Par Mustapha Sehimi
Divine surprise ! Tout paraît se passer comme si les uns et les autres découvraient la situation dans les zones montagneuses. Les discours n'ont pas manqué dans le passé dans les programmes des cabinets qui se sont succédé mais aussi dans ceux des partis lors des campagnes électorales. Mais pour quels résultats concrets. Le modèle de développement est à l'épreuve : il est à nu...
Les zones montagneuses ? Bien des diversités et des contraintes. Une superficie de 302.000 km2, près de 8 millions d'habitants sur 738 communes. Plus encore : 25% des communes à plus de 1.400 m d'altitude -beaucoup plus dans la province d'Al Haouz dans le Haut Atlas...- et 75% d'entre elles à plus de 50 km d'un centre urbain ; un indice d'infrastructure de moitié par rapport à la moyenne nationale ; et 20% qui concentrent 45 % des activités économiques et 80% des infrastructures (routes, eau, électricité).
En creux, cependant, des potentialités et des richesses (70% des ressources hydriques, 62% de la forêt) mais une très faible contribution de 5% au PIB et de 10% à la consommation. Des zones fortement exposées aux catastrophes naturelles : le grand froid, 66% des inondations, séismes,...
Recommandations... en panne
Voici près d’une quinzaine d'années, dans le Discours du Trône du 30 juillet 2009, SM le Roi avait donné des instructions sur le développement de 1'espace rural et des zones montagneuses. Une commission ad hoc de pas moins de 17 départements ministériels avait été créée, présidée par le Chef du gouvernement. Elle n'a tenu sa première réunion que… six ans plus tard, le 13 juillet 2015 ! Elle a adopté plusieurs mesures: programme intégré de développement des zones montagneuses, plans régionaux, instances de gouvernance de pilotage et de suivi, nouvelle programmation, de gestion et de suivi, élaboration à court terme d'un programme prioritaire,...
Qu'en est-il en 2023 ? Il reste encore à concrétiser de nombreuses recommandations d'ordre stratégique et transversal adaptées qui sont incontournables si l'on veut réellement prioriser le développement du monde rural et en particulier celui des zones montagneuses.
Lesquelles ? L'adoption d'une loi-cadre est un préalable ; elle doit se prolonger par 1'élaboration d'un code rural avec sa déclinaison dans les zones de montagne. Qui en parle ? Qui s'en soucie ? Dans cette approche et cette vision, le principe participatif doit être institué pour impliquer tous les acteurs et la population pour leur appropriation des processus de développement.
Chaque région doit déterminer ses vocations dans les PDR et prendre en compte les besoins des zones montagneuses. Des financements sont mobilisables (Fonds de développement rural, Fonds de mise à niveau social, Fonds de péréquation régionale).
La question des ressources humaines est également à prendre en compte dans une réaffectation des modes d'affectation, de gestion et de motivation des effectifs des différentes administrations. Il faut y ajouter une réforme en profondeur des statuts juridiques des terres pour faire face au morcellement des terres agricoles avec programme d'immatriculation gratuite.
A noter encore d'autres séries de mesures : un plan d'aménagement des centres ruraux en tant qu'espace de vie sociale économique et culturelle, la création de richesses et d’emploi ; le développement de l'espace rural et des douars dans le périurbain,...
Les zones montagneuses ? Bien des diversités et des contraintes. Une superficie de 302.000 km2, près de 8 millions d'habitants sur 738 communes. Plus encore : 25% des communes à plus de 1.400 m d'altitude -beaucoup plus dans la province d'Al Haouz dans le Haut Atlas...- et 75% d'entre elles à plus de 50 km d'un centre urbain ; un indice d'infrastructure de moitié par rapport à la moyenne nationale ; et 20% qui concentrent 45 % des activités économiques et 80% des infrastructures (routes, eau, électricité).
En creux, cependant, des potentialités et des richesses (70% des ressources hydriques, 62% de la forêt) mais une très faible contribution de 5% au PIB et de 10% à la consommation. Des zones fortement exposées aux catastrophes naturelles : le grand froid, 66% des inondations, séismes,...
Recommandations... en panne
Voici près d’une quinzaine d'années, dans le Discours du Trône du 30 juillet 2009, SM le Roi avait donné des instructions sur le développement de 1'espace rural et des zones montagneuses. Une commission ad hoc de pas moins de 17 départements ministériels avait été créée, présidée par le Chef du gouvernement. Elle n'a tenu sa première réunion que… six ans plus tard, le 13 juillet 2015 ! Elle a adopté plusieurs mesures: programme intégré de développement des zones montagneuses, plans régionaux, instances de gouvernance de pilotage et de suivi, nouvelle programmation, de gestion et de suivi, élaboration à court terme d'un programme prioritaire,...
