Le Maroc s’apprête à entrer dans une nouvelle ère numérique. Et cette fois, ce n’est pas un rêve futuriste : la 5G débarque officiellement en novembre 2025, juste à temps pour faire briller les stades de la Coupe d’Afrique des Nations. Ce n’est pas une fuite ou un scoop de comptoir, mais une confirmation glissée par un haut responsable de l’ANRT, reprise par L’Économiste. Cette échéance, soigneusement choisie, n’a rien d’anodin : elle symbolise l’alignement entre ambitions sportives, innovations technologiques et stratégie nationale.

Mais au-delà du buzz médiatique, une question se pose : que va réellement changer cette 5G pour les Marocains ? Spoiler : ce ne sera pas juste une histoire de téléchargement plus rapide sur Netflix.

Ce qu’on appelle communément "la 5G" est en réalité un basculement complet de paradigme pour l’économie nationale. On ne parle pas seulement d’un nouveau réseau pour téléphones. On parle d’un réseau nerveux ultra-réactif qui pourrait irriguer l’ensemble des secteurs vitaux : agriculture connectée, villes intelligentes, chaînes de production automatisées, transport public piloté en temps réel, services de santé à distance… bref, tout ce qu’on croyait réservé aux métropoles asiatiques pourrait bientôt débarquer dans nos médinas.

Les premières antennes seront bien sûr plantées dans les grandes villes, mais la feuille de route va bien au-delà : atteindre 25 % de la population d’ici fin 2025, puis 70 % en 2030. Et surtout, viser une couverture nationale totale pour la Coupe du Monde coorganisée. Une promesse à la hauteur d’un pays qui veut peser dans la géopolitique digitale.

Mais une couverture ne se décrète pas par communiqué. Il faut des infrastructures, des kilomètres de câbles, des tours d’antennes, et surtout… de la coopération. C’est là que la surprise est totale : Maroc Telecom (IAM) et Inwi ont enterré la hache de guerre pour unir leurs forces. Oui, vous avez bien lu.

Leur alliance s’incarne dans deux entités flambant neuves. D’un côté, Tower Co, chargée d’ériger 2 000 nouvelles tours d’ici trois ans (objectif final : 6 000 d’ici 2033). De l’autre, FiberCo, qui ambitionne de raccorder plus vite et mieux les foyers et les entreprises à la fibre optique. Une sorte de division des tâches version ingénierie, qui vise à éviter les doublons, mutualiser les coûts et aller plus vite.

Cette stratégie n’est pas seulement technique : elle est aussi diplomatique, économique, et stratégique. En mutualisant les infrastructures dites "passives", le Maroc se donne les moyens de bâtir un réseau solide, évolutif et moins énergivore.
Et maintenant, les vraies questions

La vraie bascule, cependant, ne viendra pas des câbles mais des usages. Car un réseau sans applications concrètes, c’est comme une autoroute sans voitures. La 5G ne sera utile que si les entreprises marocaines s’en emparent : imaginez des agriculteurs utilisant des drones connectés pour surveiller les récoltes, des médecins opérant à distance, ou des start-up locales développant des objets intelligents 100 % marocains.

Reste un défi de taille : la pédagogie. Car pour une partie des citoyens, 5G rime encore avec "plus de gigas", voire avec inquiétudes sanitaires. L’État, les opérateurs et les médias auront donc un rôle majeur à jouer pour vulgariser, expliquer, rassurer — et surtout montrer, par des exemples concrets, ce que cette technologie peut changer.

Le Maroc, souvent suiveur dans le domaine des innovations numériques, pourrait bien créer la surprise cette fois. En enclenchant la 5G juste avant la CAN, il pose un jalon stratégique dans sa marche vers un avenir plus connecté, plus agile, et potentiellement plus inclusif. Mais il faudra que l’innovation descende du nuage pour atterrir dans les salons, les fermes, les écoles et les hôpitaux. Ce n’est qu’à ce prix que la 5G ne sera pas qu’une vitrine, mais un levier

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