Sahara : Pourquoi Emmanuel Macron devrait franchir le pas


Les relations internationales, la diplomatie et même la géopolitique sont d’abord et avant tout affaire de personnes, de psychologie et même, souvent, d’ego et de sensibilité. Le droit international et les règles communes servent de cadre de réflexion et de limites d’actions, mais la décision demeure humaine, donc soumise aux caractères des uns et sujette aux affects des autres. L’affaire du Sahara ne déroge pas à la règle, et une décision tranchée de la France en relève, essentiellement avec le président actuel.



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Par Aziz Boucetta

Emmanuel Macron est un homme ambitieux qui, élu président à 39 ans, aspire à marquer l’histoire de son pays. Pour cela, il a choisi l’Europe et l’OTAN, dont il avait décrété la mort cérébrale pour s’atteler à lui imaginer une structure dérivée ; il a choisi aussi, sur le plan interne, la réforme des retraites et la résolution de la question algérienne, affaire éminemment franco-française.

Plus tard, avec le temps qui passe, le président a changé sur l’OTAN, s’alignant comme les autres, comme tout le monde, sur l’Oncle Sam ; il a considérablement évolué sur la question des retraites et, pour l’affaire algérienne, il n’y a pas de raison qu’un changement de cap n’intervienne aussi. Simple affaire de temps, si le bon sens est là.

Or le bon sens, dans cette question algérienne, serait son meilleur allié, s’il le voulait. Il est temps, pour Emmanuel Macron, de lire le présent, de relire l’Histoire, pour mieux apprécier l’avenir. Le passé montre que les plaies sont larges et profondes, et que pour les fermer, il faut une direction éclairée à Alger, ce qui n’est pas le cas dans le présent.

Affaiblir la junte, honnie par sa population et à l’image ternie auprès de la population française algérienne, binationale ou algérophile, serait donner un gage à l’avenir.

Comment affaiblir la « troupe » qui dirige l’Algérie ? En se rapprochant du Maroc. Comment se rapprocher du Maroc alors que la crise entre Paris et Rabat n’a jamais été aussi profonde et durable ? En franchissant le pas consistant à reconnaître la marocanité du sud saharien du royaume.

La junte algérienne réagira violemment, brutalement, spectaculairement, radicalement. Cela permettra à Emmanuel Macron d’écouter enfin les voix réunies de sa majorité et de son opposition en suspendant, voire en résiliant, le fameux accord de décembre 1968 sur la migration algérienne.

Cela créera une tout aussi violente, brutale, spectaculaire et radicale réaction de l’opinion publique algérienne, pour laquelle le visa est un projet de vie, comme le soutient l’ancien ambassadeur français en Algérie Xavier Driencourt, dont les sorties de plus en plus nombreuses ne sont certainement pas fortuites ou dues au hasard…

Par ailleurs, la classe politique française, essentiellement à droite, se prononce clairement pour la reconnaissance...de la souveraineté du Maroc sur le Sahara dit occidental. En 2027, il existe de fortes probabilités pour que la présidentielle française place une personnalité de droite, ou d’extrême-droite, à l’Elysée.

Si cela se confirme, le/la nouveau/nouvelle président(e) prendra très certainement la décision attendue par le Maroc et dictée par le bon sens.

Ce que M. Macron se refuse de faire aujourd’hui, par myopie géopolitique ou même cécité diplomatique, par fierté ou pour autre chose, son successeur le fera très certainement et le président actuel sera, une fois encore, passé à côté de l’histoire.

Sur le plan des alliances de blocs, Alger a décidé aujourd’hui plus que jamais, contrairement à tout bon sens, de se jeter dans les bras de l’Ours russe, insistant sur le besoin de « combattre l’euro et le dollar » et ouvrant le territoire algérien à l’armée russe, avec tout ce que cela signifie pour l’Europe.

Maintenant, le président Abdelmajid Tebboune est allé en Chine pour y faire, là aussi, acte d’allégeance. Qu’attend donc M. Macron pour mettre une distance avec un tel régime, d’ores et déjà entré dans une course à la présidentielle avec ses relents pestilentiels ?…

Nourrissant l’ambition d’entrer dans l’Histoire à travers le Maghreb, Emmanuel Macron a voulu gagner l’Algérie sans perdre le Maroc. Ne sachant faire ni avec l’un ni avec l’autre, il n’a pas gagné l’Algérie et il a perdu le Maroc.

Le royaume, lui, pendant ce temps, a bien négocié son virage géopolitique avec les Etats-Unis et Israël, puis avec l’Espagne, l’Allemagne et d’autres Etats européens, en plus de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, de tant d’Etats africains d’importance…

Aujourd’hui, la lutte de blocs se fait avec de nouveaux paradigmes et la recherche d’alliés dans le monde, pour les Occidentaux, les appelle à changer de positions et de vision sur le monde.

Or, le grand problème aujourd’hui pour le positionnement mondial de la France est d’avoir un président qui manque cruellement d’expérience mais qui, en échange, a un ego qui l’empêche d’écouter les conseils et de penser géostratégie.

Pour le cas du Maroc, et donc de l’Afrique, tant le royaume est influent sur son continent, la France de M. Macron devrait prendre la décision qui s’impose : renforcer le Maroc en reconnaissant son intégrité territoriale et laisser l’Algérie officielle se confronter à sa propre population. Son pouvoir de nuisance est désormais insignifiant, à tous les égards.

Emmanuel Macron saura-t-il faire la lecture de l’Histoire qu’il semble mépriser, du présent qu’il aime dominer et du futur qu’il veut tant marquer de son empreinte ? Rien n’est moins sûr mais rien n’empêche d’être optimiste. Pendant ce temps, pour la question du Sahara, le Maroc poursuit sa marche tranquille et silencieuse.

Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost 


Mardi 25 Juillet 2023

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