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Par Mustapha Sehimi
Une proposition d'une conférence internationale pour rechercher et créer les conditions d'un processus de règlement de la question des provinces méridionales récupérées du Royaume. Elle invite instamment à cet effet à la prise en charge de cette initiative par les Etats européens. La capitale française est proposée ; elle est considérée comme la mieux indiquée pour accueillir rendez-vous.
Impliquer 1'Europe ? A quel titre ?
Quels éléments sont avancés pour soutenir cette initiative et pousser peu ou prou à sa faisabilité. Ils sont plutôt sujets à caution, globalement irrecevables. Et implaidables. Le premier souci a trait à la nécessité des Etats européens à "s'impliquer davantage dans ce dossier pour éviter que le Maroc et l'Algérie" ne finissent par "s'affronter dans un conflit dégénérant en guerre conventionnelle".
Mais à quel titre ces mêmes pays auraient voix au chapitre ? Ont-ils la main, d'une manière ou d'une autre, pour être éventuellement entendus ? Pas le moins du monde! Depuis la Marche Verte de 1975, soit près d'un demi- siècle, quel pays d'entre eux a fait montre de quelque disposition pour tenter de faire prévaloir un climat d'apaisement ? Et si l'on retient l'épure d'un rôle de l'Union européenne en la matière, voilà qui ne pourrait que prêter à sourire.
Ce qui s'est passé au parlement européen, le 19 janvier dernier- avec le vote d'une résolution hostile au Maroc- décrédibilise et disqualifie même cette institution. Il n'y a rien à attendre de celle-ci, de notre côté en tout cas... Il lui reste, peut-être à se tourner vers la junte des généraux pour l'inviter à prendre langue avec le Maroc... Mais ce sera sans aucun doute peine perdue ; en effet, Alger n'a donné aucune suite à la "main tendue" du Souverain, initiative réitérée depuis son discours du 6 novembre 1978 de commémoration du 43ème anniversaire de La Marche Verte.
Evacuer le processus des tables rondes
Invoquer, par ailleurs, le fait que la reconnaissance de la marocanité des provinces sahariennes par le Président Trump, en décembre 2020, n'a fait que relancer "la crise régionale plus qu'elle n'a fait avancer le dossier" est une contre-vérité grossière qui ne peut tromper personne : tant s'en faut. Sur quoi se fonde donc cette assertion ? Bien au contraire, elle a fait droit à la légalité et à la légitimité de la cause nationale; elle a aussi induit une dynamique nouvelle à laquelle se sont ralliés, suivent des modalités particulières, des pays comme l'Espagne, l'Allemagne, la Hollande et d'autres pays européens, africains ou d'Amérique latine - sans parler de son prolongement avec la trentaine de pays qui ont ouvert depuis des consulats généraux à Laâyoune et à Dakhla.
La mise en cause faite de la "diplomatie du chantage" imputée à Rabat relève aussi du même registre de la désinformation et d'allégations insidieuses. De quoi parle-on au vrai ? D'une mobilisation du Maroc avec une diplomatie servie par la fermeté et la défense et illustration de principes fondamentaux éligibles à une cause "existentielle", pour reprendre l'expression de Josep Borrel, vice-président de la Commission de l'UE et Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Le "chantage" ? Il est du côté du voisin de l'est, 1'Algérie, ensablé dans une mauvaise cause. Elle menace ses voisins, abritent des éléments armés sur son territoire, s'ingère dans leurs affaires intérieures et instrumentalise les séparatismes et les extrémismes, notamment dans la région et l'espace sahélo-saharien.
Enfin, les signataires en arrivent au dessein au cœur de leur initiative: enjamber allégrement le processus négociatoire des Nations unies. Une sorte de tabula rasa le rendant pratiquement caduc. Un diagnostic formulé à la fin octobre 2021, après l'adoption de la résolution 2604 du Conseil de sécurité par le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra et repris par son porte-voix, le mouvement séparatiste.
Une volte -face qui décrédibilise la diplomatie d'Alger. C'était ce même responsable qui avait participé en mars 2019 à la deuxième table ronde, en Suisse ; la première, en décembre 2018, avait vu son prédécesseur, Abdelkader Messahel, diriger la délégation algérienne.
Ce que l'on peut relever pour finir c'est que la tribune de ce collectif ne fait aucune référence à la prétendue "RASD". Le contentieux artificiel est donc ailleurs, entre le Maroc et l’Algérie ; ce pays voisin est le problème et la solution. Le Maroc ne dit pas autre chose, depuis des décennies. Le processus de règlement est précisé et consacré continûment par le Conseil de sécurité, sur la base de la prééminence de l'Initiative marocaine présentée le 11 avril 2007.
Il a avancé à cette occasion qu'il était temps pour le "peuple sahraoui" - toutes composantes confondues, jeunes, bloggeurs, intellectuels - d'ouvrir des canaux de communication et de dialogue avec les forces vives du peuple marocain.
Et d'ajouter qu'il y a au Maroc des milieux éclairés et intellectuels attachés au principe des "droits des peuples à disposer d'eux-mêmes" ; que le consensus national dans le Royaume est présumé; et que les "sahraouis" devaient contrer le "chauvinisme marocain et ses mouches électroniques "...
Veille vigilante
Deux opérations médiatiques synchronisées donc. La composition du Collectif de 21 signataires pousse à une interrogation de principe: l'on y dénombre pas moins de sept Tunisiens, binationaux – mais de quoi se mêlent – ils alors qu’ils auraient été mieux inspirés de se préoccuper de ce qui se passe dans leur pays d’origine et du côté de leur voisin… de l’ouest - trois espagnols, trois autres français, un Italien, trois Marocains égarés dont un binational que Paris avait voulu placer à son ambassade au Maroc, voici trois ans, comme chargé des relations avec les ONG et les milieux associatifs...
La cause n'est-elle pas entendue ? "Hizb França" est de nouveau à la manœuvre. Ne sait-on pas à Paris que la triste ère d’Alhimaya (protection étrangère pour des nationaux au service des ambitions coloniales) est aussi révolue que les débuts du 20ème siècle ?
Après la résolution du 17 janvier dernier du Parlement européen puis les deux auditions de deux séparatistes (Sultana Khaia et Aminatou Haidar, respectivement les 7 et 9 février courant), la campagne et les menées médiatiques et politiques qui l'accompagnent ne vont pas cesser ; bien au contraire, elles vont se poursuivre, ici et là. Mais notre veille est vigilante. Et on les déconstruira obstinément. Sans relâche.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid