L’ambition de Trias est claire : digitaliser l’économie informelle marocaine sans changer ses codes culturels. Pas besoin d’écrire, de manipuler des tableurs ou de comprendre le français technique. Il suffit de parler comme on parle dans les souks, et la machine traduit. Résultat : une application vocale intuitive, compatible avec la réalité linguistique et cognitive des petits commerçants, jusqu’ici exclus des solutions classiques.
Mais cette démocratisation numérique n’est pas sans paradoxes. Qui possède les données collectées ? Qui les monétise ? Et surtout, cette entrée en force de la tech dans les commerces de quartier ne risque-t-elle pas de standardiser des pratiques profondément humaines et résilientes ?
👹 L’avocat du diable : Une voix en darija… pour mieux vous discipliner ?
Et si Trias, derrière ses bonnes intentions d’“inclusion”, participait en réalité à la normalisation d’un monde où même le petit commerçant est prié de devenir un point de données comme un autre ? On parle d’aide vocale, mais on introduit aussi une forme de surveillance douce : chaque geste enregistré, chaque commande analysée, chaque habitude tracée. Et demain ? Crédit noté automatiquement ? Optimisation des marges ? Pressions sur les fournisseurs “non performants” ? Le langage familier ne doit pas faire oublier la logique industrielle derrière l’innovation. Une IA qui parle darija, c’est charmant. Mais si elle pense en Excel et décide pour vous, est-elle encore un outil… ou déjà un patron ?