Par Mehdi Michbal (https://medias24.com/author/m-michbal/)
Un seul mois aura suffi pour que tous les calculs du gouvernement tombent à l’eau, le Budget 2022 voté fin 2021 ne reflétant plus les réalités d’aujourd’hui. En cause : le retard des pluies qui annonce une année de sécheresse, la plus grave depuis au moins trente ans ; et la hausse vertigineuse des prix des matières premières initialement due à la forte reprise post-Covid, et qui se voit désormais exacerbée par la guerre en Ukraine.
Carburant, gaz, céréales, huiles… les prix de tous les produits de grande consommation sont appelés à augmenter. Et le problème, comme le rappelle Adnane Benchekroun, membre de l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI), ne réside pas seulement dans les prix, mais aussi dans « la disponibilité ».
Face à cette double crise, « le gouvernement est appelé à activer un véritable bouclier pour protéger le pouvoir d’achat des classes moyennes » ; mais aussi « à accompagner les opérateurs qui importaient de Russie et d’Ukraine, via les conseillers économiques de nos ambassades, pour pivoter vers d’autres sources d’approvisionnements », recommande l’économiste.
Il suggère de se diriger vers le même modèle utilisé pour l’approvisionnement en vaccins, quitte à activer le Comité de veille économique qui pilotait les actions contre la crise du Covid-19.
Selon Adnane Benchekroun, ces évènements vont coûter au budget de l’Etat au moins 15 milliards de dirhams supplémentaires, un montant qu’il faudra injecter, précise-t-il, dans la Caisse de compensation.
Une somme qui s’ajoute aux 10 milliards de dirhams alloués au programme antisécheresse, mais qui ne sollicite pas en réalité le budget de l’État de manière directe. Ce programme étant financé en grande partie par le fonds Hassan II, le Crédit Agricole et
la Mamda.
Cela étant dit, les 15 milliards de dirhams dont nous parle Adnane Benchekroun sont un moindre mal, car ils se fondent sur les données d’aujourd’hui, les prix actuels. Et rien ne garantit que la situation reste stable au cours de l’année.
Mais quel que soit le scénario, l’économiste de l’AEI pense que « la solution la plus logique, c’est de couper dans les investissements programmés ou de creuser le déficit budgétaire d’un point ou deux… ce n’est pas la fin du monde ».
Ce sont les deux seules marges budgétaires dont dispose le gouvernement aujourd’hui, s’il ne veut pas toucher aux projets stratégiques lancés comme celui de la généralisation de l’assurance maladie, la politique des grands et petits chantiers, le plan d’urgence dans le secteur de l’eau, les programmes de création d’emplois tels que Awrach et d’autres…
Une source gouvernementale nous dit à peu près la même chose, assurant que l’exécutif dispose de plusieurs marges budgétaires pour affronter la situation, et nous rappelant que la loi de Finances 2022 donne la possibilité au gouvernement de couper jusqu’à 15% du budget de l’investissement.
Elle évoque ainsi un programme qui sera bientôt lancé pour le mois de Ramadan, qui donnera le ton de ce que sera l’intervention étatique dans ce contexte de crise ; l’exécutif travaillant, selon notre source, sur une sorte de bouclier contre la hausse des prix
Ce dernier prévoit de bloquer les prix de certains produits comme l’huile, la farine, les lentilles et d’autres produits particulièrement consommés par les Marocains pendant le mois sacré.
Ce plan de plafonnement des prix, qui sera déroulé durant le mois de Ramadan, s’étalera sur trois mois au total, confie notre source.
« Ce sera une sorte de test de la manière dont interviendra l’État pour protéger le pouvoir d’achat des ménages. Et le problème, – le vrai – n’est pas budgétaire, mais il est d’ordre organisationnel. Car faute de registre social unifié, il faudra savoir qui soutenir
dans la chaîne de valeur : le consommateur, le producteur, l’intermédiaire, le transporteur… C’est cela le vrai casse-tête », explique notre source.
Cette décision de plafonnement des prix pourrait-elle concerner également les hydrocarbures en cas de flambée des cours du pétrole sur le marché international ?
Notre source gouvernementale nous apprend que rien n’est exclu. « Le sujet n’est plus tabou. Il est discuté au sein des instances gouvernementales qui suivent la situation au jour le jour, et prendront la décision au moment opportun. »
Peut-on sinon imaginer une sorte de fonds de solidarité, comme celui initié la première année du Covid, pour soutenir l’intervention de l’État dans ce contexte difficile ?
Notre source gouvernementale nous répond simplement que cette idée est exclue pour l’instant.
