Par Mustapha Sehimi
Ce premier constat pour commencer: assurément, le Maroc a réussi à se positionner comme une destination de choix pour les grands évènements sportifs internationaux. La CAN 2025 et la Coupe du monde 2030, deux rendez-vous à forte visibilité continentale et mondiale, sont l’expression de ce statut. De quoi valoriser le potentiel du Royaume avec de telles opportunités et optimiser aussi leur impact économique et social.
Cette séquence, à l’horizon 2030, se prépare avec des indicateurs satisfaisants, mais il reste encore beaucoup à faire. Pour l’année 2024 en tout cas, le bilan est encourageant, notamment avec les programmes de chaînes hôtelières internationales (Radisson, Hilton, Marriott, Hyatt, etc.). De quoi porter le parc hôtelier à hauteur de 292.000 lits. Il faut y ajouter d’autres projets d’animation et des parcs d’attractions.
L’approche priorisée a par ailleurs trait à l’amélioration de l’offre Maroc: rendre plus attractif ce que l’on appelle l’expérience touristique, pour reprendre la formule des professionnels. Et, dans cette même ligne, l’année 2024 a vu le lancement de plusieurs mécanismes de soutien aux investisseurs touristiques. Ce qui est visé? La mise à niveau et la structuration de l’offre touristique avec en particulier le mécanisme «Cap hospitality».
Une double préoccupation a présidé à cette initiative: un parc hôtelier devant opérer une mise à niveau éligible aux standards internationaux en termes de capacité et de qualité d’hébergement, et la mise en œuvre de la Feuille de route 2023- 2026, relative à l’amélioration de l’offre hôtelière. Il s’agit globalement de se doter d’un levier stratégique de compétitivité de la destination Maroc, afin de promouvoir une meilleure expérience touristique. Cela regarde quelque 25.000 chambres et 250 unités hôtelières de plus. Ce mécanisme, basé sur l’octroi d’un crédit par l′État, est inédit: il couvre la totalité de l’investissement de mise à niveau, avec un montant pouvant aller de 3 à 100 millions de DH (avec une maturité allant jusqu’à 12 ans et un différé de remboursement de 2 ans).
Quelle est aujourd’hui l’ambition de cette Feuille de route 2023-2026 ? Plusieurs objectifs: 17,5 millions de touristes en 2026, des recettes en devises de 120 milliards de DH et la création de quelque 200.000 emplois directs et indirects. L’axe de cette politique?
Une nouvelle logique de l’offre. Elle doit s’articuler sur la base de l’expérience client et se structurer autour de 9 filières thématiques et de 5 filières transverses. L’objectif est de passer d’une logique de construction de destinations (Marrakech, Agadir, Fès, Rabat, Casablanca, Essaouira…) à une logique de construction de filières thématiques: Ocean waves (sports nautiques), Nature ( trekking and hiking), City break (courts séjours dans des destinations urbaines), Beach and sun ( offre balnéaire), Desert & oasis adventure (escapades désertiques), tourisme d’affaires (évènements professionnels) et circuits culturels (tourisme de nature & découverte). Il est également prévu le développement de filières transverses avec une forte valeur ajoutée. Le programme a retenu plus de 14 projets «locomotives» devant être promus dans les territoires.
En parallèle, l’État a lancé une série d’envergure de mises à niveau des infrastructures devant répondre aux exigences de la Coupe du monde 2030, en particulier celles du cahier des charges de la FIFA. Citons les plus importantes: le RER reliant Benslimane et le futur plus grand stade du continent (d’une capacité de 115.000 spectateurs) à Casablanca et à l’aéroport Mohammed V, le bus à haut niveau de service de Casablanca, la connexion de ce même aéroport à la LGV Casablanca-Tanger, avec la desserte de Rabat et Tanger pour accueillir également les matchs de la Coupe du monde, la ligne LGV Kénitra Marrakech, la rénovation totale du complexe sportif Moulay Abdallah de Rabat (avec une nouvelle capacité de 66.000 places au lieu des 45.000), le Grand Stade de Tanger (68.000 places), relié à l’aéroport international Ibn Batouta, sans oublier les stades de Marrakech et d’Agadir (45.000 places), qui auront également droit à une rénovation totale.
Une mention particulière doit être faite au projet de tunnel sur la route Marrakech-Ouarzazate, pour rapprocher les deux villes touristiques, et même la relance du projet de tunnel Gibraltar-Tanger.
La politique de développement des usines de dessalement d’eau est un autre versant de cette dynamique: onze unités sont prévues et neuf autres sont programmées à l′horizon 2030. Celle de Casablanca sera la plus grande d’Afrique et la deuxième dans le monde, permettant de desservir plus de 7 millions d’habitants dans la région.
Le challenge va mettre à l’épreuve les capacités du Maroc à réussir l’organisation et le bon déroulement de la Coupe du monde 2030.
Ce qui commande la prise en compte de multiples contraintes, notamment celles liées à la sécurité, la propreté, la fluidité des flux de voyageurs dans les aéroports, la qualité de l’hébergement et l’offre d’animation. L’idée d’une simplification de la procédure des visas est également à retenir pour ce qui est des étrangers, avec l’institution plus étendue de visas électroniques.
Les retombées de ce Mondial sur le Maroc seront importantes. Il y a bien entendu des valeurs ajoutées en termes d’image, de rayonnement et de «soft power».
Les investissements et les chantiers à réaliser seront bénéfiques pour les Marocains et auront aussi un grand impact en termes économiques. Des millions de touristes supplémentaires constitueront un gisement potentiel de visiteurs.
Tous les pays qui ont organisé un tel évènement mondial ont ainsi enregistré une forte hausse par la suite. L’exemple le plus récent est celui du Qatar, qui a doublé son flux touristique en 2023, avec 4 millions de visiteurs. «Yalla Vamos», avec l’Espagne et le Portugal, doit être une grande réussite…