école pour les spécialistes des marques : un produit purement local qui emprunte un nom exotique, non pas pour vendre du rêve, mais simplement pour traduire une ressemblance visuelle. Et pourtant, ce choix a créé une identité unique, qui intrigue, interroge, et amuse.
“C’est un branding involontairement génial”, commente un consultant en identité de marque basé à Rome. “Le marocchino est un café, une couleur, un mot doux… et un mystère en bouche.”
Peut-on imaginer un retour de la balle ? Un jour, verra-t-on au Maroc des cafés proposer leur propre “italien” ? Peut-être un “romano” — un espresso allongé à la menthe fraîche ? La boucle serait alors bouclée.
L’avis du spécialiste :
Le “marocchino” nous rappelle que les noms ont un pouvoir évocateur qui dépasse leur origine réelle. Cette boisson démontre comment l’identité perçue d’un produit peut prendre le dessus sur son essence réelle, jusqu’à créer un pont culturel inattendu entre le cuir, le café et un pays qui n’a rien demandé. Un parfait exemple de storytelling… né par accident.