Biden appelle les renforts
« Si je me suis présenté aux élections américaines c’est à cause de vous et d’Obama » lance de but en blanc l’imprévisible président Trump à Biden « l’endormi » comme il aime à l’appeler lors de leur dernier face-à-face. Un Obama qui n’a pas manqué de faire une sortie pour le moins spectaculaire quelques jours seulement après le débat. Raison était de soutenir son ancien vice-président.
Le premier président noir, muni d'une volonté de mettre à terre Trump, n’hésite pas à lui rentrer dedans en lui infligeant une réalité à la peau dure : Selon lui, n’étant point capable de protéger son propre staff contre la COVID, Trump ne peut prétendre à protéger les américains.
Mais rappelons que ce n’est pas la première fois qu’Obama vient au secours d'un candidat pour les présidentielles. Celui-ci avait soutenu Hilary Clinton contre Trump, et il faut dire que la chance ne lui avait pas souri pour autant. Nous avons l’impression que les électeurs ne voient en Biden qu’un Obama qu’ils ne pouvaient réélire pour un troisième mandat. Et que prenant ce qu’ils peuvent, dans un élan nostalgique, ils votent plutôt contre Trump que pour BIden. Lequel Biden semble jouir d’une aura « Obama ».
Deux bonnes techniques
Pour revenir à la confrontation, celle-ci, quoique sujette à des airs contenus ne manquait pas de mordant. Les deux rivaux se mesuraient d’un regard à la fois sarcastique et moqueur. Une pique signée Trump, celle au préambule de cet article, laisse entendre que son rival démocrate de 77 ans serait un grand diseur, mais loin d’être un grand faiseur.
Une pique qu’il a su aiguiser tout au long du débat et qu’il dut transformer en un aphorisme encore plus vif « Tu es toute parole, sans action ». Une pique qui, disons-le, fut la principale ligne d’attaque du « Président favori » comme il aime à s’appeler lui-même. Une ligne que composent une technique ou deux . Celle qui consiste à renvoyer les mêmes attaques à son adversaire. Lequel adversaire semble avoir gagné en confiance depuis le dernier round, ou celle plus tranchante et qui consiste à user de la fameuse rengaine : « Vous aviez été 8 ans au pouvoir Joe, pourquoi n’avez-vous pas pensé à faire ce que vous nous prônez comme mesures ?».
De véritables coups bas
Deux techniques qui semblaient mettre à mal Biden pour une bonne partie du débat tant Trump en usait à tort et à travers. C'est dire que leurs efficacités étaient difficilement contestables. S’il arrivait à Biden d’accuser Trump de prendre de l’argent de la Russie ou encore de la Chine, Trump se contentait de répondre que c’était plutôt Biden qui en prenait.
Trump ne manquait pas d’appuyer ses accusations de chiffres, ou de faits notoires pour enfoncer le clou. Ce dernier accusait sans réserve son adversaire de toucher quelques trois cent cinquante millions de dollar des chinois alors qu’il fut vice-président sans pour autant définir la nature de la transaction.
Puis Le président semble avoir trouvé son dada, celui de s’attaquer vertement à Biden par le biais de son fils. Lequel fils aurait eu dans un premier temps cdes problèmes de drogue, et qui, de là, s’était retrouvé débouté de son service militaire. Contrairement au débat précédent, Trump s’est contenté cette fois d’en faire allusion en se tenant à son fameux « vous savez de quoi je parle ! ». ou encore ce même fils qui semble être l’épine au pied du père, et qui profitant du trafic d’influences de ce dernier aurait été embauché pour quelques 180000 euros mensuel dans une société d’énergie ukrainienne sans que celui-ci n’en ait eu les compétences adéquates .
BIden se réveille
Il fallut que Biden « L’endormi » soit la victime nécessaire au déploiement de ces deux techniques trumpistes qu’il essaya tant bien que mal d’éviter pour qu’enfin il y réponde au bout d’une énième fois. « Je fus vice-président » dit-il comme pour se défausser, insinuant que les décisions ne lui revenaient pas.
Ou encore « IL ne s’agit ni de ma famille ni de sa famille, mais de la vôtre » dit-il en s’adressant à la caméra comme pour toucher un point à l’audience. Une technique de diversion qui fait tôt d’instaurer un climat fleur bleu. Surtout quand Biden sort de ces phrases toutes faites, préfabriquées pour contrer les redondances de son adversaire.
