L'Institut Marocain d'Intelligence Stratégique (IMIS), dans son dernier Policy Paper intitulé "Souveraineté Numérique : Pourquoi le Maroc ne peut y échapper", sonne l'alarme et appelle à une prise de conscience collective. La dépendance numérique, loin d'être une fatalité, représente une menace tangible pour la sécurité nationale, la stabilité économique et la souveraineté culturelle du Royaume.

Imaginez un instant un monde où l'accès aux données vitales du pays, qu'il s'agisse des infrastructures critiques, des informations sensibles ou des données personnelles des citoyens, serait contrôlé par des acteurs étrangers aux intérêts divergents. Imaginez l'impact dévastateur de cyberattaques massives paralysant des secteurs clés de l'économie, ou encore la mainmise de géants technologiques étrangers sur l'information et les communications, menaçant la liberté d'expression et la diversité culturelle.

Face à ces enjeux cruciaux, l'IMIS propose une feuille de route claire et pragmatique, articulée autour de quatre piliers fondamentaux :

1. Identifier et protéger les Actifs Numériques d'Importance Vitale (ANIV) :  Il est impératif de dresser un inventaire précis des infrastructures, données et systèmes numériques critiques pour le pays, et de mettre en place des mesures de protection robustes pour en garantir la sécurité et la résilience face aux cybermenaces.
2. Stimuler l'émergence d'une industrie numérique nationale forte et compétitive : Le Maroc dispose d'un vivier de talents et d'un potentiel d'innovation considérables. En encourageant l'entrepreneuriat, en investissant dans la recherche et développement et en favorisant la collaboration entre les acteurs du numérique, le Royaume peut se doter d'une industrie numérique capable de rivaliser sur la scène internationale et de réduire sa dépendance aux technologies étrangères.
3. Se doter d'un cadre juridique et réglementaire adapté : La législation doit évoluer pour répondre aux défis du numérique. Il est crucial de mettre en place un cadre juridique clair et protecteur qui garantisse la sécurité des données, encadre l'activité des entreprises numériques et préserve les droits fondamentaux des citoyens dans l'espace numérique.
4. Promouvoir une coopération internationale forte et responsable : La souveraineté numérique ne signifie pas isolement. Le Maroc a tout intérêt à s'engager activement dans les instances internationales pour défendre un internet libre, ouvert et sûr, et à coopérer avec des pays partageant les mêmes valeurs pour faire face aux défis communs.

L'enjeu est de taille : il s'agit de construire un avenir numérique souverain et prospère pour le Maroc, un avenir où la technologie est au service du développement humain, économique et social du pays.

En tant qu'ingénieur en technologie numérique, je suis convaincu que le Maroc a les moyens de ses ambitions. Il est temps de passer à l'action, avec détermination et clairvoyance, pour faire de la souveraineté numérique une réalité tangible et non un simple vœu pieux.