Qu'en est-il en 2023 ? Il reste encore à concrétiser de nombreuses recommandations d'ordre stratégique et transversal adaptées qui sont incontournables si l'on veut réellement prioriser le développement du monde rural et en particulier celui des zones montagneuses.
Lesquelles ? L'adoption d'une loi-cadre est un préalable ; elle doit se prolonger par 1'élaboration d'un code rural avec sa déclinaison dans les zones de montagne. Qui en parle ? Qui s'en soucie ? Dans cette approche et cette vision, le principe participatif doit être institué pour impliquer tous les acteurs et la population pour leur appropriation des processus de développement.
Chaque région doit déterminer ses vocations dans les PDR et prendre en compte les besoins des zones montagneuses. Des financements sont mobilisables (Fonds de développement rural, Fonds de mise à niveau social, Fonds de péréquation régionale).
La question des ressources humaines est également à prendre en compte dans une réaffectation des modes d'affectation, de gestion et de motivation des effectifs des différentes administrations. Il faut y ajouter une réforme en profondeur des statuts juridiques des terres pour faire face au morcellement des terres agricoles avec programme d'immatriculation gratuite.
A noter encore d'autres séries de mesures : un plan d'aménagement des centres ruraux en tant qu'espace de vie sociale économique et culturelle, la création de richesses et d’emploi ; le développement de l'espace rural et des douars dans le périurbain,...
Problématique de l'habitat rural.
Reste enfin cette problématique : celle d'une véritable politique de l'habitat rural. Voici six ans, le CESE avait publié un rapport de plus d'une centaine de pages sur " Développement du monde rural, défis et perspectives".
Il avait en conclusion insisté notamment sur 1'élaboration de programmes communaux de réhabilitation de l'habitat rural et leur adaptation aux spécificités des campagnes et des zones de montagnes. Un an plus tard, le même CESE s'est attaché à cette question avec un nouveau rapport axé, lui, sur "Habitat rural: Vers un habitat durable et intégré dans son environnement".
Il a identifié de nombreuses pistes d'inflexion en faveur d'un habitat rural salubre. Il s'agit de tourner le dos à une certaine absence d’une vision concertée et intégrée des interventions de l'État et des acteurs en milieu rural ; d'élaborer une stratégie à court, moyen et long terme avec des programmes d'action dédiés ; d'adapter le cadre législatif et règlementaire aux spécificités et à la diversité de l'habitat rural et en particulier des zones de montagnes ; et de préserver le patrimoine architectural et culturel ainsi que l'environnement.
Avec cette tragédie nationale du séisme d'Al Haouz, les politiques publiques sont fortement interpellées. C'est un modèle de développement à élaborer et à mettre en œuvre par-delà les mesures d'urgence et de reconstruction décidées par le Souverain. Un "autre " Maroc : l’aspiration légitime à être partie prenante dans le développement national.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid -
Reste enfin cette problématique : celle d'une véritable politique de l'habitat rural. Voici six ans, le CESE avait publié un rapport de plus d'une centaine de pages sur " Développement du monde rural, défis et perspectives".
Il avait en conclusion insisté notamment sur 1'élaboration de programmes communaux de réhabilitation de l'habitat rural et leur adaptation aux spécificités des campagnes et des zones de montagnes. Un an plus tard, le même CESE s'est attaché à cette question avec un nouveau rapport axé, lui, sur "Habitat rural: Vers un habitat durable et intégré dans son environnement".
Il a identifié de nombreuses pistes d'inflexion en faveur d'un habitat rural salubre. Il s'agit de tourner le dos à une certaine absence d’une vision concertée et intégrée des interventions de l'État et des acteurs en milieu rural ; d'élaborer une stratégie à court, moyen et long terme avec des programmes d'action dédiés ; d'adapter le cadre législatif et règlementaire aux spécificités et à la diversité de l'habitat rural et en particulier des zones de montagnes ; et de préserver le patrimoine architectural et culturel ainsi que l'environnement.
Avec cette tragédie nationale du séisme d'Al Haouz, les politiques publiques sont fortement interpellées. C'est un modèle de développement à élaborer et à mettre en œuvre par-delà les mesures d'urgence et de reconstruction décidées par le Souverain. Un "autre " Maroc : l’aspiration légitime à être partie prenante dans le développement national.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid -