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Salah Charqui : la maîtrise du qanoun


le Vendredi 28 Janvier 2022

Ma première véritable expérience musicale- celle où j’ai pu voir et entendre un orchestre jouer- remonte à la fin des années trente lorsque j’avais six ou sept ans.
Cela se passait dans notre maison qui se trouvait rue de Safi au quartier - « Jamaa Al Hamra » à Casablanca, lors du mariage de mon regretté frère Si Abbas. Il s’agissait de l’orchestre de feu Si Mohamed Zniber qui était avant tout une école où l’amour de l’art était indissociable de l’amour du prochain et où l’œuvre artistique se confondait avec l’action sociale.



Par Dr Anwar Cherkaoui

Ma première véritable expérience musicale- celle où j’ai pu voir et entendre un orchestre jouer- remonte à la fin des années trente lorsque j’avais six ou sept ans. 

Cela se passait dans notre maison qui se trouvait rue de Safi au quartier - « Jamaa Al Hamra » à Casablanca, lors du mariage de mon regretté frère Si Abbas. Il s’agissait de l’orchestre de feu Si Mohamed Zniber qui était avant tout une école où l’amour de l’art était indissociable de l’amour du prochain et où l’œuvre artistique se confondait avec l’action sociale. 
 

Un orchestre qui a marqué l’histoire de la musique contemporaine marocaine et dont l’un des enseignants bénévoles n’était autre que feu Si Ahmed Bidaoui dont Salah Charqui est un des premiers et plus fidèles disciples.

L’école Zniber a été une pépinière de talents qui n’avaient ni le complexe de la « modernité » ni celui de la « tradition ». 

On leur avait appris que l’art était une continuité avec des ruptures qui donnent un sens à cette continuité en la projetant vers l’avant. 

Cette philosophie pour ne pas dire conviction, se reflète dans le parcours musical d’un Salah Charqui qui est autant à l’aise dans la musique andalouse que dans les Mpuashahat الموشحات, les taqassims ( Solo en  Kanoun) ou les morceaux contemporains. 

Salah Charqui fait donc partie de l’archéologie de ma mémoire musicale. Je l’ai retrouvé vingt ans plus tard en 1959 à la Radiodiffusion Marocaine à laquelle il contribuait dès 1952. 

Le parcours de Si Salah est jalonné de retours périodiques aux études pour approfondir ses connaissances, et par suite, d’innovations au niveau de la création artistique. 

Il est également un animateur culturel et l’auteur de nombreuses études. 

Ses enregistrements sont là pour témoigner de ses dons artistiques et de l’étendue de son audience au Maroc et à l’étranger. 
 

Salah Charqui, le virtuose du Qanoun, est aussi un compositeur confirmé comme en atteste le choix de l’incomparable reine de la chanson arabe, Om Kolsoum كوكب الشرق ام كلثوم qui lors de sa tournée au Maroc, en mars 1968, choisit de chanter sa composition «  Ya Rassoul Allah » avec les paroles de Moulay Abdelkader Jilani.

Je crois que c’est la seule instance où Om Kaltoum chanta une chanson dont le compositeur n’était pas égyptien. Elle avait été touché par l’élan spirituel qui ressort de cette composition et qui reflète une des constantes de l’œuvre de Si Salah. 

Je me sens honoré d’écrire ces lignes car elles me permettent de témoigner de l’estime que j’ai pour Salah Charqui et pour son œuvre artistique. 

C’est aussi une manière de rendre un grand hommage aux créateurs où qu’ils se trouvent car sans eux, la vie n’aurait aucun goût et aucun sens. 
 

Il est difficile de conclure cet humble témoignage sans penser à tous ses artistes disparus au cours des derniers mois, et souhaitons une longue à Salah Charqui le continuateur de l’école Zniber. 

Pour bien apprécier le contenu du livre qui suit ( جل تر المعاني لصالح الشرقي), oublier cette préface ( de ce même livre ), mettez un morceau de musique de Salah et continuer votre lecture. 

Si vous n’appréciez pas cette musique, fermez le livre car il se lit avec les oreilles et non pas pas avec les yeux. Bonne écoute 
 

Préface du livre « Joul Tara Maani «, autobiographie de Salah Charqui, Imprimerie Ennajah- Casablanca, 1997. 






Vendredi 28 Janvier 2022

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