Tragédie aux portes de Melilia


Fallait-il faire le deuil des 23 immigrés subsahariens et la blessure de dizaines de membres des forces publiques aux portes de Melilia avec pour seule accusation assignée aux défunts est qu'ils essayaient de « contrebandier l’espoir » ou du moins c’est ce que des gangs et de trafic d’êtres humains leur font miroiter, au moment où les relations maroco-espagnoles ont connu un développement remarquable, et que le Maroc a fait le choix, il y a plusieurs années d'une approche différente de la problématique de l’immigration, et qui consiste à intégrer les immigrés et de leur permettre d'avoir un certain nombre de véritables droits, surtout que le Maroc est passé de l'état d'un pays de passage à un pays d’accueil.

Adil Ben Hamza



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Cependant, les scènes d’affrontement entre les forces publiques et les migrants restent douloureuses dons son aspect humanitaire, notamment au regard de l'importance du nombre de victimes, qui explique la nature du mouvement organisé des migrants vers Melilla, et elles révèlent clairement que les réseaux d'immigration clandestine sont encerclés, et que cela implique d'énormes pertes financièrement.

La tragédie des migrants africains aux portes de Melilla révèle d'autre part, la fausseté des discours, de la rhétorique, des politiques et des gouvernements et des coups d’état, ce qui augmente le niveau de dépression dans un continent devenu, dans la majorité de ces pays, synonyme d'enfer. Et du même coup, la tragédie révèle le mensonge du monde civilisé qui a pillé, et continue, les richesses de l'Afrique, et ne trouve rien de mal à donner des leçons aux peuples et aux gouvernements du continent, parce que la tragédie de la migration ne part pas des barbelés de Melilia mais loin dans tous les pays d'Afrique sub-saharienne où la corruption est devenue une gouvernance proprement dite.

Le problème de l’immigration a toujours été examiné par les Européens comme une question de sécurité, donc plus d'investissements ont été faits dans les mesures et procédures de sécurité, alors que les dimensions de la problématique sont diversifiées. Au premier plan se trouve la lutte contre la corruption et pour l’application et le respect de la loi dans les pays d'origine avec la mise en place d'institutions démocratiques. Malheureusement cette approche ne va  pas au-delà d'un exposé lors d'un séminaire ou d'un discours lors d'une conférence. La réponse la plus courante reste le tout sécuritaire, qui malgré ce qu’on observe, il n’est pas toujours en mesure d'affronter la mafia du trafic d'êtres humains parce qu'elle a encore toutes les conditions et tous les moyens pour attirer des candidats.

L'un des rapports allemands établissant une comparaison entre le Maroc, l'Algérie et la Tunisie dans des domaines différents s'arrêtent le fait que le Maroc soit supérieur aux autres pays du Maghreb dans sa politique de l’immigration. Depuis 2014, des permis de séjour temporaires sont accordés à des dizaines de milliers d'immigrants illégaux d'Afrique subsaharienne, donnant accès au marché du travail, aux services de santé et d'éducation, même si cela semble être une politique plus substantiel sur papier que sur le terrain, selon le rapport allemand, le Maroc ont gagné du terrain en Afrique sub-saharienne a meilleure presse que l'Algérie et la Tunisie. Et ce même si la Tunisie a franchi une étape importante en 2018 en tant que premier pays arabe à promulguer une législation contre le racisme, mais ses actions, telles les mesures algériennes, manque souvent de clarté, selon le même rapport qui conclue que "le Maroc, vend mieux ce qu'il fait que ce soit en interne ou à l'étranger »

Le Maroc a toujours exprimé son ambition de faire une transformation dans la question de l'immigration la rendant une opportunité de coopération et d’action commune plutôt qu’un obstacle. Celle-ci s'est transformée en une sorte de porte-manteau sur lequel les gouvernements occidentaux accrochent leurs échecs. D’autant plus qu’un large spectre de la droite et des populistes la pointent en tant que cause directe de la baisse des emplois et des crises économiques en Europe et aux États-Unis, pour justifier leur incapacité à offrir des alternatives au libéralisme sauvage et la mondialisation qui saignent à blanc les pays du sud.

Le Maroc, selon la Commission européenne, est le deuxième pays à recevoir le plus grand montant de fonds de l'UE pour la coopération en matière de migration et dispose de 346 millions d'euros provenant de divers programmes pour assurer gestion des frontières, et en 2018, le Maroc a reçu un soutien européen de 144 millions d'euros pour renforcer sa capacité à lutter contre les gangs mafieux responsable de la traite des êtres humains, mais ce qui est exigé du Maroc est plus grand que ça, et c'est en même temps un gendarme et un combattant des mafias de l'immigration clandestine, en plus de s'attaquer aux causes profondes de la migration dans les pays subsahariens,  avec quelques millions de dollars, alors que l'Union européenne alloue à Sebta et Melilia seules 124 M d’euros.

La question de l'immigration a toujours été au centre des affrontements et des moments de grande tension entre le Maroc et l'Espagne. La tragédie de Melilia a montré le niveau de correspondance des points de vue. Les deux pays se regardèrent, et alors que la position marocaine était ferme face à la mafia de l’immigration, en revanche, à Madrid, il y avait un point de vue espagnol en faveur de la position marocaine, mais loin des positions officielles imposer par la responsabilité étatique

Ce qui s'est passé est aux portes Melilla était une vraie tragédie à ne pas répéter. Ceci peut se faire par l’interdiction de regroupements de migrants aux banlieues de Nador, Melilla, Ceuta et Tétouan, ou par le démembrement des gangs d'immigration avant d'impliquer les immigrés dans des drames humanitaires.
Source: Al-alam (print)


Lundi 27 Juin 2022

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