Sahara marocain : la France doit nous en dire plus


Par Aziza Benkirane



Une jolie formule, telle que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », ne saurait occulter le passé.

Aziza Benkirane
 
Le Sahara atlantique, dit occidental, est marocain, nul besoin de faire valoir la circulation de sa monnaie et de son timbre, sa cartographie sur les cartes d’identité et livrets de famille coloniaux, ou l’adhésion volontaire de sa population à la monarchie, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. 
 
Il suffit de consulter les cartes géographiques françaises de « l’Afrique Occidentale Française », pour se rendre compte de sa marocanité. Et à quel point, pendant la période coloniale, l’empire chérifien du Maroc a été balkanisé en 4 bandes où alternaient de haut en bas l'Espagne et la France, pour être dépecé pendant la période de décolonisation, au profit de l’Algérie, et le couper de ses racines sahéliennes. Ô combien le Maroc pacifiste dut renoncer à ses terres mauritaniennes, et son Sahara oriental pour privilégier la paix dans l’espoir d’une Afrique du Nord des peuples unifiée.
 
Depuis nos arrières-arrières grands-parents, tous les enfants marocains ont su que le Sahara dit occidental est marocain, eux qui ont été bercés par des contes qui faisaient état de ces terres. Comme celui de l’Oncle Tortue, rongé par la douleur, qui parcours monts et vallées, pour aller pleurer son amour perdu sur les petites pierres de Laayoune.
 
La France devra nous en dire plus, parce que pendant plus d’un demi-siècle, ses puissants médias étatiques ont relayé et amplifié les « falsifications de l’histoire » et les « distorsions du droit international » par le « régime politico-militaire algérien ». Faisant d’un conflit de voisinage et de guerre froide, une guerre de libération du « peuple sahraoui ». Pas de l’Atlantique à la mer rouge, en passant par les ¾ sud du territoire algérien actuel, où habite cette même ethnie, seulement dans le Sahara marocain, dit occidental. 
 
La France devra nous dire pourquoi elle ne reconnait pas officiellement avoir arraché des terres au Maroc pour les « offrir en cadeau » au pays voisin, quand feu Mohamed V s’opposait à ses essais nucléaires à Reggane, et que l’Algérie les acceptait de 15 ans en 15 ans. Des terres qui pourtant ne pourront pas survivre sans les eaux du pays d’origine.
 
Pire, la France devra nous expliquer ce qui se passe depuis 2012, sous prétexte de dépollution chimique, à Béni-Ounif, Hammaguir, In Ecker, … sur les trois sites dénommés B1, B2 et B3. Y continue-t-on les essais chimiques, bactériologiques, et biologiques, qui pourraient menacer la santé et la vie de toutes les populations de la région ? Avec ou sans les généraux jusque-boutistes ? Avec ou sans le contrôle de la France ? Sous le gardiennage du Polisario ?
 
La France ne peut pas avoir ignoré les vues des pouvoirs algériens sur notre Sahara, qu’elle a probablement inspirées elle-même, quand l’Algérie était française, pour amener le pays à l’atlantique, en faire un hexagone à son image, et par la même occasion, détruire la puissance passée du Maroc. 
 
Le Maroc inscrit, au lendemain de son indépendance de la France en 1955, la question du Sahara occidental, devant le Comité spécial de décolonisation de l’ONU, afin de « récupérer » ses provinces sahariennes. L’Algérie profitera plus tard de la nouvelle charte des NU – le droit de s’affranchir d’une domination étrangère – et de l’appellation « territoire non autonome » pour faire endosser au Maroc le rôle de colonisateur.
Le 15/11/1966 l'Algérie « se réjouissait » devant cette 4ème commission "de l'indépendance prochaine du Sahara dit espagnol, où vivent des populations auxquelles elle était liée par le sang, la culture et la civilisation". 
Le 16/05/67, elle déclare à l'Espagne, par l'entremise de son ambassadeur, que "si une guerre opposait le Maroc à l'Espagne à propos du Sahara occidentale, elle se rangerait du côté de l'Espagne". 
Dix ans plus tard, après la marche verte pacifique de feu Hassan II, et la marche noire brutale du bien nommé  Boukharoba, en 1976, l’Algérie crée, avec la Libye de Kadafi, le Polisario, qu'elle héberge et qu'elle arme : "des réfugiés" transformés en milices armés, dont elle refuse, jusqu'à nos jours, le recensement, pour empêcher le référendum d’autodétermination qu'elle réclame à cor et à cri. C’est le concept occidental de « l’enfer arabe ».
Anticipant les résultats de ce référendum, elle crée la République Arabe Sahraoui Démocratique, RASD, sur son propre territoire, une sorte de vitrine à la Disney World. Avec une armée, une police, des ministres, un président élu à la façon « mafia des généraux », et une population de prisonniers à ciel ouvert venus de tous les bords. Cas unique au monde dira Rima Hassan. 
Le 20/02/2002, feu le président algérien Bouteflika propose à l'ONU le partage du Sahara occidental avec l’Algérie et le Polisario, "comme solution au différent".
Le 22/03/2023, le président Tebboune prétend dans une interview télévisée, que l'Espagne de Francisco Franco avait proposé en 1964 d'offrir à l'Algérie de Chadli le Sahara occidental !

Toute la rhétorique, les propagandes algériennes attribuant au Maroc ses propres agressions, ses propres  traitrises, et son expansionnisme, cette obsession inavouée de vouloir s’accaparer d’un territoire qui ne lui a jamais appartenu, la violence de ses réactions radicales contre les pays qui reconnaissent la marocanité du Sahara dit occidental, n’auraient jamais pu perdurer sans le soutien inconditionnel de la presse étatique française, son hostilité à la monarchie, et son militantisme agressif pro-algérien. Jusqu’à omettre sur la liste des médailles africaines aux Olympiades de 2020, les 23 obtenues par le Maroc (France 24) ! 

La France devra avoir le courage de déclasser toutes ses archives, les mettre à disposition des marocains, ce ne serait que justice envers l’histoire d’un pays qui sait pardonner les erreurs du passé. Sinon on saura, que d’accord secret, en accord secret, elle pourrait avoir été l’architecte du faux problème du Sahara marocain, dit occidental.

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En réalité l’Algérie n’a pas attendu la marche verte pour créer des camps de réfugiés à Tindouf. Elle a commencé dès 1974 sa propagande sur place, demandant aux sahraouis de « fuir l’arrivée de l’armée marocaine qui allait les exterminer au napalm et au phosphore ».


Dimanche 4 Aout 2024

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