lodj

Springfield, Missouri : quand la Bible devient Constitution locale


Mais si une ville musulmane — disons au Maroc, en Égypte ou en Indonésie — adoptait un tel système, où les prédicateurs dictent la morale, où la religion filtre la science, où la femme est renvoyée au foyer… que dirait l’Occident ?

Sans doute crierait-il à l’intégrisme, au danger pour les droits humains, à la menace pour les libertés fondamentales. Les mêmes qui s’indignent des sermons dans certaines mosquées regardent ailleurs quand un pasteur de Springfield appelle à « reprendre le contrôle culturel du pays » au nom de Dieu.



A lire ou à écouter en podcast :


Springfield, Missouri : quand la Bible devient Constitution locale
Bienvenue à Springfield, ville du Missouri réputée pour ses églises à chaque coin de rue, ses radios chrétiennes, ses séminaires bibliques… et ses prises de position farouchement conservatrices. Ici, la religion évangélique ne se vit pas seulement dans les cœurs, elle s’impose aussi dans les urnes, les écoles, les hôpitaux, et parfois jusque dans les tribunaux.

Le pape défunt avait mis en garde contre la politisation excessive de la foi. Springfield, à bien des égards, l’a ignoré. On y prêche que l’homosexualité est un péché, que l’avortement est un meurtre, que les États-Unis sont une nation divine. Les pasteurs y sont des figures politiques. Et dans les écoles, on enseigne parfois le créationnisme au même niveau que la biologie moderne.

Dans cette ville, les valeurs dites “bibliques” façonnent les décisions publiques. Le “Bible Belt” américain y bat à plein régime. On y vote en bloc, on y pense en bloc. Une femme qui décide d’élever seule son enfant ou de travailler sans l’accord du mari y subit parfois un ostracisme social. Et dans certains comtés voisins, les bibliothèques censurent des livres jugés “immoraux”.

Le pape disparu appelait à une Église qui dialogue, qui s’interroge, qui embrasse le doute et le progrès. Springfield, elle, veut une Église qui gouverne. Et tant que c’est une Église blanche et évangélique, l’Occident sourit.
 

​Certains diront que Springfield ne fait qu’exprimer la démocratie américaine :

Chaque communauté vit selon ses valeurs. Mais pourquoi cette démocratie devient-elle soudain un problème quand les valeurs sont musulmanes ? La foi évangélique serait-elle plus compatible avec les libertés que toute autre spiritualité ? Ou simplement mieux tolérée parce qu’elle parle l’anglais des dominants ?


Mercredi 23 Avril 2025

Dans la même rubrique :