Même réponse du membre de l’Alliance des économistes istiqlalines, Adnane Benchakroun : « L’option d’un fonds de solidarité n’est pas forcément nécessaire dans l’immédiat. Mais on ne sait pas ce qui va se passer d’ici la fin d’année… »
Carburant, gaz, céréales, huiles… les prix de tous les produits de grande consommation sont appelés à augmenter. Et le problème, comme le rappelle Adnane Benchekroun, membre de l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI), ne réside pas seulement dans les prix, mais aussi dans « la disponibilité ».
Face à cette double crise, « le gouvernement est appelé à activer un véritable bouclier pour protéger le pouvoir d’achat des classes moyennes » ; mais aussi « à accompagner les opérateurs qui importaient de Russie et d’Ukraine, via les conseillers économiques de nos ambassades, pour pivoter vers d’autres sources d’approvisionnements », recommande l’économiste.
Il suggère de se diriger vers le même modèle utilisé pour l’approvisionnement en vaccins, quitte à activer le Comité de veille économique qui pilotait les actions contre la crise du Covid-19.
Selon Adnane Benchekroun, ces évènements vont coûter au budget de l’Etat au moins 15 milliards de dirhams supplémentaires, un montant qu’il faudra injecter, précise-t-il, dans la Caisse de compensation.
Une somme qui s’ajoute aux 10 milliards de dirhams alloués au programme antisécheresse, mais qui ne sollicite pas en réalité le budget de l’État de manière directe. Ce programme étant financé en grande partie par le fonds Hassan II, le Crédit Agricole et
la Mamda.
Cela étant dit, les 15 milliards de dirhams dont nous parle Adnane Benchekroun sont un moindre mal, car ils se fondent sur les données d’aujourd’hui, les prix actuels. Et rien ne garantit que la situation reste stable au cours de l’année.
Mais quel que soit le scénario, l’économiste de l’AEI pense que « la solution la plus logique, c’est de couper dans les investissements programmés ou de creuser le déficit budgétaire d’un point ou deux… ce n’est pas la fin du monde ».
Ce sont les deux seules marges budgétaires dont dispose le gouvernement aujourd’hui, s’il ne veut pas toucher aux projets stratégiques lancés comme celui de la généralisation de l’assurance maladie, la politique des grands et petits chantiers, le plan d’urgence dans le secteur de l’eau, les programmes de création d’emplois tels que Awrach et d’autres…
Une source gouvernementale nous dit à peu près la même chose, assurant que l’exécutif dispose de plusieurs marges budgétaires pour affronter la situation, et nous rappelant que la loi de Finances 2022 donne la possibilité au gouvernement de couper jusqu’à 15% du budget de l’investissement.
Elle évoque ainsi un programme qui sera bientôt lancé pour le mois de Ramadan, qui donnera le ton de ce que sera l’intervention étatique dans ce contexte de crise ; l’exécutif travaillant, selon notre source, sur une sorte de bouclier contre la hausse des prix
Ce dernier prévoit de bloquer les prix de certains produits comme l’huile, la farine, les lentilles et d’autres produits particulièrement consommés par les Marocains pendant le mois sacré.
Ce plan de plafonnement des prix, qui sera déroulé durant le mois de Ramadan, s’étalera sur trois mois au total, confie notre source.
« Ce sera une sorte de test de la manière dont interviendra l’État pour protéger le pouvoir d’achat des ménages. Et le problème, – le vrai – n’est pas budgétaire, mais il est d’ordre organisationnel. Car faute de registre social unifié, il faudra savoir qui soutenir
dans la chaîne de valeur : le consommateur, le producteur, l’intermédiaire, le transporteur… C’est cela le vrai casse-tête », explique notre source.
Cette décision de plafonnement des prix pourrait-elle concerner également les hydrocarbures en cas de flambée des cours du pétrole sur le marché international ?
Notre source gouvernementale nous apprend que rien n’est exclu. « Le sujet n’est plus tabou. Il est discuté au sein des instances gouvernementales qui suivent la situation au jour le jour, et prendront la décision au moment opportun. »
Peut-on sinon imaginer une sorte de fonds de solidarité, comme celui initié la première année du Covid, pour soutenir l’intervention de l’État dans ce contexte difficile ?
Notre source gouvernementale nous répond simplement que cette idée est exclue pour l’instant.
Même réponse du membre de l’Alliance des économistes istiqlalines, Adnane Benchakroun : « L’option d’un fonds de solidarité n’est pas forcément nécessaire dans l’immédiat. Mais on ne sait pas ce qui va se passer d’ici la fin d’année… »