Par exemple, Quand Trump dit du virus qu’il faut vivre avec, Biden ne manque de rétorquer et du tac au tac « ce virus vous mourrez avec ». Disons-le, le candidat démocrate semble capitaliser sur une mise quasi-certaine : La mauvaise gestion du COVID-19 de par son rival. Bien sûr, et pour se dédouaner de ce lourd tribut que BIden veut, vaille que vaille, faire payer rubis sur ongle à Trump, ce dernier ne manque de lui rappeler la gestion désastreuse dont il fit preuve face au virus H1N1. Puis de dire comme à son accoutumé « ça n’est pas moi, c’est la chine ». Rappelons que Trump a mis bien du temps à appeler le virus de son vrai nom, celui-ci se contentait de l’appeler « Le virus chinois ». Comme pour désigner un ennemi qui leur aurait causé tant de tort.
Légitimité et utilitarisme
Aussi Trump ne manque-t-il de faire valoir la combativité dont il a su faire montre face au virus. Celui-ci, à l’entendre, se sent investi d’une pleine légitimité à discourir du COVID-19. Et que de rajouter, que contrairement à son rival démocrate, celui-ci ne peut rester enfermé chez lui, préfère s’occuper des gens et de leurs problèmes.
Un président actif et qui, on a beau lui mettre les 200000 morts sur le dos, nous dit sans ciller que ce sont deux millions de morts qu’il a pu éviter. Trump n’a de cesse que de répéter qu’il a fait le nécessaire et qu’il ne pouvait aller au-delà, à savoir qu’il ne pouvait mettre à mal l’économie du pays en mettant tout sous verrou.
Ce dernier, raisonnant en homme d’affaires, ce qu’il est d’ailleurs, fait passer l’économie devant tout. Preuve en est, que quand Biden lui opposait les méfaits dus à l’émission de carbone provenant des usines sur les habitants des alentours, Trump se contentait de répondre « Mais ils ont un boulot grâce à ça ». La chose a le mérite d’être clair tant Trump semble peu soucieux de l’écologie. Clin d’œil à l’accord de paris, qui, pour lui, n’est autre chose qu’une entrave à la performance de l’économie américaine.
Biden le rebelle
Biden, lui, semble préoccupé par l’énergie renouvelable, a des mots durs pour le gaz de schiste, alors que les américains en sont les premiers producteurs au monde. Une attitude qui peut grignoter une bonne part de l’électorat Biden. Bien que celui-ci ait déjà fait le nécessaire auprès du Texas, ou de la Pennsylvanie, qui tiennent dur au pétrole.
Biden ne pouvait que partir d’un grand rire face au simplisme de Trump qui s’est contenté d'avancer que l’énergie éolienne tuait des oiseaux. Une façon de discréditer son rival, le faire passer pour un ignare. Il est certain que bien des pays européens souhaitent bonnement la chute de Trump afin que de remettre sur table les accords sur le climat.
Il faut dire que bien des dossiers attendent pour ne citer que celui de l’Iran, ou encore la Corée du Nord. L’un touchant la dénucléarisation, l’autre, de ces missiles intercontinentaux capable de provoquer un carnage. Il semble que seule la Russie voudrait un retour de Trump car BIden semble nourrir une haine personnelle envers Poutine. Biden ne mâchait pas ses mots quand il rappelait vouloir faire payer le prix à ceux qui auraient interféré dans les élections américaines.
Le point noir de Trump
Autre point qui semble noircir la candidature de Trump est celui des suprématistes américains, ou les « proud boys » classés dans le registre terroriste par le FBI suite à leur dernière attaque à Wal-Mart ayant fait quelques 22 morts. Trump a fait un tollé, lors de son précédent débat, suite à sa déclaration considérée comme irresponsable et louche.
L’agitateur aurait demandé à ce mouvement de prendre du recul mais de rester prêt. Une allusion dangereuse surtout quand on apprend que la vente des armes a explosé lors de ces mêmes élections présidentielles, et que certains partisans de ce mouvement n’hésitent pas à faire des déclarations publiques qui pour le moins font froid dans le dos.
Comme celle d’un gros gaillard bedonnant annonçant aux média : « Si Trump perd, nous sommes prêts à défendre notre pays ». Certains républicains n’hésitent pas dire qu’ils se sont armés contre les démocrates. Trump ne serait-il pas parti un peu trop loin en annonçant que si Biden gagnait celui-ci refuserait de quitter la maison blanche ? Cette irresponsabilité ne serait-elle pas à l’origine de ce manquement au principe démocratique? Une guerre civile serait-elle à craindre si Biden que l’on traite de socialiste gagne les présidentielles ? Affaire à suivre…
Hicham Aboumerrouane